Samuel victorieux grâce à son orgueil

SAINT-MALACHIE. Samuel a de quoi être fier. Après avoir expérimenté diverses formes de drogues et composé avec plusieurs problématiques en découlant au cours des dernières années, il a réussi à s’en sortir grâce à son orgueil et au soutien de son entourage, dont celui du centre Portage.

Aujourd’hui âgé de 18 ans, Samuel est le plus jeune d’une famille de cinq, incluant les parents, où les symptômes d’hyperactivité sont omniprésents. Plus précisément, il souffre d’un problème de déficit de l’attention avec hyperactivité, jumelé avec de l’anxiété. Ce mélange fait en sorte qu’il est davantage sujet à développer des dépendances telles que la toxicomanie.

Natif de Sacré-Cœur-de-Marie dans la région de Thetford Mines et maintenant résident de Saint-Joseph, Samuel raconte son histoire sans aucune retenue et prend soin de bien détailler ses explications, ce qui l’a d’ailleurs rendu populaire auprès des jeunes qui suivaient une thérapie au même moment que lui au centre de Portage à Saint-Malachie.

«J’avais des prédispositions qui n’étaient pas bonnes. J’ai toujours été un premier de classe au primaire et dominant dans la plupart des sports que je pratiquais à cet âge. De l’énergie, j’en avais à revendre», raconte Samuel dont la consommation a débuté lentement.

Descente aux enfers

Le jeune homme ajoute que l’approbation de certaines personnes de son entourage a vraisemblablement été l’élément déclencheur de ses problèmes. «Je me souviens d’un week-end où mes amis étaient chez moi, dans le spa, et on avait consommé. Mon père s’en est aperçu et m’a dit qu’il préférait qu’on fume à la maison plutôt qu’ailleurs. J’ai pris ça comme une approbation et non une mise en garde. J’avais 11 ans, donc pas le jugement d’un adulte.»

Ses problèmes n’ont cessé de grandir à partir de ce moment-là. «Déjà au quart de l’année scolaire, ça ne marchait plus mon affaire. J’ai commencé à rater des cours et des examens. J’en suis venu à consommer tous les jours», se souvient Samuel pour qui mentir était devenu une routine qui l’aidait à se soustraire aux problèmes.

Les besoins d’argent, de plus en plus fréquents, l’ont aussi amené vers la production. «J’ai commencé à produire de la résine de cannabis. Pour payer, ça payait, sauf qu’au bout de quelques semaines, j’ai développé une dépendance au solvant que j’utilisais pour ma production.» Une personne proche ayant subi une opération lui a un jour permis de se procurer des médicaments. Une autre dépendance qu’il allait développer. «Quand tu te rends compte que le pot est vide, les crampes commencent, les sueurs froides et les spasmes t’empêchent de dormir. C’est physiquement très exigeant», témoigne Samuel.

L’épisode Portage

La situation ne devait pas demeurer ainsi pour Samuel qui a finalement vu sa mère prendre les choses en main. «J’étais dans mon camp en train de consommer quand ma mère est venue me dire que des gens m’attendaient en bas. Deux gars assez costauds étaient là et m’ont demandé de les suivre. Ils ont dû utiliser la force pour que je les suive. Ils souhaitaient m’emmener vers le centre jeunesse ou encore en pédopsychiatrie à l’Hôtel-Dieu de Lévis. C’est finalement là que je me suis rendu.»

Après un mois et demi au centre jeunesse, il a fait une demande pour entrer chez Portage à Saint-Malachie. «Quand je suis venu visiter, ça avait l’air d’un paradis, se rappelle-t-il. Je me disais que je serais très bien ici, que je pourrais faire un peu ce que je veux en attendant de sortir et de retourner faire mes choses comme avant.»

La candidature de Samuel fut finalement acceptée au centre Portage, ce qui aura probablement sauvé la vie du principal intéressé.«La première journée que je suis entré ici, je ne souhaitais que de faire le programme au plus vite pour reprendre ma vie d’avant, mais ce fut le contraire. Ma thérapie a finalement duré quatre mois et s’est terminée le 7 juin dernier.»

Directeur de l’établissement, Serge Comeau est aussi d’avis que Samuel a fait preuve de courage lorsqu’il a entamé le programme. «Son orgueil lui a sauvé la vie, mais a aussi failli causer sa perte. Les jeunes réalisent finalement qu’ils ne sont plus en contrôle de leur consommation, car c’est la consommation qui a pris le contrôle de leur vie. C’est ce qui est arrivé à Samuel», estime M. Comeau qui ajoute que chaque cas est à la fois différent, mais typique d’un parcours de consommation.

L’estime, la confiance et les gains sont les principaux outils qui permettront aux jeunes d’obtenir des résultats positifs selon lui. «Nos jeunes arrivent ici fragiles sur le plan de la santé physique et mentale. Durant les trois premières semaines, on axe beaucoup nos interventions sur une reprise de la santé. Sommeil, alimentation, bilan médical et autres en font partie. Dès qu’une progression s’installe, les jeunes le remarquent.»

Transformé à jamais

Pour Samuel, revenir chez Portage quelques semaines après sa thérapie lui donne un sentiment de fierté. «Venir ici avec ma voiture et non les transporteurs du centre jeunesse, je me sens fier. C’est ma voiture, j’ai réussi. Tu as le goût de redonner aux autres, car j’ai reçu énormément ici. Ça m’a sauvé la vie. Je sais que la vie est fragile et que tu te dois de la vivre à 100 %. Je n’y serais jamais arrivé sans le monde ici.»

Aujourd’hui, Samuel pratique les arts martiaux mixtes à Saint-Georges, travaille dans une quincaillerie tout en suivant une formation en charpenterie-menuiserie. «Je m’entraine tous les jours. Je veux devenir entrepreneur général. Je vais dans le Grand Nord bientôt avec mon frère pour y travailler», conclut-il tout en sachant qu’il aura à combattre ses tentations pour le reste de ses jours. «Je suis encore un toxicomane et j’en serai un pour la vie. Ici, on ne nous guérit pas, on nous transforme!»