Normand Leblond: un survivant

SOCIÉTÉ. Normand Leblond de Saint-Charles et son entourage se souviendront longtemps de la pandémie entourant la Covid-19, puisqu’il est l’un de ceux ayant été les plus durement touché par le virus.

Possiblement considéré comme le dernier cas toujours actif dans Bellechasse, M. Leblond aura passé 70 jours à l’Hôtel-Dieu de Lévis, ayant finalement eu son congé jeudi dernier. Son fils Patrice a bien voulu nous mettre à jour sur l’évolution de l’état de santé de son père.

«Mon père est entré à l’urgence le 10 avril au matin et le soir même, il était transféré aux soins intensifs. Son épouse avait été prévenue qu’il devait être intubé et qu’il ne pourrait avoir de conversation avec personne pendant 10 à 14 jours. Ça a finalement été beaucoup plus long que ça. Mon père a été le premier cas à entrer aux soins intensifs à Lévis et, à ce que je sache, il est le dernier à en sortir.»

Un virus particulier

Patrice Leblond ajoute que son père a dû être placé dans un coma artificiel pendant plusieurs jours. «Il a été dans un coma complet pendant deux semaines. Ils ont par la suite été en mesure de le réveiller un peu, sauf qu’il était particulièrement confus.»

L’évolution du virus chez M. Leblond a été particulière explique Patrice. «La semaine avant Pâques, mes parents ont tous les deux commencé à avoir certains symptômes et ont communiqué avec la Santé publique qui leur ont dit de prendre des marches et que ça passerait. Finalement, deux jours plus tard, mon père a éprouvé des problèmes de respiration plus importants. Son médecin de famille l’a immédiatement référé à Charny où on lui a diagnostiqué une pneumonie. Il se sentait déjà mieux avec la médication, mais d’autres malaises sont apparus et il s’est finalement rendu à l’urgence.»

M. Leblond est bien connu dans la région étant coiffeur et serrurier de métier. Il conduit des autocars également à l’occasion, ce qui fait que plusieurs suivent avec grand intérêt sa réhabilitation. Personne ne sait vraiment pourquoi le virus aura été aussi virulent pour lui. «Mon père avait fermé son salon de coiffure avant même l’ordre de la Santé publique. Mes parents sortaient prendre leur petite marche, faisaient livrer leur épicerie, etc. Mon père n’avait pas de problèmes de santé, sauf que dans les années 80, il a connu une paralysie de son diaphragme. Ça n’a pas contribué à aggraver son état, mais cela retarde sa guérison. Sans cela, il serait déjà sur pied possiblement.»

Une belle solidarité

Normand Leblond a vécu un bel épisode de solidarité le samedi 13 juin dernier, alors que quelques-uns de ses collègues chauffeurs d’autocar lui ont rendu visite dans le stationnement de l’Hôtel-Dieu à Lévis. «C’est une idée qu’a eue l’un de nos collègues chauffeurs d’autocar. Ça m’a plus, mais il fallait attendre la bonne opportunité pour qu’il puisse assister à quelquechose d’intéressant. Ça l’a ému évidemment.»

Maintenant âgé de 71 ans, Normand Leblond opérait encore ses deux commerces, avant la pandémie et se tient en forme, indique Patrice. «Quand il a eu 70 ans, je lui ai demandé s’il avait l’intention de ralentir un peu. Il m’avait répondu qu’il aimait encore ça et que ça lui faisait voir du monde. Comme il travaille de la maison, c’était plus simple aussi. C’est certain que s’il recommence, ce ne sera pas pour bientôt. Ça fait réfléchir, et il a le temps de réfléchir depuis quelques semaines. »

Patrice Leblond se réjouit que son père ait maintenant quitté l’hôpital, surtout que les échanges ont été peu nombreux au cours des dernières semaines. «Il avait son IPad et on pouvait le voir un peu, car les visites étaient interdites. On a pu avoir quelques interactions plus intéressantes de la 33e journée.»

Normand Leblond devra maintenant se consacrer à une autre tâche, celle de la réhabilitation. Ayant été alité pendant plusieurs semaines, recommencer à marcher ou rester debout et garder son équilibre feront partie de ses défis. Pour se faire, il sera pris en charge par le Centre de réhabilitation en déficience physique de Charny. «Il a finalement eu sa place jeudi. Il testait encore positif il y a une dizaine de jours en raison de résidus non-contagieux qu’il a toujours en lui. Il a finalement eu deux résultats négatifs consécutifs samedi et dimanche, pour ensuite obtenir sa place», explique Patrice qui estime que son père pourrait être de retour à la maison à la mi-juillet. On lui souhaite.