Avenir incertain pour l’église de Saint-Louis

RELIGION. Une menace de fermeture plane sur l’église de Saint-Louis-de-Gonzague.

Bien qu’aucune décision ne soit prise à ce moment, le président du conseil de fabrique de la paroisse Sainte-Kateri-Tekakwitha, Ghislain Royer, souligne que divers éléments pourraient tendre vers une telle décision dans un avenir plus ou moins rapproché.

Dans un premier temps, le bâtiment construit en 1961 nécessiterait d’importantes rénovations, de grandes sections de béton s’étant effritées au fil du temps. Il ajoute que les revenus provenant de la CVA ne suffisent plus pour assurer son entretien, cela sans oublier les frais de chauffage, pour la période hivernale, qui sont importants.

La très faible fréquentation des gens de Saint-Louis aux messes mensuelles et aux cérémonies de la parole, qui se déroulent depuis plusieurs mois dans une chapelle se trouvant dans l’actuel centre communautaire, est un autre facteur qui ferait réfléchir les marguilliers de la paroisse unifiée.

«À Saint-Louis, par exemple, on n’a qu’une messe par mois avec 10 ou 15 personnes à chaque fois. Nous sommes à une autre époque. Il faut se poser des questions et c’est normal, c’est pour cela que nous sommes en réflexion. C’est le cas à Saint-Louis, mais il faudra se pencher sur l’avenir de l’ensemble de nos églises», indique M. Royer qui ajoute qu’une consultation menée il y a quelques mois, auprès des citoyens de Saint-Louis, avait suscité peu d’intérêt puisque seulement une dizaine de personnes y avaient répondu.

«Il y a également eu une assemblée publique d’information qui a réuni une dizaine de personnes et de ce nombre, seulement quatre s’étaient montrées favorables à la restauration du bâtiment», mentionne-t-il.

L’église faite de béton aura besoin assurément besoin de rénovations majeures, notamment le long des portes latérales où le béton s’effrite de façon importante.

L’avenir de l’église de Saint-Louis sera donc au menu de la rencontre du conseil de fabrique qui aura lieu ce jeudi 26 septembre. Les marguilliers devront, dans un premier temps, discuter de la pertinence ou non de fermer l’église pour la prochaine saison hivernale. «Si tel était le cas, il faudra vider l’eau dans les tuyaux pour s’assurer que la situation du bâtiment n’empire pas», poursuit M. Royer qui rappelle que la décision de fermer définitivement ou non l’église revient au Diocèse de Québec et que dans un tel cas, plusieurs mois de discussions, sinon une année, seront nécessaires avant d’avoir des orientations claires et décider d’une fermeture définitive ou non.

Il ajoute que la solution choisie, peu importe laquelle, demeure difficile puisque lors d’une fermeture, la bâtisse demeure la propriété de la fabrique qui doit assumer l’ensemble des frais d’entretien du bâtiment et du terrain où il se trouve, tant que ce n’est pas vendu.

«Je ne jette jamais l’éponge, mais il faudra voir ce qu’on peut faire. Dans le cas d’un presbytère, c’est plus facile, car on peut le transformer en résidence sans problèmes. Pour une église, ce n’est pas la même chose, car il faut lui trouver une autre fonction et la désacraliser au besoin.»

Bâtiment classé

La décision de fermer le lieu de culte pourrait être prise bien qu’il s’agisse de la seule église classée A (ou incontournable), dans la MRC des Etchemins, par le Conseil du patrimoine religieux du Québec. Les autres édifices religieux du territoire sont classés D. Conçue par l’architecte de réputation mondiale Jean-Marie Roy de Saint-Léon-de-Standon, elle est l’un des rares modèles du genre au Québec.

Les offices religieux et cérémonies de la parole se tiennent dans une petite chapelle, située dans le centre communautaire, qui pourrait être agrandie dans un avenir plus ou moins rapproché.

Si elle disait ne pas connaître les intentions de la nouvelle fabrique Sainte-Kateri-Tekakwitha à cet effet, la mairesse Lucie Gagnon entendait solliciter une rencontre avec le conseil de fabrique lors de la réunion du 26 septembre. Mme Gagnon rappelle que ce classement rend l’église admissible à l’obtention de subventions pouvant couvrir jusqu’à 70 % des frais. «C’est beau de recevoir 70 % de subvention, encore faut-il avoir l’argent pour couvrir la différence», indiquait M. Royer à ce sujet.

Mme Gagnon se dit consciente qu’avec l’arrivée prochaine de l’hiver, la question du chauffage devient un incontournable. «J’espère juste que nous ne serons pas mis devant le fait accompli», mentionne la mairesse qui déplore le fait que l’on mélange la faible participation aux activités pastorales au devenir de l’église patrimoniale.

Elle a rappelé que le sondage, tenu en avril, portait non pas sur l’avenir de l’église, mais sur celui de la communauté chrétienne de Saint-Louis. Même chose lors d’une rencontre tenue le 18 mai avec l’abbé Thomas Malenfant. «La préoccupation de l’équipe de pastorale était, à ce moment, de savoir ce que l’on pouvait faire pour augmenter la participation, pas de mener une campagne de financement ou de se battre pour sauver l’église.»

Mme Gagnon, qui se dit contre l’idée d’imposer une nouvelle taxe pour la préservation des bâtiments religieux afin de compenser la baisse constante des revenus issue de la CVA, dit ne pas vouloir se positionner contre la fabrique, mais travailler avec elle. «On veut voir s’il est possible de sauver l’église et de l’inscrire dans un circuit patrimonial, par exemple. Pour le culte, elle est un peu grande maintenant, mais sa valeur au point de vue du patrimoine religieux est telle que ça vaut la peine d’étudier la question, à mon avis.»