Les organismes communautaires s’organisent malgré tout

SOCIÉTÉ. Les organismes communautaires de la région continuent tant bien que mal à jouer le rôle pendant la période de confinement décrétée par les autorités. Certaines ont cessé temporairement les activités tandis que d’autres, jugées essentielles, s’ajustent au gré des événements.

Sur le terrain dans Bellechasse, deux organismes se distinguent parmi ceux jugés essentiels par le gouvernement du Québec, soit les Frigos Pleins au niveau du dépannage alimentaire, de même qu’Entraide Solidarité Bellechasse dont le mandat rejoint particulièrement les personnes âgées de la région. L’Essentiel des Etchemins remplit aussi sa mission sur son territoire.

Chez Frigos Pleins, la directrice générale, Karen Moreau-Villeneuve explique que l’organisme avait déjà diminué ses activités, mais que d’autres précautions ont été ajoutées au cours des derniers jours aux locaux de l’organisme situés à Saint-Lazare. «Les membres n’entrent plus chez nous pour venir chercher leurs denrées. Nos dépannages alimentaires sont préparés à l’avance, en fonction du nombre de personnes concernées. La remise se fait entre les deux portes du portique et ils doivent se laver les mains avant de manipuler des choses. Nous sommes toujours sur rendez-vous et ceux-ci sont espacés de 15 minutes.»

Si de nouvelles personnes éprouvent des difficultés au cours des prochaines semaines, le service pourrait être élargi au besoin. «Il se pourrait que des gens n’ayant pas de faible revenu en temps normal connaissent éventuellement des difficultés. La situation sera évaluée lorsqu’elle communiquera avec nous, mais nous aurons de l’ouverture. Pour l’instant ça va, car nous continuons d’être appuyés par Moisson Beauce et nos donateurs. Si cet appui venait à diminuer et que la clientèle augmente, là, ça pourrait devenir un problème», explique Karen Moreau-Villeneuve.

Geneviève Turcotte à l’Essentiel des Etchemins indique que de son côté, le Grenier des trouvailles, les cuisines collectives et les dépôts de vêtements et autres ne sont plus en opération, le service des boîtes alimentaires et la maintenance se poursuivent avec seulement six personnes. Quelques bénévoles viennent appuyer l’organisme occasionnellement. «Nous avons pris des dispositions pour assurer la sécurité à la fois des employés, mais aussi des usagers, un peu à l’image des autres banques alimentaires. Aussi, on ne fait plus payer les gens, ce sera plutôt une facturation qui sera acheminée à la fin de la crise, pour éviter les contacts le plus possible, surtout que l’argent peut être un vecteur de transmission. La désinfection totale se fait aussi entre chaque client.»

Peu de besoins pressants

Les Frigos Pleins œuvrent aussi avec un minimum de personnes ajoute sa directrice. «Nous n’avons pas de service de cuisine collective ni de livraison, alors nous pouvons demeurer à effectif réduit. Nous avons même cessé le volet incluant nos bénévoles, surtout que la majorité a 70 ans et plus et doit être confinée.»

Les services de popotes roulantes seront vraisemblablement sollicitées davantage.

Les Travailleurs de rue du Carrefour dans Bellechasse ont d’ailleurs déjà offert leur collaboration pour pallier à certains besoins de livraison manifestés par les bénéficiaires. «En raison des restrictions, certaines personnes n’ont pas de transport, alors ils nous ont offert leur aide à ce niveau et ça nous permet de concentrer nos efforts à l’interne.»

Karen Moreau-Villeneuve ajoute que si un employé devait tomber en quarantaine ou encore toute l’équipe, l’organisation travaille sur une équipe volante avec un réseau de bénévoles qui sont déjà ciblés avec le milieu communautaire. «Le seul besoin pressant que nous avons peut sembler anodin, c’est d’avoir davantage de boites de bananes vides pour les dépannages d’avance, surtout que l’on doit les décontaminer. C’est ce qui nous manque», dit-elle en terminant.

