Une microbrasserie à Sainte-Hénédine

AFFAIRES. Victime des inondations de 2019 à Sainte-Marie, celui qui était propriétaire du  Giboo Grill, Mathieu Dubreuil, est au cœur de la création d’une microbrasserie à Sainte-Hénédine.

Natif de cette localité, ce dernier cherchait à assurer la suite logique de son commerce. Il avait d’ailleurs débuté le brassage de ses propres bières dans son restaurant avant les événements. « J’étais rendu-là de toute façon quand est arrivée l’inondation. Mes plans étaient d’en faire un projet industriel. Je suis natif de Sainte-Hénédine. J’ai regardé des choses ailleurs, dont à Saint-Joseph et Saint-Georges, mais de revenir dans mon village était une bonne solution. Je suis très content de ça. »

Mathieu Dubreuil avait commencé ses démarches en 2017 pour savoir un peu ce que comportait et nécessitait le milieu des microbrasseries. « J’ai eu mon permis de broue pub en 2018 pour le Giboo-Grill. Je n’avais qu’une petite salle de brassage pour fournir uniquement le restaurant. Je ne pouvais pas faire de mise en marché. J’avais commencé à faire ma bière depuis seulement six mois lors de l’inondation de 2019 et j’étais un peu dans l’incertitude suite à ça. Quel serait l’avenir ? Est-ce que j’allais être indemnisé ? Quelle forme prendre pour rouvrir un commerce ? Etc. »

Bien installé

Propriétaire d’un bâtiment, il y a installé ses équipements et œuvre, pour le moment, seul au sein de l’entreprise. Il pourrait produire jusqu’à 15 000 litres de bière par mois. « J’ai 22 fermenteurs, dont une douzaine de 1000 litres, j’ai un bon « brew house ». Je suis bien équipé. Étant seul dans l’usine, j’aurais peut-être de la difficulté à fournir tous les équipements. Avec la paperasse, la production, les ventes, l’entretien et le reste, je pourrai difficilement être à pleine capacité à court terme. »

Le fait d’avoir beaucoup d’équipements sera tout de même un avantage, selon lui. « Je commence lentement. Ça va me permettre de faire vieillir mes bières le temps nécessaire, autant avec les fermenteurs que dans des barils de fûts de chêne, pour que les levures puissent mûrir convenablement. Je veux aussi faire plusieurs bières, mais en petite quantité. Quand j’aurai pris mon erre d’aller, je pourrai engager des gens. »

Ayant été victime de l’inondation de 2019 puis indemnisé, Mathieu Dubreuil se devait de toute façon de repartir quelque chose. Son désir de poursuivre son projet continue de prendre forme dans son imagination. « Je veux que le Giboo-Grill revive. J’ai acheté l’ancienne Coop pour éventuellement faire un pub à cet endroit, mais je cherche encore la bonne formule. Il faut que ça fonctionne et pour cela, il faut trouver le bon complément à la microbrasserie. À Sainte-Marie, je l’avais, mais ce n’est plus possible à cet endroit. Est-ce que ce sera un traiteur, de la restauration, je ne sais pas. »

Il mijote entretemps la possibilité d’un salon de dégustation à son usine et a des ententes pour la distribution de certains de ses produits à deux endroits, soit au resto-bar La Buvette à Saint-Georges et au bar le Cinquante à Saint-Frédéric. Mathieu Dubreuil avoue avoir occasionnellement des discussions avec des gens désireux de travailler avec lui. Il préfère toutefois prendre son temps pour faire les bons choix. « Pour ce type de commerce, il faut avoir des moyens financiers. C’est difficile auprès des institutions financières. On cherche des partenaires dans la vie et je sais que ce sera difficile. Chaque personne qui s’implique doit apporter de l’eau au moulin. »

Un commerce essentiel ?

L’avenir de nos villages passe possiblement par une interconnexion entre ceux qui sont déjà actifs et ceux qui souhaitent s’établir, selon Mathieu Dubreuil. « Il ne faut pas nuire à ce qui existe déjà. Il faut être créatif et que ce soit quelque chose de plus. Nous avons une épicerie à Sainte-Hénédine, un casse-croûte. Ça prend autre chose, mais de plus, un complément qui aura du sens et qui sera viable. »

Il estime d’ailleurs qu’un commerce comme une microbrasserie peut éventuellement devenir un incontournable dans une communauté. « Nous avons toujours vécu dans nos villages avec un casse-croûte et un bar. Il y a des choses essentielles dans un village. On l’a vu ici à Sainte-Hénédine quand on a perdu l’essence un certain temps. Je pense que tous les villages devraient avoir une microbrasserie ou quelque chose du genre. »

Sa première bière officiellement brassée se nomme la Bergère, un produit qu’il ne peut se faire qu’une fois par année. « Elle ne se fait qu’à l’automne, à la récolte des houblons. Je vais directement à la ferme les chercher. L’infusion se fait directement. Le reste de l’année, le houblon est séché et ensuite broyé, pour être transformé en capsule. On peut faire au moins 25 sortes de bières qui seront différentes les unes des autres. »