Des hauts et des bas pour Chaudière-Appalaches

CHAUDIÈRE-APPALACHES. Suivant l’exemple des régions ressources qui dominent le classement au chapitre de la croissance de la productivité du travail, de 2002 à 2012, Chaudière-Appalaches fait bonne figure. Avec une augmentation de 11 %, elle récolte la 7e position parmi les 17 régions administratives au Québec, révèlent les données obtenues par TC Media.

Selon l’enquête intitulée "Croissance de la productivité au Québec – Une perspective régionale", réalisée par le Centre de productivité et prospérité (CPP) des HEC Montréal, la productivité de Chaudière-Appalaches atteignait 42,25 $ par heure travaillée en 2012, comparativement à 38,04 $ en 2002. Cette croissance est au-delà de celle enregistrée pour l’ensemble du Québec, évaluée en moyenne à 8 %.

Cependant, le taux de productivité total observé en 2012 est le cinquième plus faible du Québec. Un constat surprenant pour une région réputée pour sa vitalité entrepreneuriale.

« Entrepreneurship et productivité ne sont pas toujours synonymes. L’entrepreneurship a cette force de faire des “start-ups”. Il a des capacités de valorisation et d’incubation qui sont merveilleuses, mais ça ne veut pas dire que ce sont des industries matures qui vont atteindre des efficacités de productivité », explique Michael Kamel, directeur principal, volet stratégie d’affaires chez PwC.

Son collègue associé et leader du secteur minier, Nochane Rousseau, relève que la force du dollar canadien par rapport au dollar américain a donné la vie dure aux entreprises manufacturières. « Plusieurs entreprises ont diminué leur exportation durant cette période parce que les coûts étaient trop élevés. Cela peut avoir un impact sur des régions comme la Beauce, qui compte plusieurs entreprises manufacturières qui exportaient aux États-Unis », évalue-t-il.

Chaudière-Appalaches représentait, en 2010, 6,6 % du secteur de fabrication au Québec. La région se retrouvait en troisième position, après Montréal et la Montérégie. Or, son PIB a chuté de 1 million $ depuis le sommet d’avant la crise économique, en 2007, pour totaliser quelque 2, 9 millions $ trois années plus tard. « On a vu plusieurs compagnies exportatrices qui ont perdu du marché dans cette période », indique M. Kamel.

Des solutions propres à chaque région

La nature du tissu industriel de chaque région influence les performances en matière de productivité. « C’est évident », lance le directeur du CPP, Robert Gagné. De 2002 à 2012, le poids de la Chaudière-Appalaches au sein du PIB du Québec est demeuré stable, passant de 4,4 % à 4,3 %. Quant à la proportion des heures travaillées, elle représentait 5 % en 2002 et 4,8 % en 2012.

Si le CPP tenait à étudier la productivité québécoise dans une perspective régionale, c’est qu’il est convaincu d’une chose, « soutenir une industrie à Montréal et en région, ce n’est pas la même chose. Ça prendrait des programmes plus adaptés à la réalité des régions du Québec. Il faut miser sur des secteurs porteurs et laisser tomber le soutien public pour les autres. Présentement, on aide tout le monde avec des programmes généraux. C’est coûteux et on a peu d’impact », croit M. Gagné.

Certes, les investissements en machinerie et en équipement, la modernisation des méthodes de travail et la formation du personnel davantage qualifié font toujours partie des formules gagnantes. « Je suis contente qu’on ait enfin une perspective régionale parce que ça interpelle tout le monde. Pour nous, le nerf principal de cette guerre, c’est la hausse de la productivité au Québec surtout à un moment où on a une croissance démographique en déclin », conclut Françoise Bertrand, présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec.