TIBO fermera son usine de Saint-Damien le 4 octobre prochain

AFFAIRES. Une page de l’histoire industrielle de Saint-Damien se tournera le 4 octobre prochain avec la fermeture de l’usine TIBO, située dans le parc industriel de la localité.

Le président et le directeur général de l’entreprise, Marc Thibault et Pierre Boutin, ont annoncé la mauvaise nouvelle aux employés en début d’après-midi, jeudi, avant de rencontrer les autorités municipales en fin de journée.

Fils du fondateur Irénée Thibault, Marc Thibault souligne que cette décision d’affaires, bien que difficile, était devenue incontournable du fait que les activités de fabrication de moules à injection de plastique avaient énormément diminué à Saint-Damien.

«Il devenait de plus en plus difficile de vendre des moules fabriqués au Canada, car même si la qualité est là, la compétition venant d’Asie est féroce. Comme je le disais à mes employés plus tôt aujourd’hui, je suis vraiment fier de ce qu’on a accompli depuis 56 ans et de la qualité des moules que l’on sortait ici», indique M. Thibault qui ajoute que les dernières années ont été difficiles à Saint-Damien, à l’exception de 2016.

Avec la fermeture de l’usine de Saint-Damien, ce sont 18 personnes qui perdront leur emploi à court ou moyen terme. MM. Thibault et Boutin soulignent que certains pourraient être transférés vers le bureau de Lévis, qui emploie 16 personnes actuellement. Pour les autres, tous les efforts seront menés afin de les aider à se trouver un nouvel emploi rapidement.

«C’est une annonce qui n’est jamais facile à faire. D’un autre côté, le timing est bon pour les employés qui n’auront pas de difficultés à se trouver un emploi ailleurs en raison de la pénurie de main-d’œuvre», mentionne M. Thibault qui ajoute qu’en fermant le 4 octobre, cela laissera à l’entreprise le temps de terminer les contrats en cours et donnera le temps aux employés de se trouver du travail ailleurs.

«On a des machinistes, des soudeurs, des assembleurs, des polisseurs et deux techniciens en programmation. Trois de nos employés avaient été prêtés à une autre usine de Bellechasse qui avait des besoins, alors que nous n’avions pas de travail pour eux. C’était mieux que de les mettre au chômage», poursuit-il.

Pierre Boutin souligne, pour sa part, que les employés s’attendaient à un tel dénouement, malheureusement. «Nous avions dû faire des mises à pied en mars et on avait signalé, à ce moment, qu’on se dirigeait davantage vers l’entretien et la réparation puisque nous étions moins compétitifs dans la fabrication de moules neufs. On avait réduit l’équipe en fonction de cela.»

Les dirigeants de TIBO, Pierre Boutin et Marc Thibault, n’avaient pas de bonnes nouvelles à annoncer à leurs employés jeudi dernier.

Industrie en mutation

Rappelons qu’entre 1995 et 2000, TIBO (autrefois I. Thibault) employait jusqu’à 90 personnes à Saint-Damien uniquement. L’entreprise se spécialise principalement dans la fabrication de moules pour l’industrie automobile qui, souligne Marc Thibault, est le plus grand donneur d’ordres dans le domaine. La diminution des contrats venant de celle-ci au cours des dernières années, combinée à la compétition des fabricants de moules en provenance d’Asie, a forcé l’entreprise à s’ajuster au fil des ans.

TIBO a commencé de façon sporadique à fabriquer des moules du côté de la Chine en 2004. En 2008, avec l’arrivée de la crise économique, l’entreprise s’est aussi tournée vers le Mexique avant de s’établir pour de bon en Asie en 2011, en même temps qu’elle ouvrait un bureau à Lévis.

«Ce qu’on a développé en Asie au fil des années, avec la structure et la validation menée tant par notre bureau de Lévis que l’équipe sur place, nous permet de sortir des moules de qualité équivalente ou presque qu’ici, mais à moindre coût. C’est tout de même plus cher que certains fabricants qui vendent directement au client.»

L’usine située au Mexique se spécialise principalement la réparation, l’entretien et la modification des moules fabriqués en Asie. De fait, 90 % des moules fabriqués dans ce pays transitent ensuite par ce pays d’Amérique centrale.

Soulignons que l’usine de Saint-Damien, construite en 1999, sera mise en vente. Certains équipements s’y trouvant seront transférés dans les autres unités de l’entreprise et le reste sera également offert aux acheteurs intéressés.

Autre coup pour Saint-Damien

Le maire de Saint-Damien, Sébastien Bourget s’est dit triste d’apprendre cette fermeture, ajoutant toutefois que celle-ci était plus ou moins surprenante. Il dit comprendre la décision des dirigeants.

«Ce n’est jamais plaisant d’apprendre des nouvelles de même, mais on voyait les choses aller. On savait qu’il y avait eu une baisse considérable du nombre d’employés d’usine et on entendait des rumeurs, mais on avait toujours espoir que ce soit non fondé et que la situation s’améliore.»

Avec un peu de recul, il croit cependant que le bâtiment, qui est assez récent, sera attrayant pour un futur entrepreneur, une entreprise qui souhaite se relocaliser ou qui veut développer un autre pan de son industrie. «À la séance de juin, on a adopté une nouvelle politique d’attraction des commerces et industries. Si c’est possible d’aider un promoteur par le biais de celle-ci, on le fera.»