Reprise et pénurie de main-d’œuvre chez Rotobec

AFFAIRES. Si le printemps et l’été ont été difficile pour l’entreprise Rotobec et ses employés, c’est sous le signe de la reprise que se déroulent les dernières semaines. L’entreprise est toutefois aux prises avec une pénurie de personnel dans certains postes-clé, ce qui n’est pas sans compliquer la tâche de ses dirigeants.

Le PDG de Rotobec, Julien Veilleux, confirme que des mises à pied régulières, équivalent à 50 % du personnel d’usine, ont eu lieu à Sainte-Justine entre le printemps et la fin de juillet.

« On a recommencé à gérer de la croissance au cours des dernières semaines. Jusqu’au 31 juillet, on cherchait de nouvelles commandes. Même si on avait rappelé du monde et qu’on faisait beaucoup de formation sur le plancher, on devait faire des mises à pied et on m’apprêtait à en faire d’autres quand les commandes ont commencé à rentrer », souligne-t-il.

M. Veilleux souligne que l’entreprise a commencé à rappeler du monde sur une base régulière et que la capacité de production augmentait de semaine en semaine. « Présentement, il me reste encore quelques employés sur le chômage, mais ce ne sont pas des emplois spécialisés. Je n’ai pas ni soudeurs, ni machinistes ni mécaniciens hydrauliques qui sont sans emploi », poursuit-il.

Si l’entreprise entend embaucher quelques manœuvres à court terme, les besoins sont toujours grands au niveau des soudeurs et machinistes. « J’ai encore 15 % de mon personnel qui reste à combler, mais la majorité de ces personnes ne sont plus disponibles, car ils ont trouvé un emploi ailleurs sur l’entrefait », affirme-t-il.

Hausse des commandes

Julien Veilleux souligne que l’économie américaine, qui malgré ce que les gens disent va très bien, a joué un rôle important dans cette relance des activités, tout comme le domaine forestier.

« Les distributeurs d’équipements avaient beaucoup d’inventaire. Le secteur forestier va bien. Tout le monde a profité de la pandémie pour faire des rénovations chez eux, ce qui a créé une forte demande pour le bois et c’est la même chose dans la ferraille d’acier. Dès que les niveaux d’inventaire ont commencé à diminuer chez nos distributeurs, les commandes ont commencé à entrer, car ils avaient peur de manquer de matériel. Ils disaient tous qu’ils avaient besoin de cela tout de suite. »

M. Veilleux ajoute que les divers ouragans qui ont frappé les États-Unis au cours des derniers mois ont eu un effet positif sur les carnets de commande, car certains de leurs équipements comme les chargeuses et grappins sont très utiles pour ramasser les débris. « Ces désastres ont été bons pour nous », convient-il.

Après un printemps et un été difficile, la situation se replace chez Rotobec qui cherche toujours à combler de nombreux postes en usine.

Travailleurs étrangers

Actuellement, 330 employés œuvrent à l’usine Sainte-Justine contre une centaine du côté américain. « On a entre 420 et 430 personnes sur la liste de paie, mais on en avait 500 au plus fort de nos activités. Si on pouvait en trouver 70 de plus, on les embaucherait tout de suite, mais on ne sait que ça n’arrivera pas », reconnaît M. Veilleux qui ajoute qu’il aurait besoin de trouver 25 employés d’un coup et que s’il les trouvait, il les embaucherait tout de suite.

Comme la pandémie complique davantage l’embauche de travailleurs étrangers, par les moments qui courent, Julien Veilleux mentionne que l’embauche d’employés de la région représente une priorité, à l’heure actuelle.

Il souligne que Rotobec avait embauché 25 employés venant de Colombie, du Costa Rica et du Mexique, qui devaient arriver au cours des prochaines semaines. Le processus est toutefois retardé pour la plupart d’entre, sauf trois qui doivent arriver en janvier et devront se mettre en confinement pour une période de 14 jours, à leur arrivée au pays.

« Ceux qui ont des visas seraient capables de venir, mais pas ceux qui n’en ont pas encore. C’est d’autant plus compliqué que les ambassades canadiennes dans les pays concernés, surtout celles de la Colombie et du Costa Rica, sont fermées à cause de la COVID. Pour les employés mexicains, c’est moins compliqué et ils n’ont pas besoins de visas, car c’est compris dans l’entente de libre-échange nord-américain (NAFTA). »

Julien Veilleux mentionne que tous les efforts sont mis actuellement pour embaucher du personnel localement et conserver ceux qui sont en poste, ce qui est difficile en raison de la concurrence qui est forte dans ce domaine.

«Des entreprises comme COMAC et MANAC, qui sont nos principaux concurrents au niveau de la main-d’œuvre, n’ont pas vu leur production diminuer. Le défi que nous avons, c’est de ramener l’équipe à son niveau d’avant la COVID. »

Si l’entreprise a su redresser la situation en six mois, Julien Veilleux mentionne que les gens ont dû s’adapter et se mobiliser en raison de la COVID, tant du côté de la production que de l’ingénierie ou des achats.

« Pas mal tout le monde est revenu. Certains sont encore en télétravail, mais on essaie de garder un certain esprit d’équipe. On va s’organiser pour que ceux qui sont encore en télétravail puissent venir à l’usine deux ou trois fois par semaine et on change les équipes comme cela. »