Petits fruits: la météo freine l’autocueillette

AGRICULTURE. Les producteurs de petits fruits de la région connaissent un début de saison prometteur, sauf que la météo chancelante de mai et juin est venue mettre des bâtons dans les roues de certaines productions, notamment la fraise, observent certains producteurs.

À titre d’exemple, la ferme Le Versant Fruitier de Sainte-Claire a dû mettre un terme rapidement à l’autocueillette des fraises il y a quelques jours, en raison de la faible quantité et de la qualité chancelante des fruits dans les champs.

Maggie Morissette et Charles Beaudin n’ont pas suffisamment de fraises pour permettre l’autocueillette cette année.

«Les clients venaient et n’étaient pas satisfaits. Beaucoup de facteurs nous ont incités à fermer l’autocueillette pour un certain temps», indiquait la propriétaire Maggie Morissette il y a quelques jours.

«On a goûté aux changements climatiques à plein cet été jusqu’à maintenant. De la neige le 12 mai, une canicule à la fin du mois de mai, un gel tardif en juin et une autre canicule depuis», ajoute son conjoint Charles Beaudin.

Les deux étaient tout sourire sachant que les prévisions météorologiques annonçaient de la pluie au cours de la prochaine semaine. «Avant mercredi, nous avions reçu 50 millimètres de pluie seulement depuis la neige de mai. On voyait les nuages tout le tour de nous, mais ça ne tombait pas. Il parait que c’est comme ça. Un peu de pluie changera bien des choses», indique Mme Morissette, tandis que M. Beaudin a bon espoir de recevoir les gens dans un avenir rapproché.  «Heureusement, les bleuets et les framboises devraient être disponibles en quantité».»

Les clients sont nombreux chez Potager Yvanhoé depuis leur ouverture.

La météo étant différente d’une région à une autre, les pertes sont moins drastiques chez Potager Yvanhoé à Saint-Henri. Le commerce a toutefois dû reporter son ouverture de quelques jours pour des raisons similaires. «Nous avons eu un gel hivernal dans certaines variétés et un gel de fleurs en juin sur certaines variétés hâtives, c’est pourquoi nous avons dû tarder à ouvrir», confie le propriétaire, Yvanhoé Brochu, qui s’attend lui aussi à une saison écourtée sur certaines productions. «Je dirais oui, car il y a eu beaucoup d’insolation. Le fruit est cuit par le soleil qui provoque comme une blessure sur les petits fruits et on a vu ça passablement, surtout sur les variétés hâtives. Notre fraise n’en est pas une de climat chaud non plus, mais plutôt de climat tempéré, soit de 20 à 25 degrés.»

La sécheresse causée par les dernières canicules a aussi eu des effets négatifs, ajoute M. Brochu. «Nous avons irrigué, mais l’eau des lacs et l’eau du ciel, ce n’est pas la même chose. Il faut aussi faire attention pour ne pas vider nos lacs, nous sommes en début de saison, après tout.»

Lui aussi espère un bel élan à la saison au cours des prochaines semaines. «Pour le moment, on ne s’attend pas à des rendements fous dans la framboise chez nous, puisque la plupart de nos champs ne sont pas irrigués. Nous faisons aussi de la citrouille et ça n’a pas levé pour environ 30 à 35 % de la production, alors que généralement c’est impeccable. Le maïs, nous avons irrigué deux fois, mais nos lacs sont à sec. Un peu de pluie ne fera pas tort.»

Travailleurs étrangers

À l’image des autres, les deux entreprises doivent aussi composer avec l’absence ou le retard des travailleurs étrangers dans leurs champs. Tous doivent mettre les bouchées doubles et revoir leur façon de faire temporairement. «Ça cause énormément d’irritants», confirme Charles Beaudin. «Normalement. Nous en avons quatre et cette année, seulement un. Ça nous oblige à ramasser nous-mêmes nos fraises et faire bien d’autres travaux, plutôt que nos tâches habituelles.»

«Généralement, nous faisons venir deux personnes en avril. Ce sont des gens qui connaissent très bien nos méthodes. Ils n’ont toutefois pas pu commencer à temps et on n’a dû se passer d’eux un certain temps et utiliser des étudiants à la place. Certains doivent arriver bientôt et ce sera une quarantaine obligatoire et tous les frais supplémentaires que cela occasionne», ajoute M. Brochu.

Dans les deux cas, l’achat local semble à tout le moins être au rendez-vous, selon leurs observations. «Cette année, nos ventes ont augmenté beaucoup. Il est vrai que ça ne fait que quelques jours que nous sommes ouverts. Peut-être que les gens avaient hâte, mais nous avons beaucoup de monde. On sent que les gens se cherchent une activité proche aussi», observe Yvanhoé Brochu.

«Les clients sont nombreux cette année et ils en veulent beaucoup, possiblement en raison de la pandémie. On dirait que les gens reviennent à l’ancienne et veulent se faire des provisions», remarquent aussi Mme Morissette et M. Beaudin.