René Bégin, toujours sur les pentes à 90 ans

SOCIÉTÉ. Il a 90 ans, mais ne les fait pas. Chaque hiver depuis 46 ans, René Bégin descend régulièrement les pentes du Mont-Orignal, station de ski qu’il a aidé à bâtir et dans laquelle il s’est grandement impliqué depuis son ouverture en 1974.

Détenteur d’un billet de saison depuis 46 ans, René Bégin est assurément l’un des figures les plus connues de la station de ski. De fait, rares sont ceux qui ne le connaissent pas où ne l’ont pas côtoyé un moment ou à un autre.

Ce dernier et celle qui partage sa vie depuis 38 ans, Lyne Chouinard, sont des mordus de ski alpin. Tellement que le Mont-Orignal devient leur «deuxième maison» lorsque l’hiver arrive, prennent-ils le temps de préciser. S’ils sont de grands voyageurs et profitent pleinement de leur retraite, ils s’organisent toujours pour être de retour chez eux lorsque la station de ski ouvre ses portes en décembre.

«Je n’ai jamais manqué une journée de ski ou de travail à cause de blessures, même si j’ai parfois fait des petites folies. Aujourd’hui, mes capacités ont diminué un peu, c’est normal, mais je demeure en très bonne santé. Je me tiens toujours debout, je fais attention et je vais partout, sauf dans les sous-bois que j’évite», indique le sympathique nonagénaire qui dit apprécier autant le ski alpin que le volet social qui l’entoure.

Adepte de ski alpin depuis 40 ans elle-même, Lyne Chouinard confirme ce fait, ajoutant qu’il parle à tout le monde et sait se faire des amis. «Il fait du sucre à la crème depuis 4 ans et c’est très populaire», dit-elle en riant. «Si je n’aimais pas le monde, je ne viendrais pas ici et je resterais chez nous», ajoute M. Bégin.

René Bégin et sa conjointe Lyne Chouinard partagent tout dans la vie, incluant leur amour pour le ski alpin qu’ils pratiquent sur une base régulière.

Ayant longtemps travaillé à la station, notamment à la boutique de ski dont elle a été responsable pendant 7 ans, Lyne Chouinard fait du ski à temps plein depuis une quinzaine d’années. Elle a suivi des cours avec l’école de ski afin de perfectionner sa technique et aujourd’hui, elle donne à son tour des cours à des skieurs de tous les âges, notamment les enfants qui l’aident «à se garder jeune», comme elle le dira elle-même.

René Bégin souligne lui aussi que le fait de se tenir actif et de côtoyer des gens de tous les âges, surtout les jeunes, explique sa longévité. Il entend skier tant que la santé le lui permettra.

«Tous ses amis de l’époque sont décédés ou ont arrêté de faire du ski. De le voir ainsi, c’est le fun, car ça montre que même si tu as 90 ans, ça ne veut pas dire que tu vas te retrouver automatiquement dans un CHSLD», poursuit Mme Chouinard.

Un entrepreneur dans l’âme

Né le 3 janvier 1930 dans la région de Montréal, M. Bégin a souligné son 90e anniversaire de naissance il y a quelques semaines à peine. À la fin des années 1940, il s’est établi dans la région de Lac-Etchemin, ayant notamment travaillé comme mécanicien à la concession Bégin Chevrolet Oldsmobile, propriété de son oncle Florent, puis au Garage Cliche de Saint-Georges.

Issu de la grande famille des Bégin, qui est reconnue pour son esprit entrepreneurial, il investira dans différents entreprises comme le Garage Ferland et Bégin de Lac-Etchemin, qui a ouvert ses portes dans les années 1960, Hydrofor dans les années 1980, puis WAJAX qui achètera les actifs d’Hydrofor en 1996. Il demeurera impliqué dans cette dernière entreprise jusqu’en 2002, prenant alors sa retraite à l’âge vénérable de 72 ans.

Longue implication au Mont-Orignal

Skieur invétéré qui a découvert les vertus de ce sport dans les années 60 à Vallée-Jonction, il a pris une part active dans le Mont-Orignal dès son implantation en 1974, ayant prêté les équipements nécessaires au transport des installations qui avaient été acquis d’une station en faillite située dans le Maine.

Il s’est impliqué dans la prise en charge de la station avec Rosario Jolin et Raynald Lemieux en 1981-82, puis a vendu des parts sociales de la première coopérative qui a été formée en 1982, ainsi que de la SPEQ du Mont-Orignal, ce qui avait permis à l’époque de financer la mise en place du remonte-pente sextuple par la coopérative au début des années 90.

Lorsque la Coopérative de loisirs et de sports du Mont-Orignal a cédé ses biens à la Caisse populaire de Lac-Etchemin à la fin de l’année 1990, il s’est associé à Michel Vachon, Gilles Audet, Lyne Chouinard et Michel Biron pour la relance de celle-ci.

M. Biron est devenu l’unique propriétaire de la station et a vendu celle-ci à la coopérative actuelle, en 2012.