Saint-Damien: la démolition du Collège maintenant évoquée

SAINT-DAMIEN. La Commission scolaire de la Côte-du-Sud va de l’avant avec l’idée de construire une nouvelle école primaire pour remplacer l’école Rayons-de-Soleil  actuellement située dans le Collège de Saint-Damien.

Ce projet est toutefois accompagné d’un incontournable, soit la démolition du Collège et une relocation des organisations qui y logent. En plus de la résidence pour aînés L’Oasis et la Maison de la Culture de Bellechasse, Action Jeunesse Côte-du Sud, les bureaux municipaux et la bibliothèque municipale sont d’autres locataires du vaste édifice qui a aussi abrité, dans le passé, l’organisme d’aide alimentaire, Les Frigos Pleins, et l’Association des personnes handicapées de Bellechasse.

L’élément déclencheur de cette possibilité vient du fait que la Commission scolaire de la Côte-du-Sud a décidé de se prévaloir d’un programme qui permettrait de reconstruire une école primaire lorsque les locaux actuels ont tellement besoin de rénovations qu’il est préférable de la démolir, explique le président de la commission scolaire, Alain Grenier.

Des représentants de la municipalité, de la Commission scolaire Côte-du-Sud et de l’Oasis discute des possibilités depuis quelques semaines déjà.

«Le projet qu’on lance est naturellement la reconstruction d’une école primaire, soit l’école Rayons-de-Soleil. Pour que cela se fasse, il faut absolument que tous les acteurs concernés soient ensemble. L’Oasis est plus qu’un partenaire, c’est un copropriétaire. En plus des emplois, il dessert une clientèle fragile du secteur. La Maison de la Culture est aussi impliquée tout comme la municipalité. Il ne faut pas que tout cela mette en péril les services offerts à Saint-Damien, que ce soit au niveau culturel, social ou autre.»

Le directeur général de la commission scolaire, Jean-Marc Jean, confirme que le Service des ressources matérielles déposera sa demande d’ici le 1er novembre. «On sait depuis le mois de juillet que nous irons de l’avant avec une demande, alors nous avons déjà pris le temps de s’asseoir ensemble à quelques reprises. On pense que cette mesure peut s’appliquer dans le cas du Collège. Nous sommes déjà à solliciter ingénieurs et architectes pour établir la pertinence du projet et démontrer que ce serait plus avantageux de démolir et reconstruire que de rénover. Nous pourrions construire une nouvelle école sur des terrains adjacents au Collège, ce qui ne nécessiterait aucun déplacement des élèves. L’école Rayons-de-Soleil demeurerait au Collège le temps de la construction.»

Une initiative concertée

Réunis autour d’une même table, les représentants de la commission scolaire, de la résidence L’Oasis et de la municipalité ont tenu à exposer leurs points de vue et envoyer le signal que tous les intervenants impliqués appuient la démarche entreprise. «Nous allons le débattre ensemble, avec les trois ministères concernés soit Éducation, Santé et Culture. On ne peut pas envisager l’avenir en silo», indique Alain Grenier.

L’école Rayons-de-Soleil doit faire l’objet de rénovation estime la commission scolaire

«Nous aurions pu travailler uniquement avec le ministère de l’Éducation et faire cavalier seul. Je crois que les organisations concernées peuvent s’entraider dans leurs démarches respectives. On ne veut pas les laisser tout seul là-dedans», ajoute M. Jean.

Pour la résidence L’Oasis, propriétaire du bâtiment à près de 30 %, les administrateurs jonglent avec plusieurs possibilités depuis un certain temps, mais une relocalisation à Saint-Damien est primordiale. «La première réaction a été de penser aux résidents et toutes les avenues possibles devaient être envisagées. Nous avons des ébauches déjà, mais rien de concret pour le moment. Nous étions conscients qu’il y avait une problématique potentielle avec le Collège et avons déjà rencontré les utilisateurs, leurs familles et réfléchi sur le sujet», confie le président du conseil d’administration de la résidence, Pierre Thibert.

