Eau potable: Kerry appelle Saint-Anselme en renfort

AFFAIRES. Le bris majeur d’une conduite d’eau potable, jumelé à une panne électrique en début de journée, mercredi, force l’entreprise Kerry à Sainte-Claire à transporter de l’eau en provenance de Saint-Anselme pour combler ses besoins.

Sommairement, ce sont 52 citernes de 23 000 litres de d’eau quotidiennement qui devront être transportées, jusqu’à ce que la situation se résorbe, résume l’entreprise. De son côté, la municipalité indique avoir effectué les réparations nécessaires à la conduite, sauf que la livraison d’eau vers l’entreprise devra se faire graduellement, précise Sylvie Côté, directrice générale de la localité, qui a dû demander à ses citoyens de réduire leur consommation d’eau en avant-midi.

«Nous nous sommes entendus de part et d’autres pour se donner un peu de temps, le temps que l’on puisse se renflouer. L’impact a été important au cours des derniers jours avec le beau temps, les piscines, jumelés au fait que les gens passent beaucoup de temps à domicile depuis quelques semaines, donc ils arrosent leur pelouse, font des travaux paysagers, tout ça fait que les gens consomment plus aussi. Un peu de pluie nous aiderait», précise-t-elle.

Tout en soulignant l’effort de la municipalité de Saint-Anselme pour combler les besoins de l’usine, le vice-président des opérations du Groupe Kerry, André Amyot, indique que des arrêts de production ont tout de même été nécessaires alors que l’usine fonctionne à plein régime. «Notre particularité est que nous ne prenons pas de l’eau pour l’envoyer à la poubelle, nous la mettons dans des contenants. C’est notre matière première. Dans la pandémie actuelle, nos produits sont beaucoup en demande, ce qui nous force à tenter de répondre à cette demande.»

Un dossier pressant

Le problème d’alimentation vécu par l’entreprise jeudi illustre le besoin urgent d’avancées significatives dans les discussions qu’a l’entreprise avec la municipalité pour l’augmentation de la capacité en eau potable à Sainte-Claire explique Alain Vallières, directeur général de Développement économique Bellechasse. «Déjà la semaine dernière, la consommation d’eau avait augmenté à des niveaux qui nécessitaient un suivi hebdomadaire. L’entreprise a besoin d’eau quotidiennement et en bonne quantité.»

Denise Dulac est mairesse de Sainte-Claire.

Le dossier est sur la table depuis maintenant plus d’un an ajoute-t-il. «Nous avons été sensibilisés à la quantité d’eau dont aurait besoin Kerry en novembre 2018. L’entreprise a présenté ses demandes à la municipalité qui elle, s’est adressée au gouvernement du Québec. On souhaite que le dossier avance et que l’on puisse maintenir les emplois ici. Dans l’éventualité où la municipalité ne pourrait pas fournir l’eau nécessaire, c’est une ligne de production complète qui pourrait quitter pour les États-Unis et près de 100 emplois en même temps. Dans le cas contraire, quelques dizaines d’emplois additionnels seraient créés ici avec l’arrivée potentielle d’une autre entreprise.»

La mairesse de Sainte-Claire, Denise Dulac, rappelle que des discussions sont en cours avec le gouvernement du Québec depuis plusieurs mois. La pandémie a possiblement retardé certaines choses.  «On pensait avoir des nouvelles, sauf que la pandémie est venue retarder tout ça. C’est urgent pour Kerry d’avoir de l’eau, mais c’est aussi urgent pour la municipalité d’être capable de répondre à leur demande. Notre volonté d’aider est là, mais jusqu’où, on ne le sait pas.»

Elle estime que le rayonnement régional de l’entreprise devrait aider la cause du dossier. «Des gens de partout autour viennent travailler chez-nous. La région est déjà touchée durement avec l’arrêt de travail chez Prévost et on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. Kerry est une entreprise florissante et nous en sommes conscients», confie-t-elle en terminant.

André Amyot ajoute lui aussi espérer un dénouement prochain, surtout que le bris d’aqueduc survenu illustre la fragilité de cette alimentation en eau. «Nous sommes chanceux, nous sommes dans un domaine où la demande est là et c’est pour les bonnes raisons, soit l’alimentation. La situation du Covid nous a amené à augmenter la cadence pour répondre à la demande des marchés d’alimentation», ajoute-t-il, précisant que l’entreprise compte aujourd’hui 320 personnes et a tout de même investi près de 35 millions de dollars dans l’usine depuis l’arrivée du gaz naturel à Sainte-Claire justement pour sécuriser et potentiellement accroitre ses opérations.