À la Coopérative de solidarité de services à domicile des Etchemins, les services d’aide à la vie domestique non essentiels comme l’entretien de la maison, l’entretien ménager lourd et l’entretien de vêtements seront suspendus. On continuera d’offrir les services essentiels dont la cessation pourrait compromettre l’intégrité ou la sécurité de l’usager comme les services d’assistance personnelle, le répit, les courses, les préparations de repas et la lessive pour les usagers en situation d’incontinence ou ayant peu de vêtements comme demandé par le MSSS.

Les préposés prennent les mesures préventives adéquates en matière d’hygiène et ne rendent aucun service chez un usager qui doit être en isolement en raison de la présence de symptômes d’allure grippal, d’un retour de voyage depuis moins de 14 jours ou d’un contact étroit avec un cas probable ou confirmé de COVID-19.

Besoin pressant de bénévoles chez Entraide Solidarité

Lyne Gaumont d’Entraide Solidarité Bellechasse avoue que les premières dispositions annoncées par Québec ont passablement amputé son organisation qui compte énormément sur les bénévoles pour assurer ses services.

Le service de transport-accompagnement d’Entraide Solidarité Bellechasse nécessite beaucoup de bénévoles.

L’organisation pouvait compter sur près de 170 bénévoles actifs avant les événements. «Nous en avions près d’une soixantaine uniquement pour des services de transport-accompagnement et au moins une trentaine qui donnaient du temps dans les popotes roulantes, notamment à Saint-Nérée et Saint-Philémon où des gens cuisinent dans un local. Certains clients avaient des rendez-vous médicaux qui ont été annulés ou reportés, mais il y en a qui sont urgents et dont les clients visés ont besoin du transport. Dans d’autres cas, c’est pour rendre service à des gens confinés à la maison et qui ont quelques commissions à faire.»

L’organisme essaie de maintenir un minimum de personnes à ses locaux, dans le but de combler les besoins de base et d’être efficace en termes de prévention. Les directives gouvernementales étant durcies de jour en jour, Mme Gaumond avoue que les interrogations sont nombreuses. «Il faut se tourner de bord rapidement. Notre réseau de bénévoles a été carrément démantelé puisque celui-ci est surtout composé de gens âgés de plus de 70 ans. Nous avons lancé un appel à tous et demandé de l’aide au Service 211 pour nous dénicher des gens.»

Près d’une quarantaine se seraient d’ailleurs manifestées  au cours des derniers jours. «Il y a possibilité de rendre service tout en se protégeant. Nous allons former les gens qui se manifestent avant de les impliquer. Nous aurons de nouvelles consignes à leur transmettre pour protéger à la fois le bénévole et la clientèle.»

Entraide Solidarité Bellechasse recevra également l’appui de certains organismes communautaires de la MRC dont les activités sont au ralenti et qui ont offert de donner du temps. «Les gens se rendent compte que nous sommes limités dans nos possibilités. C’est dur présentement, mais Peut-être que les événements vont montrer notre utilité et illustrer nos besoins davantage pour permettre de créer un lien de concertation avec les municipalités pour les aînés.»

Directrice de la Corporation de développement communautaire dans Bellechasse (CDC), Guylaine Aubin, confirme que les activités sont au ralenti dans le réseau. «Il y a un très grand respect des directives gouvernementales et les mesures ont été prises. Des services ont été jugées essentiels et ces organisations font de leur mieux pour dispenser les services. Il n’y a aucune activité de groupe et les employés doivent retourner chez eux après leur travail, s’ils passent physiquement du temps au bureau.»

Mme Aubin ajoute toutefois que certaines ressources du réseau tentent de maintenir un lien avec les clientèles plus vulnérables. «Plusieurs sont en mode écoute téléphonique et même prendre contact avec les gens déjà isolés socialement, notamment pour diminuer les tensions et l’anxiété reliées à une situation comme celle que l’on vit.»