Horaire des messes: un réaménagement nécessaire

RELIGION. Le réaménagement de l’horaire des messes dans la région Bellechasse-Etchemins a suscité quelques critiques, mais était nécessaire estime l’abbé Thomas Malenfant, qui œuvre sur le territoire depuis l’automne dernier.

Selon lui, le manque de prêtres célébrants et la volonté de ne pas surutiliser les prêtres collaborateurs sont au cœur de la réflexion qui a dû être faite avant de proposer un nouvel horaire qui a provoqué de vives réactions à La Durantaye, par exemple, où des messes sont programmées à 16 h le dimanche. «Un prêtre aurait été disponible pour un autre moment dans la fin de semaine, mais l’enjeu avec les prêtres collaborateurs est que même si la bonne volonté est là, il faut tenir compte de leur âge et occasionnellement du facteur santé. Il y a une différence entre une disponibilité qui se manifeste et la réalité.»

Assurer une stabilité et une sécurité aura été le principal enjeu qui aura guidé la réflexion, indique l’abbé Malenfant. «Quand vient le temps de planifier sur un an, on le fait sur ce qu’ils font et non ce qu’ils disent. On s’est fait avoir plusieurs fois à l’automne pour des raisons de santé ou autres. On planifie pour 29 localités, il ne faut pas l’oublier. Une messe qui se cancelle, c’est un bordel. On tient compte de différentes disparités. Nous ne voulons pas user nos prêtres collaborateurs non plus. C’est ce qui se passe si nous sollicitons quelqu’un davantage que ses réelles disponibilités et capacités. On les perd plus vite. Nous aimons autant les utiliser moins et les garder plus longtemps», précise-t-il.

Il ajoute que trois autres communautés du territoire ont maintenant des messes les dimanches à 16 h, soit Sainte-Rose, Sainte-Justine et Armagh. «À Sainte-Justine par exemple, il y a un pôle pour toute la région des Etchemins pour des activités familiales les dimanches en après-midi. C’est ce qui nous a incités à proposer quelque chose du genre à cette communauté. Ça nous permet non seulement de célébrer la messe, mais aussi de faire le Ministère, soit d’y aller pour la peine et y faire autre chose sur le même déplacement. Quand je vais quelque part, j’y suis pour deux ou trois heures.»

L’abbé Malenfant ajoute que l’allusion faite à l’effet que la manœuvre pourrait mener à une interruption des messes à La Durantaye à long terme n’a rien de fondée. «Le fait que l’église à La Durantaye soit maintenant multifonctionnelle est un avantage et un modèle d’utilisation des lieux que l’on cite en exemple. Nous avons entendu toutes les critiques, mais l’enjeu était plutôt de savoir si nous dérangions une assemblée dominicale de 200 personnes ou d’une vingtaine. Les petites communautés sont importantes, mais on cherche à déranger le moins de gens possible.»

Il convient que les marges sont minces à l’heure actuelle. L’église vit une ère de pauvreté selon lui. «Il y a un équivalent de six prêtres qui ont quitté et nous sommes arrivés à deux et demi. C’est pourquoi nous avons visité toutes les communautés à l’automne, pour prendre le pouls et comprendre les enjeux locaux. C’est une chose pénible, mais c’est aussi une bénédiction. Avec la foi que j’ai, je le vois comme un cadeau, parce que cela nous oblige à vivre des simplifications à tous les niveaux, pour mieux faire notre job.»

L’agent de pastorale, Christian Dubé.

Christian Dubé, dossier réglé

L’abbé Thomas Malenfant a été assigné au territoire de Bellechasse-Etchemins en même temps que son collègue, l’abbé Aubin Somé, et au beau milieu de la controverse entourant le congédiement de l’agent de pastorale Christian Dubé.

S’il a toujours voulu se distancer du débat, il confirme toutefois que le conflit de travail qui opposait M. Dubé à la paroisse Saint-Benoit-de-Bellechasse s’est finalement réglé à l’amiable. Ce dernier débutera un nouveau mandat dans la paroisse de Loretteville.

Selon lui, des erreurs ont pu être commises dans tout le débat entourant son congédiement, mais le retour de Christian Dubé dans Bellechasse était impensable pour le moment, même si un autre agent de pastorale avait quitté en janvier dernier, soit Mario Fraser. «Il y a eu un conflit très triste et très dommageable à tout point de vue. Sans prendre parti, on ne peut pas réduire ça à un conflit entre deux personnes, c’est beaucoup plus large que ça. Nous avons promis qu’aussitôt la poussière retombée, nous nous assoirions avec les gens du milieu pour réfléchir et apprendre de ce qui s’est passé.»

L’abbé Malenfant sait que l’on réclame malgré tout le retour de Christian Dubé dans le milieu. «Dans le contexte actuel, ce ne serait pas envisageable, vu l’historique. Il aura bientôt une nouvelle mission aussi. Il s’est fait un beau travail dans les parcours familiaux à Saint-Benoit-de-Bellechasse au cours des dernières semaines. Le plus bel héritage possible du passage de Christian est là. On a vu de très bonnes intuitions et de belles méthodes portées par Christian et, maintenant, par des parents qui prennent en charge la catéchèse et la transmission de la foi aux enfants. Cet effet-là n’est pas perdu.»

L’avenir…

Un processus se mettra bientôt en marche pour remplacer les deux agents de pastorale ayant quitté au cours de la dernière année. «C’est certain que ça donne un coup, mais c’est peut-être une opportunité pour redéfinir les rôles de chacun et voir ce que les communautés ont vraiment besoin pour avancer.»

Depuis son arrivée dans le milieu, l’abbé Malenfant n’a pas tardé à afficher ses couleurs. Sa foi est incontournable, mais sa façon de l’enseigner est différente. À l’image de Christian Dubé, l’animation fait partie de son coffre à outils. Il a d’ailleurs chanté avec sa guitare, malgré le froid, lors de la plus récente présentation du Mardi Gras à Saint-Charles. Il a été agréablement surpris de l’ampleur de l’activité. «Je partais avec zéro attente. Le Mardi Gras a été pris en charge par des familles de Saint-Charles et des membres de l’équipe pastorale. Ce que j’ai vu est tout le travail en amont des familles. L’une des plus grandes joies d’être dans un ministère est de voir des équipes de parents qui se sont pointés, qui voulaient quelque chose pour leurs enfants et qui tripaient.»

C’est là qu’il adresse une virulente critique à l’endroit de l’Église en général, celle d’avoir infantilisé les communautés chrétiennes. «Ça venait d’un désir du milieu de maintenir l’activité. Que notre rôle se limite à encadrer ou accompagner les milieux, c’est l’avenir des communautés chrétiennes qui veulent vivre quelque chose. À tout faire à la place de gens, nous les avons infantilisés.  Nous n’avons plus le luxe de faire les choses à la place du monde.»

Il estime en terminant que l’Église doit trouver de nouvelles façons de rejoindre les gens et se dit d’accord avec certaines initiatives telles que le Mardi Gras à Saint-Charles et même l’Halloween à Saint-Gervais. «Il faut rejoindre les gens que l’on ne rejoint pas. C’est pourquoi mes soirées sont intéressantes depuis l’automne, parce qu’on se demande comment nous allons réussir à parler de cette parole-là aux familles.»