Grogne palpable contre les compressions de Postes Canada

Trois municipalités à l’ouest de la MRC des Etchemins ont voté des résolutions en opposition à une réduction des heures d’ouverture de leurs bureaux de poste.

Les élus de Saint-Benjamin, Saint-Prosper et Sainte-Aurélie se sont prononcés unanimement sur le sujet le 7 juillet durant leurs réunions publiques respectives du conseil municipal.

À Saint-Prosper, le bureau de poste était accessible en semaine de 8h30 à 17h et le samedi de 8h30 à midi. Depuis le 18 août, ce dernier est fermé entre 11h30 et midi, cette demi-heure étant placée en fin de journée pour une offre de services jusqu’à 17h30 (18h30 le jeudi). Il n’est plus ouvert le samedi.

« On a reçu une lettre au début juillet mentionnant que Postes Canada étudiait la situation et une autre lettre deux semaines plus tard pour dire que c’était réglé. Tout a été décidé d’avance et nous n’avons jamais été consultés. On ne sait même pas sur quoi ils se basent pour prendre leurs décisions », stipule le maire Richard Couet.

Le bureau de poste de Sainte-Aurélie était ouvert du lundi au vendredi de 9h30 à 16h30. Pour ces mêmes journées, les clients doivent se présenter de 10h30 à 13h45 et de 14h30 à 17h30 depuis le 4 août. Il s’agit d’une réduction des heures avoisinant 30 %.

« Dans notre résolution, nous voulions que ça soit ouvert jusqu’à 17h30 et notre appel a été entendu par Postes Canada. Ceci permettra de mieux servir les personnes revenant de leur journée au travail. Le maintien du bureau de poste était essentiel pour nous », précise Gilles Gaudet, maire de Sainte-Aurélie.

À un cheveu de la fermeture

Du côté de Saint-Benjamin, les heures d’ouverture ont été diminuées de 45 %. Le bureau de poste était autrefois ouvert de 8h45 à 16h30 les lundis et mardis et de 8h45 à 17h30 du mercredi au vendredi. Depuis le 21 juillet, celui-ci accueille les visiteurs en semaine de 9h à 13h15, un accès de 15h à 18h étant ajouté le jeudi.

Cette municipalité de 917 habitants est d’ailleurs passée tout près de perdre entièrement son bureau. La dame qui s’en occupait accueillait les clients dans sa maison, mais elle a pris sa retraite en juin. Saint-Benjamin a dépensé plus de 10 000 $ afin de déménager les installations postières dans ses bureaux municipaux déjà exigus.

« S’il y avait eu une fermeture, les résidents auraient dû passer par Notre-Dame-des-Pins. On s’est reviré de bord en seulement une semaine. En plus, il faudra dépenser pour installer des caméras où sont les cases postales, car on ne pourra pas toujours laisser la porte barrée après la fermeture des bureaux municipaux », explique la mairesse Martine Boulet.

Une façon de retrouver la rentabilité

Porte-parole de Postes Canada, Anick Losier ne cache pas que la réduction des heures d’ouverture des bureaux de poste est reliée partiellement à la réorganisation de la société. Postes Canada fait les manchettes depuis plusieurs mois dans les médias par rapport à ses difficultés financières.

Divers éléments furent mis en place afin que le regroupement opéré comme une société indépendante retrouve le chemin de la rentabilité. On compte parmi ceux-ci une augmentation du prix des timbres et l’élimination graduelle de la livraison du courrier à domicile.

« Les temps ont changé et le trafic du courrier n’est plus le même. Par contre, réduire les heures des bureaux n’était pas inclus comme tel dans notre plan d’action présenté en décembre 2013. Nous faisions déjà des analyses régulières en regardant entre autres le nombre de transactions et de clients pour chaque bureau », précise Mme Losier.

En faisant ces comparatifs, Postes Canada ajuste ainsi ses heures d’ouverture selon le « trafic » du courrier dans chaque municipalité. « Si les heures sont réduites, c’est justement pour que les municipalités ne perdent pas leur bureau de poste. Nous devons quand même trouver des façons de demeurer financièrement autonome », ajoute Anick Losier.

Député de Beauce, Maxime Bernier avait été informé récemment des inquiétudes des municipalités de Saint-Benjamin et Sainte-Aurélie. Les élus de Beauceville ont aussi exprimé leurs craintes sur la réduction des heures d’ouverture.

« Postes Canada se doit de rejoindre les municipalités concernées. Les personnes les mieux placées pour connaître les heures d’ouverture nécessaires, ce sont les élus municipaux. Dans le cas de Saint-Benjamin, je suis intervenu auprès de la société et il y a eu des contre-propositions. Je souhaite que Postes Canada fasse la même chose avec Beauceville », de dire M. Bernier.

Texte de Frédéric Desjardins, Éclaireur-Progrès