Un mouvement qui a bien changé: 45 ans de cadets à Sainte-Justine

SOCIÉTÉ. Le Corps de cadets de Sainte-Justine célèbre ses 45 ans d’existence. Des centaines de jeunes sont passés par cette organisation fondée par Raymond Marceau, Gilbert Chabot, Pierre Tanguay et Raymonde Lachance.

« Dans les premières années, on avait jusqu’à 120 jeunes qui étaient inscrits aux activités de notre organisation. Les inscriptions sont plus difficiles depuis quelques années et maintenant, on en accueille près de 25 par année en moyenne », précise la Lieutenant Nancy Bédard qui ajoute que le mouvement des cadets a beaucoup changé au cours des dernières années, que ce soit à Sainte-Justine, Lac-Etchemin, Saint-Zacharie ou ailleurs.

« Le programme des cadets est de plus en plus axé sur le développement des jeunes. Tous les officiers qui sont avec nous doivent suivre des formations obligatoires axées sur les jeunes, la diversité, le leadership et autres », poursuit-elle en convenant que le côté rigide qui a longtemps marqué les cadets a possiblement fait fuir bien des jeunes au fil des ans.

« On donne encore des ordres aux jeunes, mais les années où les officiers criaient après les jeunes, c’est de l’histoire de l’histoire ancienne et ce n’est plus acceptable. Le côté militaire est encore là, mais on fait du vélo de montagne et beaucoup de sports, de la randonnée, du géocaching, de la survie en forêt. Le tir à air comprimé a remplacé le tir à la carabine et il n’y a plus d’exercice militaire (drill) avec les armes depuis la tuerie de Dawson », souligne Mme Bédard qui précise que cette dernière mesure est en vigueur partout au Canada.

S’ajuster à la pandémie

Au cours de la dernière année, en raison de la pandémie, l’instruction s’est faite virtuellement et il fallait faire preuve d’imagination pour susciter l’intérêt des jeunes, mentionne Mme Bédard qui ajoute que les corps de cadets de la région ont appris à travailler ensemble davantage. Elle indique que les corps de Sainte-Justine, Saint-Zacharie, Lac-Etchemin et Lac-Mégantic se sont regroupés de janvier à mai 2021 afin de tenir des formations et des activités communes.

« Comme nos plus vieux sont partis, on travaille davantage ensemble pour former nos chefs qui vont ensuite retourner dans leurs corps de cadets pour donner l’instruction », précise-t-elle en reconnaissant qu’avec seulement 25 jeunes inscrits annuellement, le recrutement n’est pas toujours facile.

« Il y a beaucoup de méconnaissance des jeunes et il y a encore des parents qui pensent que leurs jeunes vont se faire crier après comme c’est peut-être arrivé dans le passé, que s’il y a de la guerre ailleurs dans le monde ils vont se faire recruter et ainsi de suite. Ça fait peut-être peur à certains d’avoir une certaine discipline, mais il faut davantage mettre de l’avant les activités que nous organisons », indique-t-elle en rappelant qu’un vendredi par mois est réservé à des activités sportives, ce qui laisse seulement trois vendredis d’instruction pour apprendre les exercices militaires, la topographie et autres sujets d’intérêt.

Le tir à air comprimé a remplacé le traditionnel tir à la carabine.

Sur un pied d’égalité

Nancy Bédard mentionne que tout le matériel utilisé par les corps de cadets vient de Valcartier et que les jeunes sont habillés de la même façon, l’uniforme permettant à tout le monde d’être au même niveau, peu importe ce que font les parents dans la vie. Elle ajoute que les cadets permettent aux jeunes de développer la confiance en soi, se prenant comme exemple. Si la dernière année s’est déroulée en virtuel, l’organisation a repris ses activités en présentiel, mais sous des conditions strictes, dont le port du masque de procédure en tout temps.

Des talents formés par les cadets

Nancy Bédard mentionne que plusieurs anciens membres du Corps de cadets de Sainte-Justine, comme c’est assurément le cas d’autres regroupements du genre dans la région, occupent aujourd’hui des postes névralgiques dans différentes sphères de la société, que ce soit dans l’armée ou chez les civils.

« Quand je fais le tour de tous ceux que je connais, qui sont passés par le mouvement des cadets et qui en vivent encore aujourd’hui, qui ont poursuivi leur carrière militaire ou ont amorcé des études de niveau supérieur, c’est quelque chose. On a plein de gens qui ont eu plein d’expériences et de vécus différents », affirme-t-elle.

Âgée de 49 ans, Nancy Bédard souligne qu’elle est entrée dans les cadets à l’âge de 12 ans. Elle est devenue instructeur civil à 18 ans, puis officier. Elle était capitaine quand elle a quitté le mouvement en 1998, mais est revenue à ses anciennes amours en 2008.

« Je suis revenue sur le comité de parents, puis comme officier civil et j’ai réussi à ravoir mon grade de lieutenant, ce qui est rare quand ça fait 10 ans que tu as quitté. Il me reste à faire mon cours de capitaine pour ravoir mon grade », mentionne celle qui est la commandante adjointe de l’organisation.

« Quand je suis entrée dans les cadets à 12 ans, j’étais gênée et je me cachais dans mon coin. En trois ans, j’ai changé du tout au tout et j’ai appris à m’affirmer, à argumenter et défendre mon point de vue. Quand j’allais au Tribunal de la jeunesse pour un dossier d’un jeune ou d’un autre, j’étais capable d’expliquer au juge mes recommandations ou l’impact de telle ou telle décision sur un enfant. Le Cégep de Thetford m’a embauché pour devenir enseignante, même si je n’avais pas de cours en pédagogie. C’est à cause de mon passage dans les cadets où j’ai appris à monter des cours et à gérer une classe ou des groupes », mentionne-t-elle en terminant.