Un tourisme davantage de proximité

TOURISME. La prochaine saison touristique pourrait être intéressante dans la région, malgré la pandémie, et malgré que le déconfinement progressif ne se déroule pas aussi rapidement que certains souhaiteraient.

Pour le directeur général de Tourisme Chaudière-Appalaches, Richard Moreau, il y a un début à tout. Les campings ont reçu leur feu vert, tout comme certains types d’hébergement, et le volet restauration s’est ajouté depuis lundi. «Ce n’est pas parfait, mais il y a du positif. J’ai l’impression que l’industrie est ouverte à 35–40 %. On attend des choses. Il faut aussi lire un peu entre les lignes, mais on sait qu’il y avait une phase 1 et une phase 2, etc.»

Richard Moreau estime que l’industrie touristique de la région est chanceuse, malgré tout, ayant le vent dans les voiles depuis quelques années. «Si nous avions été en bas de la pyramide, ç’aurait pu être difficile. Comme nous sommes moins dans la dynamique de la clientèle internationale, nos activités sont déjà au Québec.»

Le tourisme pourrait être davantage orienté vers la proximité cet été.

Il estime, en outre, que les gens seront surtout à la recherche de plein air après avoir été confinés aussi longtemps. Il se pourrait toutefois que les gens ne soient pas au rendez-vous partout. «On pourrait aussi voir une offre morcelée, surtout qu’on ne sait pas encore si tout le monde passera à travers et on sait déjà que certains ont décidé de ne pas ouvrir parce que la nouvelle n’arrivait pas.»

Un tourisme local ?

La pandémie ayant donné naissance à différents mouvements en faveur d’un achat local, M. Moreau se dit en accord avec le fait que les résidents de Chaudière-Appalaches auront une belle opportunité de se familiariser davantage avec leur propre région cet été. «On a une région qui se prête bien à ça. Au niveau de la géographie, on a tout pour plaire à notre propre monde. Des cours d’eau, des montagnes, des vallées, un tourisme gourmand, des sentiers de toutes sortes et surtout, un rapport qualité-prix incomparable.»

L’année 2020 pourrait permettre aux Québécois de tracer de nouvelles tendances à même la province selon lui. «En Chaudière-Appalaches, le client #1 est celui de la région, à 33 ou 34 %, et ça va s’accentuer. Le deuxième est celui de la région de Québec et ça fait partie de notre stratégie. On a déjà cinq routes de découvertes, l’offre pour les gens à moto, à vélo, le temps des récoltes, etc. Es-tu déjà allé aux chutes de la Chaudière?, au Parc Massif du Sud ? Tout le monde devrait aller faire un tour dans l’un de nos parcs. Il y a une possibilité de se redécouvrir nous-mêmes en quelque sorte.»

Le déconfinement en cours amène déjà des points positifs, selon ce qu’il observe. «Les campings sont très en demande actuellement, ce n’est même pas nécessaire de faire de la promotion là-dessus. Certains types d’hébergements risquent de bien fonctionner, malgré les précautions nécessaires.»

Néanmoins, plusieurs questions demeurent sans réponse, pour le moment. «Comment les gens vont se comporter en hôtel ? On ne le sait pas encore. Les échos que l’on a montrent que les gens ne seront pas enclins à se rendre dans des sites à très fort achalandage. Il y aura possiblement trois types de clientèle. Celle qui portera trois masques, celle qui agira comme si de rien n’était et l’autre entre les deux», image-t-il.

La frontière américaine étant toujours fermée et un confinement nécessaire au Maine et ailleurs, avant même de prendre des vacances, sont d’autres arguments avancés par certaines personnes pour un tourisme davantage de proximité. Ce ne sera toutefois un gage de réussite pour tous, estime Richard Moreau. «Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas aller ailleurs que ce sera plein partout. Ce n’est pas systématique que les gens iront dans tous les secteurs géographiques. Les gens ont été confinés pendant quelques semaines et certains continuent de le faire. Pour bien des gens qui ont eu un impact financier pendant la crise, plusieurs vont rester près de la maison ou même à la maison.»

Les doigts croisés

L’annulation des festivals laissera un grand vide lors de la prochaine saison estivale, ce ne sera une surprise pour personne. Si plusieurs questions demeurent sans réponse, pour le moment, Richard Moreau doute que tout le monde ait du succès dans des circonstances du genre. «Je ne crois pas qu’on aura du succès partout, mais certains sortiront leur épingle du jeu. Certains ont réussi à reporter des choses, en se croisant les doigts. On a déjà perdu certaines choses, comme les festivals et les activités entre amis, puisque seules les activités en famille sont permises. Ce côté-là me dérange individuellement. C’est toutefois une bonne chose d’avoir une Santé publique pour nous remettre à l’ordre, malgré tout.»

S’il fait confiance aux autorités dans leur gestion de la crise, Richard Moreau aimerait toutefois que l’on déconfine davantage et que l’on fasse généralement confiance aux gens. Il décèle également quelques incohérences qui devront être corrigées. «Si on jette notre économie par terre, ce ne sera pas drôle et nous aurons des problèmes de toutes sortes. L’impact de tous les frais fixes est à considérer. À titre d’exemple, on interdit à des entreprises d’ouvrir, mais en même temps, on les sollicite pour qu’ils paient leur location sur les panneaux touristiques bleus. C’est un peu ordinaire.»

En résumé, il pense que la météo est ce qui dictera le succès ou non de la prochaine saison touristique. «Des espoirs certains pour la saison estivale. Ce que ça prend d’abord, c’est du beau temps, incluant septembre et octobre. La game va se faire d’elle-même et les gens vont consommer. L’hiver prochain, est-ce qu’on pourra aller dans nos centres de ski, les sentiers de raquettes, de ski de fond, etc. ?? Les gens auront besoin de ça. Ce sera plus difficile de penser aller ailleurs, dans d’autres pays, comme les gens ont l’habitude de le faire.»