Pédagogie par le plein air : la nouvelle mission de Valérie Bilodeau

ENSEIGNEMENT. Native de Saint-Lazare et enseignante d’anglais langue seconde au secondaire depuis 23 ans, Valérie Bilodeau rêve de voir Bellechasse devenir un leader en matière de pédagogie par le plein air.

L’enseignante a profité des deux dernières années pour peaufiner sa réflexion et mettre sur pied un nouveau concept intégrant à la fois le contact direct avec la nature et l’amélioration de la santé mentale des jeunes, le tout dans une optique d’enseignement de la langue seconde.

Ce nouveau processus s’est amorcé lors de l’année scolaire 2019-2020, alors qu’elle décidait de mettre sa carrière sur pause afin d’effectuer un retour aux études. Après avoir appris l’existence d’un nouveau programme en intervention psychosociale en milieu de nature et d’aventure offert par l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), elle décide de se lancer et de s’inscrire au programme réunissant alors une quinzaine de personnes venant d’horizons différents.

« Il y avait des enseignants comme moi, mais aussi des gens qui travaillaient en immigration ou auprès des autochtones, ainsi que des travailleurs sociaux », indique Mme Bilodeau qui en parallèle s’est intéressée aux discussions et travaux du projet Agir Collectivement dans Bellechasse, regroupement de partenaires qui avaient pour but, rappelle-t-elle, de travailler ensemble pour assurer la réussite des jeunes.

« L’enjeu principal des discussions a tourné, par pur hasard, autour de la santé mentale et le bien-être des jeunes. On avait des enfants qui venaient s’exprimer sur ce sujet lors de nos discussions », précise-t-elle en ajoutant que tout cela était en lien avec son nouveau domaine d’études.

« Quand tu parles avec des gens qui ont à cœur la santé mentale, le bien-être et le développement de l’humain à travers la nature, il y a des projets extraordinaires qui fleurissent. Ça me stimulait et j’avais le goût d’amener cela dans mon milieu », poursuit-elle en ajoutant qu’à ce moment, elle a lancé un premier projet qui a connu beaucoup de succès.

« Pendant un week-end, j’ai réuni des élèves de trois écoles primaires de Bellechasse dans une petite école de rang à Saint-Malachie. Il s’agissait d’un premier cours d’anglais en plein air et les parents ont assisté à la première séance, ce qui leur a permis de découvrir une nouvelle façon d’enseigner en nature, avec un rythme très différent. Mon objectif était de descendre le niveau de stress des enfants afin de les rendre plus aptes à l’apprentissage », précise l’enseignante qui ajoute que le concept a plu aux parents qui ont manifesté le désir qu’elle organise un camp similaire, mais spécifiquement conçu pour eux.

Si elle habite le Vieux-Lévis depuis plusieurs années, Valérie Bilodeau souligne que son cœur est resté accroché à Saint-Lazare et Bellechasse où elle souhaite donner vie à ses projets.

Projet Jouvence

À ce moment, elle recevait un appel de Pauline Mercier qui la contactait dans le cadre du Projet Jouvence, qui démarrait du côté de Saint-Damien. « Elle me disait qu’elle avait besoin d’un professeur d’anglais pour ce programme-là et j’ai décidé d’embarquer là-dedans. J’ai monté une série de dix cours d’anglais interactifs et intergénérationnels utilisant, encore là, la pédagogie par le plein air. Cela s’est terminé par un camp de trois jours au Lac-Vert qui réunissait autant des enfants que des parents et des gens du 3e âge », poursuit-elle en ajoutant qu’elle est également tombée en amour ce volet intergénérationnel.

Nouveau programme à La Durantaye

Après avoir terminé sa formation à l’UQTR, Valérie a été approchée par la direction du Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud qui lui demandait de monter un nouveau programme dédié spécifiquement aux élèves de 6e année de l’école Plein-Soleil de La Durantaye qui n’avaient pas accès au programme d’anglais intensif du fait qu’ils n’étaient pas assez nombreux.

« La direction de la commission scolaire voulait un programme qui préparerait les jeunes pour le secondaire et qui était complémentaire à ce que l’enseignante en place faisait déjà. J’ai dit que j’étais d’accord pour le faire, en autant que je pouvais y mettre ma couleur et m’inspirer de ce qui s’était dit dans le cadre d’Agir collectivement dans Bellechasse », précise-t-elle.

C’est ainsi qu’est né le projet « Anglais plein air/Explorateurs » lors duquel Valérie se rendait à l’école de La Durantaye chaque jour 6 et prenait sous son aile les sept élèves de la classe de 6e année.

Une personne lui prêtait sa terre qui devenait sa salle de classe. Elle passait la journée complète avec les enfants et leur proposait une série d’activités et de défis visant à mieux gérer leur stress et développer à la fois leur estime de soi et leurs capacités de leadership, sans oublier le sentiment d’appartenance à leur région.

« Rien n’était planifié, mais j’offrais aux élèves une approche par laquelle on regardait différentes problématiques pouvant émerger et ceux-ci proposaient, toujours en anglais, des pistes de solutions. L’anglais devenait ainsi un prétexte au développement des enfants », indique-t-elle en ajoutant que le projet s’est terminé par un camp de jour d’une semaine, du 17 au 21 mai, avec comme lieu d’attache le Domaine du Lac-Vert, à Saint-Damien.

Une visite chez Cassis et Mélisse de Saint-Damien pour apprendre le métier de chevrier et goûter aux fromages produits par l’entreprise.

« Comme on n’avait pas le droit de coucher sur place en raison de la COVID, j’allais chercher les jeunes et on rencontrait, en cours de chemin, des gens ayant des emplois connectés sur la nature. Que ce soit à l’aller comme au retour, il y avait toujours un prétexte pour aller voir des gens désireux de contribuer à l’éducation de nos jeunes en partageant leurs passions », mentionne Mme Bilodeau.

Revenir au Lac-Vert

Valérie Bilodeau se réjouit que son employeur, le Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud, ait ouvert la porte au concept de pédagogie par le plein air. Elle ne sait pas ce que l’avenir lui réserve à ce niveau, mais en vue de la prochaine année scolaire, elle a décidé de ne conserver que 30 % de tâche dans une école secondaire, ce qui lui permettra d’avoir un minimum de salaire tout en développant un futur projet en lien avec la pédagogie par le plein air.

Sans s’avancer à 100 % dans cette voie, elle indique qu’elle aimerait développer, en collaboration avec la Municipalité de Saint-Damien, un projet éducatif permettant aux enfants de « reconnecter avec la nature » et de décrocher des écrans. Le Domaine du Lac-Vert serait un endroit idéal pour cela, selon elle.

« Notre force, c’est la nature. Tout est là. Pourquoi Saint-Damien et Bellechasse ne deviendraient-ils pas un grand centre de pédagogie par le plein air ? On pourrait accueillir des groupes scolaires d’ici et de partout », croit-elle en ajoutant que le concept pourrait également intéresser les enseignants intéressés à découvrir une nouvelle façon d’enseigner, à un rythme différent.

Apprendre l’anglais en nature et marcher pieds nus dans une rivière au Parc régional du Massif du sud, il n’y a rien de mieux pour terminer la journée!