Les fermes laitières en voie de disparition

AGRICULTURE. Au Québec, c’est dans la MRC de Bellechasse que l’on dénombre le plus de fermes laitières avec 273 entreprises en 2015. On en comptait toutefois 479 en 1996.

Depuis 20 ans, la tendance à la baisse est soutenue. Le Québec a perdu 5 094 fermes laitières, soit plus de la moitié de son industrie. En 1996, on retrouvait 10 945 producteurs laitiers. Une hécatombe qui ne semble pas près de s’arrêter, alors que plus de 200 producteurs ont cessé leurs activités l’an dernier.

Les pourcentages de décroissance sont élevés partout, même dans les MRC où la baisse est moindre. À titre d’exemple, la MRC de Coaticook est au 1er rang avec tout de même une baisse de 31,25 %. La MRC des Appalaches vient au 5e rang avec une chute de 37,36 % de son effectif et la Nouvelle-Beauce au 8e rang avec 39,26 %.

La région de Lévis est celle où la chute est la plus importante puisque deux fermes sur trois ont disparu au cours des 20 dernières années (66,67 %). La MRC des Etchemins se situe au troisième rang avec une baisse de 62,07 % derrière les Îles-de-la-Madeleine et la Haute-Gaspésie à 65 %.

En 2015, on ne recense plus que 5 851 producteurs laitiers au Québec. La bonne nouvelle, c’est que la production de lait continue de croître malgré tout. Le porte-parole des Producteurs de lait du Québec, François Dumontier, refuse de s’alarmer. «C’est une tendance mondiale que l’on observe aussi aux États-Unis et en France. Les gens adoptent un mode de vie urbain et le métier de producteur agricole est un métier difficile», observe-t-il.

Malgré la perte de nombreuses fermes, les autres producteurs récupèrent les quotas de production et la croissance se poursuit. On est toutefois encore bien loin du modèle des mégafermes américaines. «Nos fermes moyennes ont environ 60 vaches, on est loin des 1 000 têtes aux États-Unis», fait remarquer M. Dumontier. À son avis, l’industrie laitière du Québec n’est pas menacée, pour l’instant, puisque malgré les ententes internationales, le système de gestion de l’offre est maintenu.

Insécurité et manque de relève

Sur le terrain, c’est l’insécurité et le manque de relève qui a raison de trop nombreux agriculteurs affirme le président de l’UPA Chaudière-Appalaches Nord Paul Doyon. «Toutes les ententes internationales qui visent la gestion de l’offre, ça crée de l’insécurité et ça pousse des producteurs à vendre leur ferme. Quand un producteur veut prendre sa retraite et qu’il n’a pas de relève, ce sont les autres producteurs qui rachètent son quota», note M. Doyon.

Encanteur pour l’entreprise Sélect Gène, Éric Therrien confirme qu’une certaine panique a frappé le milieu au cours de la dernière année en raison des négociations du Partenariat transpacifique. «Il y a eu une certaine panique qui a fait que 2015 a été une grosse année. 2016 sera plus tranquille selon ce que l’on peut percevoir. Une fois l’entente signée, on a senti tout cela se dissiper».

Le prix des quotas exigé pour acquérir une ferme laitière ne serait pas un facteur selon lui. «L’ampleur de la tâche est un frein beaucoup plus que les quotas car ceux-ci assure un certain prix pour la production. Une relève est toujours familiale de toute façon la majorité du temps».

François Dumontier rappelle tout de même que le secteur laitier est celui qui compte le plus de relève parmi les métiers agricoles.

Les MRC ayant perdu le plus de fermes laitières depuis 1996

Bellechasse -206

Arthabaska -197

Nicolet-Yamaska -173

Drummond -161

Lotbinière -160

Maskinongé -146

Portneuf -145

Nouvelle-Beauce -128

Les moins pires MRC… (Taux de décroissance %)

Coaticook -31,25%

Abitibi, Vallée-de-l’Or, Jamésie, Kativik -33,33%

Kamouraska -33,67%

Les Sources -35,24%

Les Appalaches -37,36%

Deux-Montagnes, Pays-d’en-Haut, Laurentides -37,78%

L’Érable -38,55%

Nouvelle-Beauce -39,26%

Les pires MRC… (Taux de décroissance %)

Lévis -66,67%

Îles-de-la-Madeleine, Haute-Gaspésie, Bonaventure -65,00%

Les Etchemins -62,07% (Avec la collaboration d’Ugo Giguère)