Robert Richard, passionné des pigeons voyageurs

SAINT-VALLIER. Jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, les pigeons voyageurs représentaient un moyen de communication à la fois courant et fiable. Cent ans plus tard, la donne a changé, bien sûr, mais l’élevage de ces oiseaux à des fins de loisir demeure populaire un peu partout dans le monde.

Depuis sa jeunesse, Robert Richard de Saint-Vallier a toujours eu une fascination pour ces oiseaux qui sont détestés de plusieurs. «J’ai toujours gardé des pigeons communs, c’était un hobby. Une fois que tu les as habitués, ils restent chez vous, mais tu ne peux pas faire grand-chose à part les regarder voler autour des bâtiments et revenir au bercail», dit-il d’emblée.

Jusqu’à il y a trois ans, il possédait une centaine de pigeons communs qu’il utilisait lors d’événements spéciaux tels que mariages, baptêmes ou enterrements. Ces activités devaient toutefois se tenir à courte distance de son pigeonnier, où la plupart revenaient après avoir été lancés.

S’il avait déjà entendu parler des vrais pigeons voyageurs, il a décidé de se lancer dans l’élevage de ceux-ci. Par personne interposée, il a rencontré un éleveur de champions, Jacques Nadeau de Neuville. «Ce dernier est devenu l’un de mes meilleurs amis et m’a aidé à faire ma place dans le cercle des éleveurs, car il œuvre dans ce domaine depuis longtemps et participait à des courses de pigeons, un domaine que je ne connaissais pas», mentionne l’éleveur bellechassois qui a acheté ses deux premiers oiseaux de race de ce dernier.

Il possède maintenant plus de 65 pigeons voyageurs qui ont tous une valeur importante. «Tous les pigeons qui sont ici sont enregistrés et je connais leur pedigree, jusqu’à cinq ou six générations derrière eux. Ce sont souvent des champions ou des descendants d’oiseaux qui ont fait de la course et se sont classés parmi les meilleurs», mentionne M. Richard.

Robert Richard, qui est également éleveur de renards depuis 2000, pose devant le pigeonnier qu’il a fabriqué lui-même.

S’il peut payer jusqu’à 900 $ ou 1 000 $ pour certains oiseaux issus de lignées de champions, ce dernier souligne que certains pigeons peuvent valoir jusqu’à 50 000 ou 60 000 $, sinon davantage, ce qui ne les empêche pas, même à ce prix, d’être vulnérables.

«Tu peux en perdre lors de compétitions, car ils peuvent se blesser, se perdre ou être de victimes de prédateurs comme les faucons. Ils sont faciles à attraper, car ils ont toujours la même ligne d’entraînement.»

Courses de pigeons

Tout en se lançant dans l’élevage de pigeons voyageurs, le Bellechassois s’est initié, grâce à son ami Jacques Nadeau, aux courses de pigeons voyageurs, qui sont peu communes au Québec, mais très populaires ailleurs. Il participe d’ailleurs, depuis deux ans, à une course très populaire en Ontario.

Tous les pigeons inscrits à cette compétition, provenant de partout au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, se retrouvent dans un important pigeonnier situé au sud d’Ottawa où ils sont nourris et entraînés en vue de la compétition qui comprend diverses distances dont une de 325 milles (523 km), dotée d’un premier prix de 25 000 $.

En 2018, un de ses rejetons a pris la 24e position au terme de la course de 325 milles. «J’étais en compétition contre des éleveurs qui font cela depuis 30 ans. J’en ai un autre qui s’est classé septième dans une autre course, alors c’était très satisfaisant.»

Cette année, il a inscrit deux pigeons dans cette compétition et cinq autres dans une deuxième course qui offre des prix encore plus intéressants. Pour enregistrer ces cinq pigeons, il doit débourser 1 265 $ (253 $ du pigeon), ce qui n’est pas cher selon lui, car tout est compris, incluant la nourriture, les entraînements, les inscriptions et les bourses.

Dans le pigeonnier de M. Richard, chaque pigeon a son espace qui est respecté par ses congénères.

M. Richard ajoute que l’endroit où sont élevés ces oiseaux représente le point central de leur entraînement puisque peu importe d’où ils sont lancés, ils reviennent à ce pigeonnier. «Une fois les courses terminées, on les ramène chez nous. On ne peut toutefois plus lâcher à l’extérieur, car c’est certain qu’ils vont retourner en Ontario. Pour eux, c’est leur maison», mentionne l’éleveur.

Des grandes distances

En plus des oiseaux qu’il a inscrits à des courses, M. Richard a commencé, dès 2017, à entraîner plusieurs de ses pigeons voyageurs afin de constater leur capacité d’adaptation et leur potentiel. En 2017, certains ont franchi jusqu’à 400 km, à partir de l’Ontario, pour revenir à la maison. L’été dernier, il s’est rendu à Grande-Vallée, en Gaspésie, à 500 km de la maison. Sur 16 oiseaux relâchés, une dizaine sont revenus au bercail.

«Les tests que je fais permettent de déterminer les plus performants et de les accoupler, par la suite. En 2019, je vais en entraîner de nouveaux et de façon graduelle, je vais monter vers Toronto, ce qui donnera 600 km», indique-t-il.