La FQM pointée du doigt dans Bellechasse

POLITIQUE. Des maires de la MRC de Bellechasse ont critiqué la façon de faire de leur fédération dans sa gestion des dossiers politiques des dernières semaines. Le nouveau pacte fiscal avec le gouvernement du Québec et la sortie du rapport Robillard sur la révision des programmes ont été cautionnés par la Fédération québécoise des municipalités (FQM) déplorent quelques élus.

Rappelons que le gouvernement du Québec a procédé à une coupe de quelque 300 M$ du budget des municipalités pour 2015 et les travaux du comité sur la révision des programmes ont ciblé 2,2 milliards $ d’économies potentielles pour le gouvernement, dont plus de la moitié, soit 1,3 milliard $, viendrait d’une autre coupure sur les transferts aux municipalités.

Les élus concernés ont profité de la dernière séance publique pour faire valoir leur point de vue au sujet de ses coupes drastiques. Pour le maire de Saint-Lazare, Martin J. Côté, la FQM a raté une occasion de jouer son rôle. «J’aurais aimé voir notre fédération nous défendre un peu mieux. Dans ce dossier-là, elle ne le fait pas. Le gouvernement a le beau jeu puisque les maires des grandes villes ne disent rien», déplore-t-il.

L’ex-député de Bellechasse et maire de Saint-Nazaire, Claude Lachance, abonde un peu dans le même sens. «Il ne faut peut-être pas partir en guerre contre le gouvernement, car il semble vouloir faire des choses qui ne se sont pas faites dans le passé. Il ne faut toutefois pas être masochiste non plus et participer à une opération avec laquelle on est en désaccord. Lors de la sortie du rapport Robillard, sur la révision des programmes, j’aurais aimé que notre président s’affiche en désaccord avec les choses qui ne tiennent pas la route et je ne l’ai pas vu.»

La FQM : un club social

Le maire de Saint-Anselme, Michel Bonneau, n’est nullement surpris de voir la fédération fermer les yeux devant les annonces du ministre Pierre Moreau. «De tradition, la FQM n’est pas revendicatrice, fait-il valoir. C’est le club social des municipalités du Québec. On nous organise un beau party annuel où on nous donne des formations et autres, mais elle n’est jamais allée au front contre le gouvernement, c’est un allié du gouvernement. Il ne fallait pas s’attendre que notre organisation parte en guerre contre le ministre.»

Le préfet de la MRC, Hervé Blais, a tenu à tempérer l’opinion de ses collègues, estimant que les municipalités ont malheureusement bien peu de pouvoir sur la suite des choses. «C’est un rouleau compresseur. Que tu sois d’accord ou non, c’est comme ça. On n’était pas dans une atmosphère de négociation. On nous impose ce qui arrive, on nous fait le même coup qu’à l’époque où j’enseignais alors que nous avions subi une baisse de salaire de 20 % au début des années 80’», se souvient-il.

M. Blais déplore toutefois que l’écoute du gouvernement ne soit dirigée que vers les deux principales villes de la province, soit Montréal et Québec. «Certaines villes ont le sourire fendu jusqu’aux oreilles, car ces coupes vont leur permettre une meilleure négociation des régimes de retraite. Ce n’est pas notre cas dans le milieu municipal. Seulement deux maires ont eu une écoute auprès du ministre Moreau, c’est Labeaume et Coderre», s’indigne-t-il.

Hervé Blais observe que les villes et les petites municipalités doivent composer avec des réalités différentes. «Les villes ont une capacité financière et des moyens de loin supérieurs aux municipalités. Le maire Labeaume à Québec ne veut pas des CLD. Normal, il a plus de quarante organismes dédiés au développement économique sur son territoire. Ce n’est pas notre cas. Même chose pour la ville de Montréal. Le ministre Moreau n’a écouté que ces deux-là», peste M. Blais.

Pour quelques élus, l’éventualité de devoir refiler la facture à leurs citoyens apparait inévitable face à la situation, ce qui viendra compliquer le contexte pour plusieurs. «Des gens ne sont même plus en mesure de payer leurs taxes municipales, on le vit dans certaines de nos municipalités. Ça s’en vient épouvantable. Plusieurs nous appellent maintenant pour voir comment échelonner leur paiement», observe Martin J. Côté, comme d’autres à la table des élus.