Affaire Jean Vanier: L’Arche sous le choc

ORGANISME. Si les révélations publiées au cours du week-end mettant en cause le fondateur des organismes L’Arche à l’échelle internationale, Jean Vanier, ont causé une onde de choc, elles auront néanmoins peu d’incidence sur le fonctionnement de l’organisation au Québec, espère son président, Marcel Morin.

Rappelons que L’Arche, une organisation qui accueille dans le monde entier des personnes ayant une déficience intellectuelle, a dévoilé au cours de la fin de semaine les résultats d’une enquête interne dans laquelle son fondateur, Jean Vanier, est accusé d’abus sexuels sur plusieurs femmes. Selon l’enquête, celui-ci aurait initié ces relations sexuelles généralement dans le cadre d’un accompagnement spirituel. Il est décédé en 2019.

L’Arche fait partie des nombreuses implications de Marcel Morin dans la région.

Les responsables de L’Arche Internationale avaient lancé une enquête sur leur fondateur il y a quelques années. Rien dans les recherches ne permet toutefois de penser que des personnes en situation de handicap ont été touchées.

Résident de Saint-Anselme, M. Morin est président de l’Association des Arches du Québec depuis quatre ans et entretient un lien très étroit depuis longtemps avec celle située à Saint-Malachie, soit l’Arche Le Printemps.

«Ça va être dur pour nos gens. C’est décevant, car l’image que nous avions de notre fondateur n’était pas celle-ci. Nous ne connaissions pas ce côté sombre», explique-t-il en ajoutant qu’il avait rencontré M. Vanier à son arrivée au début de son implication.  «Je l’avais rencontré pendant pas loin d’une heure et demi. Je voulais connaitre les valeurs de l’Arche et bien saisir tout ce qui se passait. J’avais été impressionné par sa personnalité et sa simplicité. On sentait son intérêt pour les plus pauvres et les plus petits. Alors, j’ai été réellement déçu d’apprendre tout ça», ajoute-t-il en condamnant sans réserve ces agissements.

Marcel Morin estime toutefois que la mission de l’homme et de l’Arche doit continuer. «Si je regarde ce que Jean Vanier a fait de bon, de grand ou de bien, comme sa mission, ça reste positif et digne d’être soutenu. Les actions qui sont mauvaises sont à condamner, mais sa vision et ses valeurs de compassion sont dignes que ça continue.»

Même son de cloche du côté de la responsable de la communauté à Saint-Malachie, Geneviève Moutquin, qui insiste que la mission ne changera pas, même si elle senti ébranlée et déçue. «Les personnes ici sont intégrées à la communauté. Ils font partie de la vie du village. L’expérience que l’on vit ensemble est incomparable et c’est ce que j’entends autour de moi depuis les événements du week-end.»

L’Arche le Printemps abrite 19 personnes en permanence dans l’un de ses quatre bâtiments à Saint-Malachie et l’atelier – centre de jour procure des services à au moins 25 personnes. Néanmoins, Marcel Morin n’écarte pas certains changements dans la gouvernance et la mission de l’organisme. «Toutes nos politiques d’abus et de prévention d’abus seront révisées. Nous avions déjà prévu des choses à cet effet. On va revoir certaines façons de faire, mais on va continuer de s’occuper des gens en déficience intellectuelle d’une manière plus réfléchie. Je pense qu’on va éventuellement arriver à une purification de la mission que l’on a.»

Le Club Lions Les Amis de Jean Vanier avait été inauguré en novembre dernier, sauf que le nom n’avait pu être homologué.

Un Club Lions à son nom ?

Par ailleurs, M. Morin fait partie d’un groupe qui avait initié la création d’un nouveau Club Lions dans la région, avant la période des Fêtes, et qui devait justement porter le nom du fondateur de l’Arche Le Printemps. Les démarches ont toutefois avorté, si bien qu’un autre nom a finalement été choisi.

«C’est arrivé par hasard. On voulait l’appeler le Club Lions Les Amis de Jean Vanier. Lors des démarches visant à faire homologuer le nom, on nous a demandé si nous avions les autorisations légales de la famille, ce que nous n’avions pas. Plutôt que d’attendre six mois ou un an, nous avons opté pour un autre nom, soit Les amis de l’Arche de Chaudière-Appalaches. On espère maintenant que tous les Clubs Lions deviennent partenaires des Arches à travers le Québec et ailleurs», mentionne M. Morin qui ajoute que dorénavant, Jean Vanier ne sera plus vu de la même façon.

«Il avait un côté intéressant et même étincelant de par son œuvre, mais le côté sombre que l’on ignorait risque aussi de demeurer. C’est l’histoire qui nous dira ce qui va se passer. Il nous faut repartir avec l’essence du meilleur.»