Armagh: les épisodes d’odeurs toujours en tête

MUNICIPAL. Près d’une centaine de personnes ont assisté à une séance d’information sur le projet d’une maternité de recherche et de formation en production porcine à Armagh et parrainée par le Conseil du développement du porc du Québec (CDPQ) le 23 janvier dernier.

Les résidents de la localité ont toujours en tête les épisodes d’odeurs nauséabondes causés par les matériaux de récupération utilisés pour le recouvrement des déchets au lieu d’enfouissement technique de la MRC de Bellechasse (LET). Ces inquiétudes ont meublé une bonne partie des interventions du public lors de la séance, chose à laquelle s’attendait le directeur du CDPQ, Jacques Faucher.

Ce dernier est aussi conscient qu’un tel projet ne fera jamais l’unanimité. «Souvent, ce sont les mêmes personnes qui sont intervenues pour émettre des inquiétudes. D’autres sont venus nous voir après la séance pour nous vanter le projet. Nous étions au fait de la problématique vécue avec le site d’enfouissement et on paye un peu pour ça.»

Le maire de la localité, Sarto Roy, rappelle que le projet fera partie d’un long processus. «Il y a encore des cicatrices par rapport à la situation vécue au lieu d’enfouissement. Les gens font le lien instinctivement entre les deux projets. Un travail important a été fait depuis les épisodes d’odeurs. Nous aurons aussi un travail à faire tout comme le CDPQ pour rassurer les gens.»

Le site idéal selon les promoteurs

Le CDPQ a arrêté son choix sur un terrain du rang de la Fourche à Armagh après avoir exploré plusieurs possibilités a-t-on aussi indiqué au cours de la séance d’information. Une vingtaine de sites potentiels ont été évalués, d’abord sur le territoire des localités de Saint-Vallier et La Durantaye qui présentaient des éléments intéressants, dont la proximité et peu de fermes porcines. Ensuite Saint-Nérée et Saint-Damien, où aucun site ne répondait aux normes, et aussi Saint-Léon-de-Standon. Dans ce dernier cas, le fait que la municipalité est située en terrain généralement montagneux a incité le CDPQ à rejeter cette possibilité.

Il ajoute que l’acquisition du site choisi a aussi nécessité un peu de temps. «Les deux autres terrains du secteur ne convenaient pas à nos besoins et aux conditions que l’on doit respecter. Nous aurions dû morceler un terrain, à titre d’exemple. Nous avons dû mettre de la pression sur le propriétaire qui ne voulait pas vendre.»

À Armagh, trois emplacements représentaient un potentiel intéressant et ont été étudiés, tous dans le rang de la Fourche. Deux d’entre eux auraient nécessité des investissements importants dans la préparation du sol et la présence de milieux humides. Le terrain finalement choisi est situé à 3,3 kilomètres du village, 2,3 km du Parc des Chutes et environ 1 km de la Cycloroute de Bellechasse.

Le directeur général du CDPQ, Jacques Faucher, s’attendait à ce que quelques inquiétudes soient partagées.

Odeurs ou pas ?

Si les questions de l’assemblée ont surtout porté sur la possibilité d’odeurs dans le voisinage. Certains éléments plus pointus ont aussi alimenté la période de questions. Un citoyen est venu présenter son point de vue en illustrant qu’il y avait moins de poissons dans certains cours d’eau depuis qu’il se faisait de l’épandage dans le secteur. D’autres craignent qu’on éloigne les visiteurs des deux principaux attraits touristiques de la localité, soit le Parc des Chutes et la Cycloroute de Bellechasse, s’il devait y avoir des odeurs.

En contrepartie, le propriétaire d’une porcherie est venu rappeler que bien des citoyens d’Armagh ne savaient pas qu’il opérait une telle infrastructure, même si ces gens-là circulent régulièrement devant chez lui.

Jacques Faucher a rappelé à maintes reprises que le projet doit passer une batterie d’exigences. «Les gens doivent comprendre que comme organisation, nous sommes davantage régis que si monsieur Tout-le-Monde bâtissait un équipement du genre et le projet respecte déjà toutes les normes. Beaucoup de précautions seront prises. Des règles ont été mises en place, des agronomes vont circuler sur le site régulièrement, l’Environnement établit des normes que l’on se doit de respecter et d’autres ministères peuvent aussi intervenir. On ne peut pas signer des choses qui n’existent pas», a-t-il insisté.

L’activité était d’abord une séance d’information, a rappelé Jacques Faucher. «Nous espérons recevoir l’acceptabilité en mars, pour ensuite faire l’acquisition formelle du terrain. Le certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement possiblement dans six mois. La construction ne pourra pas débuter avant l’automne, sinon au printemps 2020. Le financement de l’établissement viendra des inscriptions des étudiants, des projets de recherche et par la vente de porcelets.»

La balle est toujours dans le camp du CDPQ, a précisé le maire Sarto Roy. «Notre conseil municipal doit maintenant agir avec une certaine réserve pour prendre une décision éclairée. Il y a eu des remarques intéressantes émises et tous devront en tenir compte. Le CDPQ a encore du travail à faire et lorsque la demande de permis sera faite, la MRC sera invitée à nous soutenir pour une consultation publique.»