Les Etchemins : un grand potentiel pour l’agriculture biologique

AGRICULTURE. Le territoire de la MRC des Etchemins présente un fort potentiel pour le développement des grandes cultures, mais surtout pour l’agriculture biologique. C’est ce que soutient Luce Bisson, copropriétaire de la Ferme Aquilon de Sainte-Sabine.

Profitant d’une journée «portes ouvertes» tenue le 23 août dernier, Mme Bisson et son fils, Gabriel Boutin, ont présenté aux visiteurs les résultats de trois années de travail consacrées à la conversion de leur entreprise et de leurs champs de l’agriculture conventionnelle à l’agriculture biologique.

Mme Bisson souligne que l’important couvert forestier présent dans les Etchemins offre une excellente protection contre la contamination causée par les pesticides et les OGM, principales menaces au biologique. Cela sans oublier la grande distance entre les producteurs.

«Quand c’est cultivé à 85 %, tu n’as pas de contrôle sur ce que fait ton voisin. Il faut alors augmenter tes zones tampon, ce qui a pour incidence de réduire les surfaces cultivables pour faire du biologique», indique Mme Bisson.

Cette dernière ajoute que cet important couvert forestier permet aux producteurs de plus facilement gérer leurs productions, tout en évitant la contamination venant des voisins. «Cela a une valeur particulière et on commence à le réaliser», précise Mme Bisson, dont l’entreprise a longtemps été spécialisée dans la protection laitière et de fraises.

Gabriel Boutin présente les graines de chanvre provenant de leur culture.

La Ferme Aquilon produit maintenant du sarrasin noir et vert, du chanvre industriel pour la consommation humaine, ainsi que de la semence de chanvre et de l’avoine nue.

Sensibiliser les autres

Une trentaine de personnes ont pris part à la journée portes ouvertes qui, mentionne la productrice agricole, avait pour objectif premier de montrer les actions réalisées et comment ils avaient su s’adapter aux nouvelles modes, aux nouvelles valeurs et, surtout, au désir de la relève.

«C’est surtout pour Gabriel que nous avons fait cela. Nous voulons montrer que la transition s’est bien réalisée et que, bien souvent, c’est moins pire que ça en a l’air», précise-t-elle.

Mme Bisson explique qu’au niveau technique, cette transition vers le biologique s’est bien déroulée grâce, notamment, au soutien du MAPAQ, des réseaux Agri-Conseils et du groupe Ecocert Canada qui, a-t-elle mentionné, est l’organisme avec lequel il a été le plus facile de travailler dans sa vie.

«Ce qui est le plus compliqué dans l’agriculture biologique, c’est l’apprentissage de techniques différentes auxquelles ont était habitués, mais aussi de prendre des notes. Il faut sortir de nos habitudes et écrire tout ce que l’on fait.»

Luce Bisson en discussion avec des représentants de la MRC des Etchemins dont le préfet Richard Couët et le maire de Sainte-Sabine, Denis Boutin.

Sensibiliser les élus

Parmi les visiteurs, on retrouvait des producteurs agricoles de la région, mais aussi des élus de la MRC des Etchemins ainsi que des citoyens et intervenants du milieu intéressés par le sujet.

«Nous voulions aussi montrer toutes les possibilités de développement de l’agriculture dans notre région. Les gens pensent souvent que la MRC des Etchemins offre un territoire parfait pour la production laitière et porcine, que l’on a que des terres de roches et que l’on ne peut pas faire pousser grand-chose dessus. Or, ce n’est pas le cas», signale-t-elle.

Mme Bisson explique que ce virage vers le biologique les a obligés à chercher des productions ayant une valeur ajoutée. «On n’est plus à vendre de l’orge à 130 $ la tonne. La production la moins chère que l’on vend est l’avoine nue qui se situe entre 500 et 600 $ la tonne. On en a même qui sont à 3 500 $ la tonne. C’est sûr que les rendements sont un peu moins élevés. On ne parle pas deux tonnes à l’âcre, mais quand on est à une tonne à l’âcre, ça commence à être intéressant quand même.»

Luce Bisson croit que la MRC des Etchemins a autant de potentiel que d’autres régions pour certains types de cultures, mais qu’elle ne peut pas se lancer dans celles qui demandent beaucoup de chaleur.

Une trentaine de personnes ont visité les champs de la Ferme Aquilon lors de l’activité «portes ouvertes».