Une première éolienne domestique dans Bellechasse

Un agriculteur de Saint-Anselme, Denis Carrier, a vu l’un de ses projets se réaliser au cours des derniers jours: l’installation d’une éolienne domestique sur ses terres, qui produit suffisamment d’énergie pour alimenter toute la propriété.

Installée au coût légèrement inférieur à 100 000 $, l’éolienne a une capacité de production de 20 mégawatts/mois. Ce sont les vents qui détermineront le potentiel de production de l’éolienne, ce qui devrait représenter à peu près la consommation de l’ensemble de la propriété. Monsieur Carrier est le premier citoyen à s’être muni d’une installation du genre dans Bellechasse et peut-être davantage. « Je pense être le premier en Chaudière-Appalaches. Une autre le sera au cours des prochains jours à Saint-Éphrem. À ma connaissance, il n’y en a pas d’autres. »

Les travaux ont nécessité l’aménagement d’une base de béton d’environ 18 mètres de profondeur. L’éolienne est munie d’une tête rotative qui fait qu’elle s’ajuste elle-même en fonction de la direction des vents. Celle-ci a atteint 190 tours/minute le jour de son installation et généralement entre 45 et 75 tours/minutes, dépendamment de la vitesse des vents. Les démarches ont duré quelque cinq mois et demi entre la signature des contrats et la mise en fonction de l’éolienne. La compagnie a connu certains retards en raison de la grève dans le monde de la construction, le reste s’est fait assez rapidement.

Tanné de payer…

Monsieur Carrier jonglait avec cette idée depuis plusieurs années, sauf qu’elle a véritablement émergé il y a quelques mois à peine. « J’étais tanné de payer dans le vide. Hydro a déjà annoncé une hausse de ses tarifs au cours des prochains mois. En plus, j’ai toujours voulu faire des expérimentations, je suis curieux de nature, mais pas nécessairement bricoleur. Il me mijote plein de choses dans la tête, mais je ne suis pas ingénieur. Je me disais qu’il était possible de trouver une façon de produire suffisamment d’énergie pour suffire aux besoins de la ferme.

C’est lors d’une visite dans un salon agricole au cours de l’hiver que le déclic s’est produit. » Denis Carrier produit de l’électricité tout en étant toujours branché sur le réseau de la Société d’État. « Il n’y a pas d’emmagasinage d’électricité, il n’y a pas de batterie, pas d’accumulateur. Hydro-Québec, depuis environ deux ans, permet aux autoproducteurs, panneaux solaires ou éoliennes, de se brancher sur son réseau. »

La Société doit bientôt installer un panneau qui permettra la lecture de la consommation faite par le client et un autre compteur lui mesure l’électricité produite et acheminée dans le réseau. « Hydro accorde plutôt des crédits d’électricité à ceux qui consomment moins que ce qu’ils ont produit. Jamais on ne recevra de chèque », précise le producteur agricole. Est-ce que l’investissement en vaut la peine? Denis Carrier en est convaincu. « Dans mon cas, je m’attends de l’autofinancer en l’espace de 10 ans et sa durée de vie est de 25 à 30 ans. La consommation d’électricité de la ferme étant d’environ 7 000 $ par année, jumelée aux avantages fiscaux consentis par le gouvernement pour la production d’énergie verte, c’est le calcul que je fais. »

Denis Carrier se considère comme un précurseur, convaincu qu’il est avantageux pour les agriculteurs d’adopter cette idée. « D’après moi, on verra de plus en plus d’éoliennes sur les propriétés agricoles, autant que des silos à mon avis. Les fermes consomment de plus en plus d’électricité. Hydro-Québec a déjà annoncé ses couleurs sur les coûts de cette électricité, alors c’est l’avenir. »