Un retour aux sources pour Stéphane Lessard

EXPAT. Pendant 17 ans, Stéphane Lessard de Lac-Etchemin a vécu à Lausanne, en Suisse, où il a travaillé comme infirmier. Au début du mois de décembre, il a quitté son pays d’adoption afin de revenir au bercail et d’amorcer un nouveau chapitre de sa vie personnelle et professionnelle.

Né à Montréal, Stéphane est arrivé à Lac-Etchemin en 1982, avec sa famille. Après ses études secondaires à l’école des Appalaches de Sainte-Justine, il a fait son cours d’infirmier à Lévis avant de parfaire sa formation au niveau universitaire, toujours en sciences infirmières, à l’Université Laval. À sa sortie de l’université, en 1994, il obtient son premier emploi en tant qu’infirmier à la Cité de la santé de Laval, endroit où il demeurera jusqu’en 2003.

« C’est à ce moment qu’il a décidé de quitter pour la Suisse. Je voulais voir autre chose et j’avais besoin de voyager », mentionne celui qui a également travaillé comme préposé aux bénéficiaires au Sanatorium Bégin à Lac-Etchemin lors de ses études.

« Quand tu commences dans le domaine au Québec, tu entres de jour, de soir, puis de nuit. Ton employeur peut t’appeler en tout temps, même les week-ends ou quand tu es au cinéma, pour te demander d’entrer quand il manque de monde. Ce qui m’a fait décrocher du Québec, c’est le temps supplémentaire obligatoire », mentionne-t-il en ajoutant qu’il trouvait déjà difficile, à l’époque, de faire 16 heures d’affilée.

Il s’est finalement établi à Lausanne, imitant de nombreux Québécois qui avaient eux aussi vécu l’expérience européenne. « Je connaissais beaucoup de personnes qui avaient travaillé en Suisse et me disaient toujours que si j’allais là, ce seraient mes plus belles années professionnelles, ce qui est vrai finalement. J’ai eu une très belle vie là-bas. J’ai beaucoup voyagé, rencontré plein de monde intéressant et découvert plein de cultures différentes. »

Pendant 12 ans, Stéphane Lessard a été infirmier en transport interhospitaliers, pour le compte de l’hôpital de Lausanne, en Suisse.

Destination logique

Quand il a quitté le Québec, la Suisse était selon lui la seule destination possible s’il voulait poursuivre son travail d’infirmier, car c’était le seul pays qui reconnaissait le diplôme québécois en soins infirmiers.

«Ils embauchaient des Canadiens et des Québécois, car ils étaient bien formés. De plus, les livres de référence en soins infirmiers que tu retrouves en Suisse viennent presque tous du Québec », mentionne Stéphane qui dès son arrivée à l’hôpital de Lausanne, a travaillé dans une unité parallèle aux urgences, avant d’intégrer ce dernier service, endroit où il a travaillé pendant près de 5 ans.

Il a ensuite été transféré au service des transports interhospitaliers, endroit où il est demeuré jusqu’en octobre dernier, soit moins de deux mois avant son retour au Québec. « On prenait des patients aux urgences et on les transférait dans un autre hôpital en Suisse ou ailleurs en Europe, par avion », mentionne-t-il en précisant qu’en raison des frais hospitaliers qui sont onéreux, l’hôpital préférait, quand c’était possible, transférer certains patients par avion pour qu’ils se fassent soigner dans leurs pays respectifs.

Bonnes conditions de travail

Stéphane mentionne que les conditions de travail sont assez différentes en Suisse, surtout au départ. « En commençant, tu as cinq semaines de vacances et l’employeur est obligé de t’en donner deux l’été, que ce soit en juin, juillet ou en août. Ici, quand tu commences, tu dois les prendre en janvier, février ou en mars, ou encore tard à l’automne. »

Si la fonction d’infirmier est un métier avec un salaire moyen, même en Suisse, il ajoute que les salaires sont assez élevés en raison du coût de la vie, « ce qui finit par un bon salaire quand même », reconnait-il en ajoutant qu’il travaillait entre 170 et 180 heures par mois.

« On faisait des 12 heures par jour et on travaillait beaucoup. Quand j’étais de nuit aux urgences, je faisais mes heures en 15 jours en moyenne, car les nuits de 12 heures comptaient pour 14 heures travaillées. Plus on faisait de nuits, moins on travaillait dans les mois suivants et, surtout, personne ne faisait de travail obligatoire supplémentaire », poursuit-il.

Grand amateur de hockey, Stéphane a reçu, lors de son départ, un chandail officiel de l’équipe nationale de Suisse.

Se rapprocher de la famille

Stéphane Lessard mentionne qu’il songeait, depuis quelques années, à revenir au Québec, mais qu’il changeait constamment d’idée. « Chaque année, je disais que je partais, c’était rendu comme un running gag. Je pense que c’est la pandémie de Covid-19 qui m’a décidé. Je me sentais prisonnier d’un pays qui n’était pas le mien. J’avais envie de revenir pour mettre mes racines quelque part et avoir une maison. À 51 ans, il était temps de revenir. »

Peu de changements en 17 ans

Stéphane sait qu’il n’aurait pas de difficulté, s’il le souhaite, à se trouver un emploi comme infirmier au Québec, étant bien au fait de la pénurie d’emploi dans ce domaine. Il semble toutefois peu enclin à emprunter cette voie, bien qu’il souhaite trouver un emploi dans le domaine de la santé. « Je ne suis pas pressé pour le moment. Je regarde les nouvelles et je m’aperçois que la situation n’a pas beaucoup changé depuis 17 ans », déplore-t-il en ajoutant toutefois que tout est une question de conditions de travail.

« Le salaire d’infirmier au Québec, c’est comme les pompiers ou les policiers, ça reste un salaire moyen+, sans oublier les conditions de travail qui ne sont pas faciles. Si tu as des enfants et que tu ne sais pas si tu peux rentrer à la maison le matin ou après minuit le soir, car il manque de monde, ce n’est pas très tentant. »