Un périple qui a changé leur vie

SAINT-MAGLOIRE. Un mille à pied, ça use les souliers comme le disait la chanson bien connue. Imaginez 1 500 km en canot !

Partis du barrage Manic 1 de Baie-Comeau le 7 juin, Yvon Lapointe et Laurent Lemieux de Saint-Magloire ont joint Kuujjuaq, dans la baie d’Ungava, le 18 août au terme d’un périple de 73 jours et de 1 500 km. « Il y a bien des gens qui pensaient qu’on ne se rendrait pas au bout, qu’on abandonnerait avant la fin, mais nous avons réussi et nous en sommes bien fiers. On a eu un bon voyage, un peu de retard sur l’itinéraire, mais aucune blessure et très peu d’incidents en canot », affirme M. Lapointe en entrevue.

Les deux aventuriers soulignent que ce voyage leur a réservé bien des surprises et les a obligés à puiser au fond de leurs ressources, surtout dans la première partie. « On avait prévu un certain nombre de portages, mais il y en a eu beaucoup plus que nous le pensions. Certains étaient beaucoup plus longs que prévu », précise Laurent Lemieux.

Après avoir franchi la rivière Manicouagan à contre-courant, ils se sont frottés à la rivière Racine de bouleau qui débouchait sur la Caniapiscau. Celle-ci ne fut pas de tout repos avec ses rapides, ses chutes et ses canyons en grande quantité. En tout, les deux Etcheminois disent avoir fait l’équivalent de 65 km à la marche.

S’ils ont été quelque peu retardés sur les deux premiers cours d’eau, les canotiers ont repris une bonne partie de ce retard sur la Caniapiscau, n’ayant eu que deux portages à faire sur cette dernière section. Certaines journées, ils pouvaient franchir de 40 à 50 km à la rame, tout en se laissant porter par le courant.

Que de bons souvenirs

Le retour à une vie plus normale se fait peu à peu. Après avoir été 73 jours presque seuls en nature, ils ont dormi un soir à Kuujjuaq avant de prendre l’avion jusqu’à Montréal. « On a frappé un vrai mur en arrivant à l’aéroport de Dorval avec tout ce monde et toute la circulation automobile », souligne Yvon Lapointe, qui se dit heureux d’avoir vécu ce « trip de jeunesse » qu’il caressait depuis l’âge de 20 ans.

« Je voulais partir à l’aventure et vivre au jour le jour, loin de la routine comme le faisaient les coureurs des bois. J’avais vraiment envie de décrocher assez longtemps du système pour m’apercevoir qu’on n’était plus dedans! »

Laurent Lemieux ajoute qu’il serait resté deux à trois semaines de plus à Kuujjuaq, afin de profiter du calme qu’il dit avoir trouvé dans cette région du Québec. « Ce voyage m’a permis de découvrir pourquoi le Nord m’attirait autant. J’ai l’intention d’aller y vivre le plus rapidement possible. Je veux me consacrer à vivre le Nord et participer à sa protection », affirme celui qui a amorcera sous peu l’écriture d’un livre racontant leur périple.

Un montage complet de textes et photos sera bientôt disponible sur leur site Internet au www.expeditiondunord.com.

Du poisson trois fois par jour!

En raison des nombreux portages et d’autres difficultés, les deux aventuriers ont manqué de nourriture avant la fin de la première moitié de leur périple. « Ce fut peut-être l’aspect le plus difficile du voyage. Pendant un certain temps, nous étions contraints à manger du poisson trois fois par jour. Nous avions prévu un ravitaillement vers le 35e jour, mais si c’était à refaire, on organiserait des ravitaillements au tiers et aux deux tiers du parcours », signale Yvon Lapointe.

Truite mouchetée et grise, brochet, ouananiche et corégone faisaient partie du régime de MM. Lapointe et Lemieux qui, au terme de ces 73 jours, ont perdu 22 et 15 livres respectivement.