Les maires de Bellechasse exigent l’intervention de Denis Lebel et Stephen Harper

BELLECHASSE. Jugeant que le député-ministre Steven Blaney ne semble pas avoir le leadership nécessaire pour mener à bien le dossier de la desserte en gaz naturel, les maires de la MRC de Bellechasse réclament une rencontre avec son collègue-ministre Denis Lebel, responsable de Développement économique Canada pour les régions du Québec et lieutenant politique de Stephen Harper au Québec.

Une résolution en ce sens a été votée à l’unanimité mercredi dernier et sera acheminée directement au bureau du premier ministre du Canada. C’est à la suite de la rencontre convoquée mardi dernier par M. Blaney avec des maires et intervenants de la région que le conseil a décidé d’agir en ce sens, rencontre qualifiée de décevante par les élus qui y prenaient part.

Quelques élus ont pris la parole lors de la période d’échanges sur le sujet. Parmi ceux-là, le maire de Saint-Anselme Michel Bonneau s’est dit énormément déçu à la fois de la rencontre et du ton employé par M. Blaney. «J’ai été très étonné de son attitude personnelle lorsqu’il nous a menacés de ne plus s’occuper du dossier, à la suite d’une possible directive de ses supérieurs, si nous poursuivions les échanges avec les médias. Très étonné, surtout qu’il venait de passer trois jours à Paris pour défendre la liberté d’expression. Si «Je suis Charlie» l’inspire, peut-être devrait-il aussi dire «Je suis Bellechassois»», a-t-il estimé.

Le maire de Saint-Lazare, Martin J. Côté, a dit éprouver un peu les mêmes sentiments surtout lorsque le fractionnement du projet a été évoqué. «C’est unanime que la desserte doive se rendre à Saint-Damien. Ce n’est pas à lui de nous dire que ce n’est pas possible. Ensuite, lorsqu’il nous dit qu’il n’y a pas de programme pour ça, eh bien qu’il prenne l’argent dans le même poste budgétaire que celui qui servira à peinturer le Pont de Québec. Est-ce que l’argent qui devait servir pour le gaz naturel chez nous servira à possiblement peinturer le pont?», s’est-il questionné.

Pour M. Côté, il ne fait aucun doute que le gouvernement fédéral est bien au fait du dossier. Il dit d’ailleurs en avoir reçu l’assurance du premier ministre lui-même. «Lors de la dernière St-Jean Baptiste, j’ai eu le privilège de le rencontrer et M. Harper m’a clairement dit qu’il croyait au projet du gaz naturel dans son ensemble. La preuve, c’est que son ministre des Ressources naturelles était là. Les gens de Gaz Métro ont pris leur congé du 23 et du 24 juin pour venir à Saint-Lazare afin de participer aux échanges sur le sujet. M. Blaney est peut-être surpris de nos commentaires à ce sujet, mais personnellement je pars toujours de cette rencontre-là. Le premier ministre m’a dit qu’il croyait en notre projet», poursuit le maire de Saint-Lazare.

De son côté, la mairesse de Sainte-Claire, Denise Dulac, s’est dite étonnée que la coalition se fasse dire que son dossier n’était pas structuré. «Tous les documents exigés ont été déposés et rédigés de manière conforme. On apprend maintenant qu’il attend un geste du gouvernement du Québec avant d’agir. Tout le monde est surpris. Ce ne sont pas les milieux qui réclament le gaz, c’est un enjeu régional et on dirait que M. Blaney n’a pas saisi ça.»

Pas que Bellechasse

Les autres élus ont convenu de l’importance régionale du dossier et d’acheminer des résolutions directement au bureau du premier ministre Stephen Harper.

Daniel Pouliot de Saint-Philémon a tenu à souligner l’importance d’une desserte jusqu’à Saint-Damien. «Des résidents de Saint-Philémon, des autres municipalités de Bellechasse et même de la MRC de Montmagny travaillent dans des entreprises de Bellechasse alors c’est important que le gaz se rende à Saint-Damien. C’est primordial.»

Son collègue de Saint-Nazaire, Claude Lachance a pour sa part bonifié son raisonnement. «L’un des consensus qui existent actuellement est que le gaz est important pour l’ensemble de la région. Ça dépasse même les frontières de Bellechasse, entre autres pour les résidents des Etchemins et d’ailleurs qui gagnent leur vie dans Bellechasse.»

Gilles Nadeau de Saint-Gervais et Benoit Tanguay de Saint-Vallier ont par la suite suggéré que chacune des municipalités adopte une résolution localement réclamant que le dossier progresse et se matérialise en soulignant l’importance régionale du dossier, puis de les acheminer directement au bureau du premier ministre Stephen Harper.

Dominique Vien insiste sur l’atteinte de l’objectif

La députée de Bellechasse, Dominique Vien, a de nouveau souhaité calmer le jeu et évité de blâmer l’un ou l’autre des intervenants dans le dossier. «La première chose qui importe, c’est l’objectif. Le gaz naturel dans Bellechasse, c’est la priorité des priorités. Il est trop tôt pour parler d’un tracé X. On doit d’abord voir la capacité de chacun avant de déterminer quoi que ce soit», selon elle.

Sur la rencontre tenue récemment, Mme Vien estime que ces discussions sont nécessaires pour faire le point. «Les discussions que l’on a doivent nous aider à avoir une lecture plus contemporaine du dossier. M. Blaney a émis un certain nombre de réflexions et de recommandations. L’importance du dossier doit nous guider, et non le ton ou le tracé.»

Lors de sa récente campagne électorale, Dominique Vien avait fait une priorité du dossier d’une desserte en gaz naturel. «C’était bien avant la naissance de la coalition. Je me suis engagé à amener le gaz naturel dans Bellechasse, mais sans destination préalable. L’important doit rester d’amener le gaz d’abord.»

Une rencontre doit avoir lieu en février sur le sujet. Mme Vien espère réunir des industriels de la région et le ministre responsable du développement économique, Jacques Daoust. «Le dossier va très bien chez nous, on a l’adhésion de tout le monde», ajoute Mme Vien en terminant.