La cueillette de bois toujours en hausse dans la région

FORÊT. Les producteurs de boisés privés de la région ont encore une fois vu leurs livraisons augmenter au cours de la dernière année, passant à plus de 743 000 mètres cubes au cours de l’année 2019.

« C’est une augmentation intéressante. Nous sommes passés de 700 000 mètres cubes à 743 000 mètres cubes. Ça fait trois ou quatre ans que l’on progresse », indique le directeur général de l’Agence de mise en valeur des forêts privées des Appalaches, Jean-Pierre Faucher, qui dessert près de 12 800 propriétaires forestiers œuvrant sur le territoire de la Ville de Lévis ainsi que dans les MRC de L’Islet, Montmagny, Bellechasse et des Etchemins.

Il ajoute que le mot d’ordre sur le terrain est orienté davantage vers la récolte. « Il y a plus de machinerie sur le terrain et plus d’équipes mécanisées aussi. Il est aussi vrai qu’il y a un mot d’ordre gouvernemental qui nous dit de couper davantage de bois.»

Le territoire de l’Agence des Appalaches se situe parmi les plus productifs étant la troisième région au Québec, après le Bas-St-Laurent et l’Estrie. « C’est notre place. Au niveau des programmes, nous sommes troisièmes également au niveau de la part des enveloppes que l’on reçoit du gouvernement. On voyait l’Agence de la Chaudière s’approcher de nous dans le passé et nous sommes en train de les distancer. »

Cette tendance à la hausse risque de se poursuivre encore un certain temps, selon M. Faucher pour qui la forêt privée n’a pas généré suffisamment de bois au cours des dernières années et que du rattrapage est à faire. « Il faut générer du volume. Il faut faire rouler l’industrie pour retirer un gain sur les investissements qui ont été faits et c’est partout comme ça au Québec. On a fait de l’aménagement et peu de coupe pendant longtemps, alors il faut axer nos efforts là-dessus. Il y a environ 50 % de la superficie qui est couverte par un plan d’aménagement, alors il y a encore beaucoup de potentiel à aller chercher. »

Jean-Pierre Faucher précise que la présence de quelques usines de transformation dans la région est un avantage pour le territoire, de même que celle de plusieurs propriétaires privés.

« On livre à 75 % aux usines au Québec. Nous sommes chanceux, car il y a plusieurs scieries frontalières qui achètent du bois de la forêt privée. D’autres régions sont davantage occupées par la forêt publique, alors c’est souvent elle qui passe en premier et les volumes de bois des petits propriétaires passent en deuxième. »

Il fait partie de ceux ayant observé une certaine baisse de la production sur certaines essences, notamment l’érable et le merisier. Le bois provenant des résineux (bois mou) représente environ 70 % du volume de bois coupé au Québec dans une année. « Il se coupe moins de bois franc cet été, car certains marchés sont au ralenti, notamment depuis l’explosion au moulin de pâtes et papier d’Androscoggin à Jay dans le Maine il y a quelques mois qui est un débouché important pour notre coin.  Il ne nous reste qu’un seul acheteur au Québec pour le bois franc, soit à Windsor en Estrie, alors nous sommes tributaires de ce qui se passe ailleurs. Le marché du résineux semble avoir un regain et on espère que ça perdure. »

Prix élevés en quincaillerie

Les consommateurs doivent débourser des sommes importantes cet été pour leur achat de matériaux, plus du double du prix dans certains cas. Or, cette augmentation ne se traduit pas nécessairement par une rémunération aux producteurs. « Ce que l’on entend, c’est que la demande est forte pour la construction. Les gens ont rénové beaucoup cet été et cela a généré une forte demande. Il y a assurément un décalage entre l’usine et le terrain, sauf que si les usines veulent continuer de scier, elles n’auront d’autres choix que d’augmenter le prix versé aux producteurs. Certains producteurs se retiennent le temps que le prix se replace. »

La tordeuse près de chez nous

L’arrivée de la tordeuse des bourgeons de l’épinette pourrait éventuellement devenir un sujet de discussion dans la région, observe Jean-Pierre Faucher qui avoue avoir certaines craintes. « On a vu des foyers d’infestation dans le secteur à l’est de la route 285, près de la MRC de L’Islet. Avant, le plus près de chez-nous qu’elle avait été répertoriée était dans le secteur de La Pocatière. Elle a possiblement été poussée par le vent et le temps humide en juin et surtout en juillet. On va suivre ça de près l’an prochain avec nos amis du ministère. »

Des stratégies devront possiblement être prises pour éviter de lourdes pertes. « On devra peut-être inciter des producteurs à couper davantage de bois avant de tout perdre. Nous avons déjà commencé à mettre la table sur le sujet. Certains ingénieurs forestiers et certains producteurs ont commencé à prendre les devants. On va commencer sérieusement à s’y attarder. »

Nouveau règlement forestier de la MRC

L’adoption d’un nouveau règlement forestier dans la MRC des Etchemins semble avoir redonné le sourire à plusieurs selon M. Faucher qui reçoit de bons commentaires des producteurs. « Il y a de bons commentaires au niveau de l’application. Le fait d’avoir changé d’inspecteur n’y est pas étranger, c’est ce que les producteurs disent d’emblée. Le règlement est aussi plus simple, puisqu’on l’a écrit davantage avec les choses que les producteurs peuvent faire et non celles qu’ils ne peuvent faire. »

Les discussions seraient bien entamées dans Bellechasse pour l’adoption d’un nouveau règlement sur le sujet, règlement qui pourrait d’ailleurs s’inspirer de celui adopté dans Les Etchemins. « Nous avons été invités. On travaille avec les élus et il y a des forestiers autour de la table », indique M. Faucher en terminant.

Volumes de bois de la forêt privée livrés aux usines sur le territoire de l’Agence (m³ solides)