«Ne démolir que l’école pour conserver l’Oasis serait impossible, puisque le troisième étage nous appartient et des gens y logent. On ne peut pas enlever ce qu’il y a en dessous», illustre la directrice de la résidence qui compte 63 locataires, Nathalie Guillemette.

Conserver ses acquis

Pour le maire de Saint-Damien, Sébastien Bourget, le monde idéal aurait été le statu quo, sauf que la tendance lourde des dernières années appelle à d’autres constats. «Le Collège a été un bâtiment important pour une population plus large que Saint-Damien, surtout au niveau éducationnel. Il avait son utilité dans les années 70, mais en 2019, est-ce qu’il répond encore aux besoins? Il faut se questionner. Pour une fois nous sommes à la même table, à travailler dans une même direction. Je sais que le dossier fera appel à beaucoup d’émotions, mais la réalité nous demande d’être rationnels dans tout ça.»

Le Collège de Saint-Damien est un bâtiment imposant et qui a une histoire dans la localité

Il ajoute qu’un de ses souhaits demeure de voir les élèves avoir leurs propres espaces. «De voir les enfants déménager dans l’école secondaire n’était pas vraiment une option. On veut aussi sauver les organismes concernés et qu’ils demeurent à Saint-Damien. Il faudra toutefois que tous les ministères concernés acceptent l’idée, sinon ça ne passera pas au sein de la communauté. Il faut que l’ensemble soit un projet commun.»

La Maison de la Culture de Bellechasse fait partie elle aussi de l’ensemble du bâtiment, dont la construction s’est terminée en 1958. L’entité est la seule salle de spectacle digne de ce nom au cœur d’un vaste territoire. Pas question qu’elle soit relocalisée ailleurs qu’à Saint-Damien, estime le maire Sébastien Bourget. «Dans l’objectif de sauver les organismes, il y a l’obligation de les relocaliser chez-nous et qu’ils puissent offrir les mêmes services qu’aujourd’hui.»

Le maire Bourget ne veut pas revivre certains épisodes vécus par la communauté lors de la fermeture des pavillons du centre jeunesse Chaudière-Appalaches, dont les bâtiments sont toujours inoccupés et devenus vétustes avec le temps. Le départ prochain des sœurs de la Congrégation Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours pourrait-il servir dans le contexte actuel ? MM. Bourget et Thibert n’écartent pas cette idée.

Sur la valeur patrimoniale du bâtiment, le président de la commission scolaire, Alain Grenier, indique qu’une évaluation a déjà été faite par le ministère de la Culture qui n’y voyait aucun potentiel national, mais plutôt local.

Une opportunité, estime Stéphanie Lachance

La députée de Bellechasse, Stéphanie Lachance.

Impliquée dans le dossier depuis son élection il y a maintenant un an, la députée de Bellechasse, Stéphanie Lachance, estime que la décision de la commission scolaire d’aller de l’avant avec un projet de démolition et de reconstruction de l’école vient clarifier les choses. «L’Oasis, la Maison de la Culture et la municipalité peuvent réfléchir à la suite. Les paramètres sont maintenant définis. Les ministères sont capables de travailler ensemble, mais les groupes impliqués devront maintenant présenter des projets pour qu’ils soient étudiés selon des programmes normés. La mesure de démolition-reconstruction existe pour le volet de l’école, il faut maintenant un ou des promoteurs pour le reste.»

Si elle est consciente que l’implication du ministère de l’Éducation sur une possible démolition-reconstruction de l’école pourrait dicter la suite de l’ensemble du dossier, elle suggère tout de même aux autres organismes impliqués d’aller de l’avant avec leurs idées. «On peut mener plusieurs choses de front. Si les autres organismes n’ont pas commencé à travailler un projet une fois la réponse connue, ils se retrouveront sans projet et tout cela causera d’autres retards dans l’évolution des choses. Il y a tellement de paramètres à considérer.»