Décès de Jean Garon

POLITIQUE. L’ex-député de Lévis et ministre du Parti Québécois, Jean Garon, est décédé mardi soir dernier des suites du diabète. Il avait 76 ans.

Né le 6 mai 1938 à Saint-Michel, Jean Garon a été député de la circonscription de Lévis à l’Assemblée nationale de 1976 à 1998. Il a été ministre de l’Agriculture de 1976 à 1985 et ministre de l’Éducation de 1994 à 1996. Il a aussi été maire de Lévis de 1998 à 2005, ayant été défait par Danielle Roy-Marinelli par la suite. Après la démission de René Lévesque en 1985, il est candidat pour lui succéder lors de l’élection à direction du Parti québécois, mais termine troisième derrière le vainqueur Pierre-Marc Johnson et Pauline Marois.

Lors de son passage au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Jean Garon avait fait une priorité de la protection du domaine agricole qui subissait une forte pression en raison de l’urbanisation de certains territoires. La Loi sur la protection des terres agricoles, adoptée en novembre 1978, encadrait pour la première fois l’utilisation des terres en régissant leur utilisation à des fins autres que l’agriculture. Il a publié son autobiographie intitulée « Pour tout vous dire » l’an dernier.

Souverainiste et travailleur acharné

Ancien collègue du défunt à l’Assemblée nationale et ex-député de Bellechasse, Claude Lachance trouve ironique qu’un indépendantiste aussi convaincu que l’ex-ministre soit décédé le jour de la Fête du Canada et se souvient du côté populiste et travailleur acharné de Jean Garon. « René Lévesque aimait beaucoup son côté populiste. Il savait rejoindre certaines classes de la population lorsqu’il prononçait des discours ou tentait de passer des messages. Il a été le ministre de l’agriculture le plus influent des 50 dernières années. »

Les choses n’ont pas toujours été au beau fixe entre les deux hommes. Claude Lachance se souvient entre autres d’un épisode où il avait questionné le jugement de l’ex-ministre. « On souhaitait implanter à Saint-Raphaël une option professionnelle en machinerie agricole. Le projet avait même été accepté par le gouvernement libéral précédent. Monsieur Garon avait refusé le projet jugeant l’achat du terrain trop cher ce qui n’était vraiment pas le cas. Je l’avais alors traité de menteur en pleine chambre ce qui avait fait la manchette. »

Ex-ministre sous Lucien Bouchard, Linda Goupil avait succédé à Jean Garon en 1998 comme député du Parti Québécois dans Lévis. « Quand j’ai pris ma décision, je suis allée le voir. Il m’avait alors dit que ce serait sûrement une bonne idée puisque j’étais une avocate de 37 ans née dans Bellechasse et qu’il avait fait son entrée en politique alors qu’il était avocat, âgé de 37 ans et né dans Bellechasse également. » Mme Goupil a, elle aussi, tenu à souligner le côté populiste de l’homme politique. « C’était tout un personnage. Le peuple se reconnaissait en lui puisqu’il était franc et direct. Il défendait le bien commun. »

Elle remarque également le côté visionnaire de celui qu’elle a côtoyé lorsqu’il était maire de Lévis. « Il avait du flair pour certains aspects de l’avenir de la société. Il fut le premier à parler d’un tunnel entre Lévis et Québec et un des premiers à mousser les fusions municipales. » Claude Lachance et Linda Goupil ont tenu à offrir leurs sympathies à la famille de M. Garon.