Les Labrie voient enfin la lumière au bout du tunnel

SAINT-DAMIEN – Arrêtés, jetés en prison et accusés injustement de voies de fait ainsi que d’assaut contre un policier américain, les membres de la famille Labrie de Saint-Damien se souviendront longtemps du 31 juillet 2012 et des journées qui ont suivi.

Alors qu’ils terminaient un séjour de 12 jours au terrain de camping Ocean Lake de Myrtle Beach, en Caroline du Sud, cinq des sept membres de la famille étaient arrêtées par une quinzaine de policiers de l’endroit. Ceux-ci ont par la suite été accusés de voies de fait et assaut contre un policier, ainsi que d’attroupement illégal. Bastien Labrie a également été accusé d’assaut aggravé et d’avoir résisté à son arrestation.

Un an et demi plus tard, les Labrie sont toujours aux prises avec la justice américaine, une saga judiciaire dans laquelle ils ont englouti plus de 70 000 $ jusqu’ici. Les derniers développements laissent toutefois présager une fin heureuse pour la famille.

Retour sur les événements

Le cauchemar de la famille Labrie a débuté peu avant minuit le 31 juillet 2012, au moment du couvre-feu. Un gardien de sécurité du camping aurait demandé à Bastien Labrie de fermer la radio. Son fils Jean-Martin, qui est venu expliquer au « policier-surveillant » que son père ne parlait pas anglais, a été rapidement plaqué au sol par celui-ci qui l’aurait ensuite rué de coups.Un policier à la retraite, qui se trouvait sur le camping, est venu calmer ce dernier qui, aux dires de M. Labrie, « avait pété un plomb et était le seul à agir ainsi. »

« On sentait parfois que nous n’étions pas toujours les bienvenus, mais rien ne laissait présager une telle intervention contre nous », poursuit Bastien Labrie qui parle, à mots à peine couverts, de complot contre sa famille.

« Un des membres de la sécurité s’était lié d’amitié avec nos jeunes et venait souvent les voir après sa soirée de travail. Cherchaient-ils quelque chose, je ne sais pas, mais il est certain qu’ils avaient préparé leur coup. On ne déplace pas 15 policiers d’un coup pour une radio supposément un peu forte ! », indique-t-il.

L’intervention n’aura duré que cinq minutes. Les Québécois se sont retrouvés en cellule, sans vraiment connaître la raison de l’arrestation, au départ. Les accusations ne sont tombées que 18 heures plus tard. Leur libération a nécessité une caution de 35?000 $.

Line Giroux a pu sortir rapidement de prison, un voisin de terrain venant assumer les 5 250 $ requis pour sa remise en liberté. Dans les heures qui ont suivi, cette dernière a pu faire libérer Jean-Martin, le seul qui s’exprimait bien en anglais.

Les trois autres accusés, soit Bastien, son fils Frédéric et un ami, ont dû passer cinq jours derrière les barreaux en raison de l’intervention de l’immigration américaine qui pensait qu’ils étaient entrés illégalement au pays. C’est l’avocat engagé par la famille qui a permis leur libération.

Saga judiciaire

Ceux-ci sont revenus au pays tout de suite après et ont maintenu un contact régulier avec l’avocat qui les informait de l’avancement du dossier qui s’est étiré jusqu’à sa comparution le 7 avril dernier. Passible d’une amende de 10 000 $ et de 90 jours au départ, il a vu la peine potentielle fondre à 3 000 $ et 3 ans de probation avant qu’on ne lui propose qu’une légère amende et 3 ans de probation, avant le début officiel du procès.

« Je n’avais rien à me reprocher et je pense qu’au fond, ils le savaient eux aussi. On a dit à notre avocat qu’il n’était pas question de plaider coupable à quoi que ce soit. Les autorités locales ont mis beaucoup de pression sur lui, car elles ne voulaient pas que je vienne, j’en suis persuadé. J’ai décidé que j’irais là-bas pour défendre mon honneur et mon intégrité et c’est ce que j’ai fait », précise l’homme d’affaires qui ajoute que leur avocat a même réussi à faire avouer au policier que personne de la famille n’avait touché qui que ce soit.

« Plusieurs de leurs témoins se sont parjurés et par magie, la vidéo qui avait filmé toute la scène avait disparu », mentionne Line Giroux qui ajoute que la couronne avait appelé, le 1er jour du procès, pas moins de 125 candidats pour former un jury de 12 personnes.

Après la première journée, l’interprète accréditée nommée par la cour serait tombée malade. Celle-ci fut remplacée par un nouvel interprète qui n’était disponible que le jeudi 10 avril. Les travaux ont repris à ce moment et vers 23 h 45, les jurés ont annoncé qu’ils ne pouvaient s’entendre sur un verdict.

Line et Bastien sont revenus au Québec dès le lendemain et espèrent maintenant que toutes les charges retenues contre eux seront abandonnées.

Poursuite en préparation

S’ils s’attendent à un abandon rapide des poursuites contre eux, leurs enfants et leur ami, Line Giroux et Bastien Labrie précisent que la justice américaine n’en a pas fini avec eux, car ils envisagent de poursuivre au civil le policier fautif, le terrain de camping et les autorités du comté de Horray. Les démarches en ce sens sont déjà en cour.

« On n’a que jusqu’au 31 juillet prochain pour lancer cette poursuite et on ne lâchera pas le morceau. Ça va prendre le temps qu’il faudra, mais on va obtenir réparation c’est certain. Ils vont nous trouver tenaces », précise Bastien Labrie. Ce dernier ajoute que cette histoire a même eu des répercussions négatives sur leur entreprise, Plastiques JMF.

« On a des projets d’achat d’équipements, entre autres, mais on nous a refusé des prêts à cause de cela », signale Line Giroux.