Karine Fortin ose et choisit un métier non traditionnel

EMPLOI. Plusieurs personnes ont décidé, au cours de la dernière année, de réorienter leur carrière et de repartir sur de nouvelles bases pour diverses raisons, dont la pandémie de COVID-19.

Native de Lac-Etchemin et résidente du secteur Saint-Jean-Chrysostome à Lévis, Karine Fortin est du nombre. Après des années à travailler dans le monde de la finance, elle a décidé de se tourner vers un métier non traditionnel, soit la conduite d’engins de chantiers et forestiers.

L’Etcheminoise suit, depuis le mois de novembre, une formation de 630 heures en voirie forestière au CFP de l’Estuaire, à Forestville, cours qui se terminera à la fin du mois d’avril. « Il faut savoir oser, foncer et croire en ses rêves. Il n’est jamais trop tard pour changer de métier », souligne la femme qui est mère d’une fille de 21 ans.

Divers événements d’ordre personnel et professionnel ont incité Karine à réorienter sa carrière au cours de la dernière année, dont la perte de son emploi en raison de la pandémie. Avant de faire son nouveau choix de carrière, elle a participé à divers programmes « élève d’un jour » en menuiserie, en soudure et en conduite d’engins de chantiers.

« J’avais passé une journée comme élève d’un jour au programme de conduite d’engins de chantier à Saint-Jean-Chrysostome et j’avais beaucoup aimé cela. J’ai appelé mon ami Roderick Beaudoin en lui disant que j’aimerais passer une journée avec lui pour essayer ses machines et c’est vraiment là que j’ai eu la piqûre », mentionne-t-elle en précisant qu’au cours de l’été 2020, Emploi Québec lui avait déniché un premier emploi dans le domaine de l’excavation, à Québec.

Lorsque l’automne est arrivé et que c’est devenu plus tranquille dans le domaine de l’excavation, Karine songeait à se tourner vers le domaine du déneigement, mais comme elle n’avait pas assez d’expérience, elle n’a pu se dénicher un nouvel emploi dans ce domaine. C’est alors qu’elle informait Emploi-Québec de sa volonté de retourner à l’école.

« Le but premier de mon stage estival était de conduire de la machinerie, ce que je n’ai pas vraiment pu faire. À force de négocier avec eux, ils ont accepté de payer ma participation à un cours de conduite d’engins de chantier. Comme ça ne se donnait pas avant le mois d’août 2021 à Saint-Jean, j’ai découvert qu’il y avait un cours en voirie forestière et ils ont accepté de m’envoyer là-bas », poursuit-elle.

Pour Karine, conduire de tels engins est un élément de fierté.

De novembre à la mi-février, les cours étaient uniquement théoriques, mais les étudiants pouvaient développer leurs habiletés de base sur des simulateurs. Karine et ses collègues ont commencé, depuis deux semaines, la pratique sur le terrain à raison de 12 heures par jour, pendant l’équivalent de sept semaines. « C’est comme si on avait un emploi dans le Nord. On travaille sept jours, puis on a sept jours de congé. Les journées commencent à 6 h et se terminent à 18 h », explique-t-elle en ajoutant que pour chaque quart de 12 heures, ils passent quatre heures par machine. Chaque élève devra apprendre à conduire camions articulés, pelles, chargeurs, niveleuses et bulldozers.

Lors de la première semaine sur le terrain, Karine et ses collègues ont appris à fabriquer des routes dans des grands champs. Au cours de la semaine à venir, ils apprendront à creuser des fossés avant de vraiment aller dans les boisés. « C’est une compagnie de Forestville qui donne une partie du travail en sous-traitance à l’école, alors on fait une partie du travail pour eux et ça sera toujours là dans dix ans. C’est valorisant », précise-t-elle en ajoutant qu’elle est assurée de trouver un emploi à sa sortie de l’école et qu’elle avait un intérêt plus marqué pour le domaine des mines, sans tourner le dos au secteur forestier.

Métier non traditionnel

Si la conduite d’engins de chantiers ou de véhicules pour la voirie forestière est un métier traditionnellement masculin, Karine souligne que sur 14 élèves de sa cohorte, trois sont des femmes.

« Je me sens bien acceptée, même si je suis une femme. Les filles qui font cela n’ont pas trop un tempérament princesse et n’ont pas peur de se salir les mains. Sinon tu n’es pas à ta place. Il faut aussi être capable de prendre les blagues des gars et personnellement, je suis capable de leur répondre, toujours à la blague et dans le respect. Je suis au même niveau que tout le monde », poursuit-elle en rappelant qu’il y a aussi des femmes qui enseignent, car elles sont des opératrices de machinerie, à la base, elles aussi.

Comme elle ne se met pas de limites géographiques et qu’elle est intéressée par le domaine des mines, notamment, elle sait qu’elle pourrait trouver un emploi du côté de Fermont, par exemple, car il y a d’importantes mines dans ce secteur.

« Je n’ai pas choisi ce métier en fonction de l’argent, mais ça adonne que ça paie bien. Si ce n’était pas payant, j’aimerais ça quand même », précise-t-elle, le temps d’ajouter que pour obtenir des cartes d’opératrice de machinerie forestière, elle aura besoin d’accumuler 2 000 heures d’expérience, ce qui sera plus facile et rapide en travaillant dans le Nord où elle aimerait œuvrer pendant une bonne année, le temps d’accumuler ses heures et de se faire un fond de roulement, avant de se réinstaller dans la région pour de bon.