Défier la pandémie pour aider les enfants malades

SOCIÉTÉ. Au printemps dernier, alors que le Québec entrait dans le dernier grand confinement et qu’il y avait une pointe de cas de COVID-19 à Saint-Raphaël comme dans d’autres localités de la région, un groupe de Chevaliers de Colomb membres du conseil de cette localité offrait ses services pour la désinfection des paniers et la gestion des allées et venues dans l’épicerie Tradition de Saint-Raphaël.

À l’initiative de Richard Thibault, qui est devenu maire de la localité au cours des derniers jours, l’aide a été offerte aux propriétaires du commerce, -Stéphane Desroches et Nathalie Pelchat, qui ont accepté -celle-ci avec plaisir, eux qui comme d’autres commerçants manquaient de personnel pour prendre en charge cet aspect précis des mesures sanitaires imposé par le gouvernement Legault.

« On a formé une petite équipe de bénévoles, ce qui n’a pas été facile, car la moyenne d’âge est assez élevée et que plusieurs craignaient pour leur santé. Il y avait beaucoup de cas au Foyer de Saint-Raphaël et un membre chevalier est décédé de la COVID à cette époque », rappelle Marcel Audet.

Ainsi, des équipes de Chevaliers étaient formées et ceux-ci étaient en poste à raison de trois à quatre heures par jour, en alternance. De très intensive qu’elle était lors des premières semaines, leur présence a diminué peu à peu, à mesure où plusieurs clients ont eux-mêmes pris l’habitude de désinfecter leurs paniers, sans qu’on leur demande.

« Certains faisaient des dons et ça nous faisait du bien. On exigeait que chaque personne ait son panier, en entrant dans le magasin, question de respecter la distanciation. La plupart du temps, il y avait beaucoup de remerciements et d’appréciation de la part des gens, mais quelques fois il y avait des gens qui rouspétaient. Heureusement, c’était des cas isolés et, bien souvent, des gens de l’extérieur de Saint-Raphaël », précise M. Audet.

Propriétaire du magasin pendant 30 ans et membre du conseil des Chevaliers de Colomb de Saint-Raphaël, François Aubry ajoute que les bénévoles s’assuraient que les gens portent le masque à leur entrée dans le commerce et respectent les mesures comme le port du masque et le lavage des mains.

Un don pour la petite Florence

Cet apport des Chevaliers de Colomb au respect des mesures sanitaires a été apprécié des propriétaires du Marché Tradition qui, au cours des derniers jours, ont remis un chèque de 500 $ au conseil de Saint-Raphaël. Comme l’organisme dispose d’un fonds pour aider les enfants malades, ses responsables ont décidé de remettre cette somme à la petite Florence Gagné, enfant demeurant à Québec et dont la famille est originaire de Saint-Raphaël, qui lutte toujours pour sa survie.

Âgée de 5 ans, cette dernière est atteinte d’une tumeur au cerveau (gliome diffus du tronc cérébral), qui empêche l’écoulement du liquide céphalo-rachidien. Cette tumeur est qualifiée d’incurable et la famille souhaitait profiter d’un traitement expérimental offert par une spécialiste de New York. Une campagne de socio-financement visant à amasser 150 000 $ a été lancée en juin dernier. La tante de la fillette, Vanessa Gagné, avait d’ailleurs organisé un tournoi de balle donnée en septembre dernier qui avait permis d’amasser 31 000 $.

Florence et ses parents se sont rendus dans la métropole américaine (du 19 septembre au 22 octobre), mais le matin même de l’intervention, ils ont appris que la compagnie pharmaceutique ne pouvait pas fournir le médicament en question. Une nouvelle date a été mise à l’agenda la semaine suivante, mais la petite a dû être opérée d’urgence le 3 octobre après que le shunt qui permettait le drainage du liquide céphalo-rachidien ne fonctionnait plus normalement, ce qui causait de la pression dans son cerveau. Une fois l’intervention complétée, elle a fait fait une hémorragie cérébrale et passé une semaine et demie aux soins intensifs.

Après des pressions et plaintes, faute d’avoir des réponses, la famille Gagné est rentrée à Québec, ayant décidé de laisser tomber le protocole de recherche du fait qu’on ne pouvait pas garantir l’efficacité de celui-ci. « Le chirurgien devait s’absenter pour un mois pour des raisons familiales et tout a été repoussé. Comme l’opération devait être réalisée entre la 4e et la 14e semaine après la radiothérapie, on dépassait ce stade », précise Stéphane Gagné, père de l’enfant, qui ajoute qu’ils avaient ciblé d’autres protocoles depuis et qu’ils espéraient que des places puissent s’ouvrir d’ici la période des Fêtes.

Entre-temps, la famille Gagné se rendait à Rochester, dans l’état de New York, ce mardi 16 novembre, pour un nouveau protocole de trois mois qui consistera en la prise d’une pilule par semaine pendant trois mois, ce qui ne sera pas trop invasif pour l’enfant. « Le seul problème avec ce médicament-là est qu’il est conçu pour endormir la douleur et qu’un moment donné, il ne fonctionne pas toujours. Des études sont en cours pour en déterminer la cause », mentionne-t-il en ajoutant que la famille continue de faire confiance à la vie et qu’ils n’avaient rien à perdre à prendre cette avenue, pour le moment.