Élections américaines: un changement de ton en agriculture ?

AGRICULTURE. La présidence de Donald Trump à la tête des États-Unis au cours des quatre dernières années a donné lieu à des moments émotifs pour l’agriculture québécoise et canadienne.

Les agriculteurs américains pourraient pour leur part être déçus du résultat de l’élection, alors qu’un sondage publié en octobre, dans une revue agricole américaine Le Farm Journal, indiquait que 85 % des agriculteurs américains avaient l’intention de voter pour Donald Trump.

L’arrivée de Joe Biden à la plus haute fonction pourrait ainsi signifier un tournant dans les orientations de l’administration américaine, selon certains observateurs. Qu’en sera-t-il pour l’agriculture ?

James Allen, président de la Fédération de l’UPA de la Chaudière-Appalaches

Pour James Allen, président de la Fédération de l’UPA en Chaudière-Appalaches, il ne faut pas s’attendre à une ouverture des marchés, puisque les démocrates sont peut-être davantage protectionnistes que les républicains.

« Ce sera possiblement plus délicat, plus prévisible et plus serein comme approche. Lorsque le président Trump avait une fixation sur une chose, il était souvent imprévisible, ce qui rendait les choses délicates. Si les accords que nous avons actuellement ne sont pas remis en question, au moins nous saurons à quoi nous en tenir. Je ne crois pas que M. Biden veuille rouvrir ces dossiers-là. Il n’en a jamais parlé et ça ne doit pas faire partie de son agenda », selon lui.

L’agriculture a donné lieu à des échanges musclés entre les deux pays pendant le mandat du président Trump, particulièrement lors de la renégociation de l’ALENA qui a mené à d’importantes concessions aux secteurs canadiens soumis à la gestion de l’offre, soit le lait et la volaille. Les agriculteurs canadiens ont dû céder près de 4 % du marché des produits laitiers en plus de laisser tomber les produits diafiltrés.

« Nous avons perdu tout ce qui est de classe 6 et 7 dans le lait au cours de la dernière année. C’est difficile pour l’instant de chiffrer qu’elles seront nos pertes, on ne le sait pas encore. Comme nos transformateurs canadiens jouent aussi de l’autre côté de la frontière, on risque là aussi de perdre certains acquis », ajoute M. Allen.

Le gouvernement américain versait déjà des dizaines de milliards de dollars en compensation au secteur agricole avant l’arrivée du président Trump. Le protectionnisme américain existait déjà également sous l’administration démocrate, pensons uniquement au Buy American Act, renforcé en 2009 par le président Obama, pour favoriser la relance du marché du travail aux États-Unis et qui exige, dans certains cas, qu’un certain pourcentage du contenu d’un projet doit provenir des États-Unis, tandis que l’assemblage final, lui, doit être complètement fait en sol américain.

Nos voisins du sud ne sont toutefois pas les seuls à avoir imposé des restrictions aux agriculteurs canadiens au cours des dernières années, la Chine ayant aussi sévi sur l’achat de canola et de porc canadien. La démarche se voulait surtout une réaction à l’arrestation de la directrice financière du groupe chinois Huawei, Meng Wanzhou, le 1er décembre 2018 à l’aéroport de Vancouver.