Service de garde: des parents lancent un cri du cœur

GARDERIE. Les citoyens des localités du littoral de Bellechasse ont de plus en plus de difficultés à avoir accès à un service de garde près de chez eux, une problématique qui risque même de s’accentuer au cours des prochaines semaines.

La situation fait suite à la fermeture de quelques services en milieu familial au cours des dernières semaines. Sommairement, une quinzaine de places ont été perdues à Saint-Vallier et une douzaine à Saint-Michel, sans compter la fragilité des services dans les municipalités environnantes.

Directrice générale de la Ferme horticole Lajoie de Saint-Vallier et mère de deux enfants, Véronique Lajoie a récemment appris que sa gardienne en milieu familial privé cessait ses activités. Les démarches qu’elle a entreprises n’ont donné aucun résultat.

«Au cours des trois derniers mois, quatre garderies en milieu familial privées ou subventionnées ont fermé près de nous. Une quinzaine de familles ont perdu ou perdront leur garderie dans les prochaines semaines et au moins 10 poupons n’ont pas encore de place à l’heure actuelle.»

La pénurie d’espaces disponibles cause également des maux de tête à quelques-uns de ses employés. Elle distingue ainsi d’autres défis pour les employeurs de la région. «L’une de nos professionnelles se voit offrir un temps partiel pour son poupon. Une maman à qui j’ai parlé a pris la décision de rester à la maison, car c’est la deuxième fois que sa garderie ferme ses portes. Une autre songe à quitter son emploi ici pour se diriger vers Lévis, car il n’y a pas de place en garderie pour son poupon dans notre région. Une autre habite Bellechasse, travaille à Montmagny et devra aller porter ses enfants à Lévis.»

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la situation, convient Mme Lajoie qui, heureusement, aura davantage de liberté au cours des prochaines semaines, la saison estivale étant terminée. «Une garderie en milieu familial existe souvent quelques années uniquement, le temps que les parents impliqués élèvent les leurs. Des changements à la règlementation, combiné à la lourdeur de la tâche, compliquent davantage les choses et allonge les délais aussi.»

Directeur général de Développement économique Bellechasse, Alain Vallières a été interpellé par Mme Lajoie. Selon lui, le taux de couverture d’une région n’est peut-être pas la meilleure façon de faire. «Nos entreprises doivent composer avec la problématique maintenant, pas seulement les parents. Tout cela a à voir avec la vitalité des milieux et lorsqu’on juge une région en équilibre, on oublie souvent la proximité comme facteur de la réalité d’un milieu.»

La succursale de Desjardins à Saint-Vallier doit fermer boutique dans quelques semaines

De longs détours pour une famille

La réalité pour certaines personnes n’est pas évidente. Une famille de Saint-Michel doit maintenant faire de longs détours, ayant trouvé une place…. à Pintendre, raconte une maman à qui nous avons parlé. «Je travaille à Saint-Jean-Port-Joli et mon conjoint à Sainte-Claire. Nous avons ratissé très large. Aucune place en garderie (subventionnée ou non et dans un CPE) n’est disponible de Saint-Jean-Port-Joli à Saint-Michel et de Sainte-Claire à Saint-Michel pour accueillir nos deux garçons. Nous avons passé des annonces sur les médias sociaux et même le bouche-à-oreille n’a rien donné», nous a-t-elle confié.

Partenariat souhaité rapidement

Un projet potentiel a déjà été imaginé pour pallier à l’urgence de la situation. Mme Lajoie suggère une garderie en plein cœur du village de Saint-Vallier, en collaboration avec le CPE Belle-Enfance de Saint-Raphaël, qui s’est montré ouvert à l’idée. Celui-ci nécessiterait toutefois la collaboration de la Caisse Desjardins de Bellechasse, dont le centre de service de Saint-Vallier doit fermer le 8 novembre prochain. Alain Vallières confirme que les dirigeants de Desjardins seront bientôt sollicités à cet effet. «Ça nous prend des places rapidement pour être plus efficient, il y a une urgence.»

Karine Leblond, directrice du CPE Belle-Enfance, explique que cette opportunité pourrait à la fois sécuriser le milieu et assurer la rentabilité du centre de Saint-Raphaël. «Il faut obtenir des places en urgence. Déjà, nous aimerions avoir 8 places supplémentaires à Saint-Raphaël où nous avons de l’espace et une liste d’attente. Pouvoir gérer une autre installation nous permettrait aussi d’être plus viables financièrement comme organisation.»

Véronique Lajoie espère sommairement un allègement du processus d’acceptation des projets, principalement pour les garderies en milieu rural. «C’est maintenant que nous avons besoin. On sait que les projets acceptés par le ministère sont plutôt rares. Les démarches sont laborieuses, coûteuses et les délais sont longs. Il faut que ce soit plus simple.»