Courir pour briser les tabous sur la santé mentale

DÉPRESSION. Originaire de Sainte-Claire et vivant à Peterborough en Ontario, Julie Vallières prendra part au Marathon SSQ Lévis-Québec ce dimanche 30 août. Au-delà de l’exploit sportif, Mme Vallières courra dans un objectif précis : faire connaître les services offerts aux gens ayant des problèmes de santé mentale et, surtout, briser la stigmatisation entourant cette maladie.

Récemment diagnostiquée bipolaire de type 2, l’enseignante de 42 ans fera partie, pour l’occasion, de l’équipe du Centre de crise de Québec qui vient en aide aux personnes ayant des problèmes de santé mentale. Il s’agira de sa deuxième participation à vie à ce marathon, ayant pris part à l’édition 2001 alors connue sous le nom de Marathon des Deux-Rives.

Julie Vallières mentionne qu’elle n’a plus peur de dire qu’elle souffre, depuis près de 20 ans, de problèmes de santé mentale qui sont récurrents et ont nui considérablement à sa santé et, par conséquent, à ses proches. C’est à l’âge de 23 ans, alors qu’elle enseignait à l’école secondaire de Saint-Anselme, qu’elle subissait son premier épisode dépressif. «À ce moment, je voyais noir et je voulais en finir avec la vie, car je ne voyais pas de solution pour m’en sortir. Ça m’a pris un an et demi pour guérir et ce n’était pas évident autant pour moi que pour mes parents qui avaient de la difficulté à me faire sortir de la maison», affirme-t-elle.

Durant plusieurs années, les périodes de rechutes et de rétablissement alternaient malgré les antidépresseurs prescrits. À la recherche d’une solution pour mieux maitriser son anxiété, elle se tournera vers la course à pied, à la suggestion d’une amie. «J’ai repris goût à la vie, je voulais recommencer à enseigner et c’est vers l’Ontario que je me suis tournée, à la recherche d’une nouvelle vie», dira la Bellechassoise qui a rencontré son mari d’origine beauceronne en terre ontarienne. Le couple a aujourd’hui trois enfants.

De 1998 à 2013, la santé mentale de Julie se porte relativement bien, malgré quelques automnes un peu plus difficiles. Elle apprend à gérer son anxiété et ne souffre pas de dépression. Elle court régulièrement et se dit d’avis que le sport l’a aidé à surmonter son stress. Les premiers symptômes d’anxiété et de dépression refont toutefois leur apparition en 2011, lors de son retour au travail après la naissance de son troisième enfant. «Avec mon travail à temps plein et mon rôle de mère, la course n’avait plus de place dans mon horaire. Les trois années suivantes ont été difficiles et ma confiance était atteinte. Je doutais de tout ce que je faisais», dira-t-elle.

Le 21 octobre 2013, alors qu’elle enseignait dans une nouvelle école, elle doit prendre congé. L’anxiété et la dépression la paralysent de nouveau. De retour au travail cinq semaines plus tard, elle décide de se libérer de cette «prison mentale où la honte, la souffrance et la culpabilité résident en permanence.» Prenant son courage à deux mains, elle raconte son histoire et explique à ses élèves la raison de son absence. «Pour la première fois de ma vie, je me sentais capable d’être honnête avec moi-même et avec les autres à propos de ma maladie. Auparavant, je cherchais des faux-fuyants, j’inventais des maladies reliées à la fatigue pour expliquer mes départs. C’était un pas important dans ma vie.»

Vers un deuxième marathon

En août 2014, alors qu’elle était de passage à Lévis avec sa famille, le Marathon SSQ Lévis-Québec battait son plein. Elle indiquait alors à son époux son intention résolue d’y participer l’année suivante. Un nouveau passage à vide, à la fin d’octobre 2014, aurait pu changer ses plans. Pour la première fois de sa vie, une visite à l’hôpital s’imposait à ses yeux.

Elle sera admise pendant trois semaines à l’unité psychiatrique d’un hôpital de Peterborough pour y traiter une dépression majeure. Depuis ce temps, elle profite d’un suivi hebdomadaire à la clinique externe de l’hôpital. Après plusieurs évaluations, un nouveau diagnostic est posé par les médecins qui établissent qu’elle souffre de bipolarité de Type 2. Sa médication est ajustée en conséquence et depuis, elle dit ne s’être jamais aussi bien sentie.

Ressources à soutenir

En plus d’appuyer le Centre de crise de Québec qui a été d’un grand secours non seulement pour elle, mais pour un autre membre de son entourage immédiat, Julie Vallières courra pour amasser des fonds pour l’hôpital où elle a été traitée, ainsi que l’Association canadienne pour la santé mentale qui lui a également apporté un important soutien. À la fin de la semaine, elle avait amassé plus de 2 200 $ pour le centre hospitalier et 500 $ pour l’association dont elle est devenue l’une des porte-parole. Cela sans oublier l’argent amassé pour le Centre de crise

«Cette participation au marathon est importante pour moi. Depuis mon hospitalisation, je découvre l’étendue des services mis à la disposition des personnes qui, comme moi, ont des problèmes de santé mentale. J’ai fait beaucoup de progrès au cours de cette dernière année, mais il reste encore beaucoup à faire», poursuit Mme Vallières qui sait que son problème est chronique et restera toujours en elle.

Pour en savoir plus sur les organismes qui recevront le soutien de Julie, visitez le http://centredecrise.com ou le https://www.cmha.ca/fr/.