Certain constat d’impuissance pour la Santé publique de Chaudière-Appalaches

PANDÉMIE. Délais sans précédent dans les centres de dépistage en raison de la pénurie de main-d’oeuvre, cas en hausse de 80 % depuis deux semaines, transmission communautaire à la hausse. C’est le constat que fait la directrice de la Santé publique de la région Chaudière-Appalaches, Dre Liliana Romero, qui a fait part d’un certain sentiment d’impuissance lors d’un point de presse virtuel tenu jeudi.

La docteure Romero et d’autres médecins rattachés au CIUSS de la Capitale-Nationale, qui prenaient part eux aussi à cette conférence de presse conjointe, ont fait part de leur inquiétude face à la situation épidémiologique actuelle sur les deux rives et qui, ont-ils rappelé, est directement liée à la progression fulgurante des cas reliés au variant Omicron.

« Depuis le premier cas d’Omicron recensé le 29 novembre, 80 % des cas qui sont apparus au Québec sont reliés à ce variant qui a supplanté le variant Delta », a souligné le docteur André Dontigny, directeur de la Santé publique de la Capitale-Nationale. Ce dernier et les autres intervenants ont rappelé que le dépistage, la vaccination et le respect des normes sanitaires, principalement la réduction des contacts, demeuraient les principales sources de lutte contre le virus.

Pour la journée de mercredi, 566 nouveaux cas ont été enregistrés en Chaudière-Appalaches, un nouveau et triste record précise la docteure Romero qui rappelle que le nombre de cas est en hausse de 80 % depuis deux semaines, ce qui fait de Chaudière-Appalaches l’une des régions les plus touchées au Québec.

Elle rappelle que la transmission communautaire est un élément important de cette hausse vertigineuse des cas et entraîne des délais très importants dans le dépistage du virus et la prise en charge des patients.

Cette augmentation hausse s’explique, selon elle, par un concours de circonstances, soit le taux de vaccination qui est plus faible dans certains secteurs de Chaudière-Appalaches, la hausse des contacts sociaux et familiaux, ainsi que le manque de possibilités, pour plusieurs, de faire du télétravail. La docteure Romero est toutefois d’avis que si la transmission du virus est plus difficile à casser que prévu, « on va assurément réussir à le faire, mais ça va prendre plus de temps qu’ailleurs. »

Pénurie de main-d’œuvre

Directeur des services professionnels au CHU de Québec, le docteur Stéphane Bergeron a indiqué qu’en plus des patients atteints de la COVID, il y a de plus en plus d’employés qui sont déclarés positifs ou doivent s’isoler un certain temps du fait que des membres de leurs familles ou de leur entourage ont été en contact avec des gens qui ont été déclarés positifs.

La pénurie de main-d’œuvre est un élément qui suscite beaucoup d’inquiétude et à cet effet, le docteur Bergeron a rappelé que tout le domaine hospitalier est épuisé des 21 derniers mois consacrés à la lutte contre ce virus.

La docteure Romero souligne pour sa part que la pénurie de main-d’œuvre frappe fort elle aussi en Chaudière-Appalaches, « même si on recrute de façon intensive afin de trouver des employés pour nos centres de dépistage et de vaccination. »

Elle ajoute que c’est l’une des raisons qui expliquent les délais de quatre à cinq jours pour obtenir un rendez-vous dans les centres de dépistage, notamment. « Le problème, c’est qu’on manque de bras », de signaler la directrice de la Santé publique régionale qui invite les gens à se faire tester rapidement et rester à la maison dès l’apparition des premiers symptômes.

« Si vous avez accès à des tests rapides, utilisez-les. Si c’est positif, c’est que vous avez la COVID et dans ce cas, pas besoin d’obtenir une confirmation dans un centre de dépistage. Il faut laisser l’accès aux personnes symptomatiques qui qui ne peuvent pas avoir de tests rapides à la maison », a-t-elle ajouté.

Impact dans les hôpitaux

Tous les intervenants présents à la rencontre de presse, a qualifié la menace de grave et mentionné que selon les projections, cela aura des impacts majeurs sur le milieu hospitalier et dans les soins.

« Les centres hospitaliers doivent se préparer en conséquence et à vitesse Grand V avec l’aménagement de zones COVID et surtout la recherche de personnel. Les prochaines semaines seront cruciales et qu’il y aura du délestage dans les hôpitaux. Cela dépendra de la réponse des gens, aujourd’hui, face à la COVID et à Omicron », d’indiquer le docteur Dontigny.

En Chaudière-Appalaches, docteure Romero souligne que la situation actuelle dans les hôpitaux est de niveau 3, que ceux-ci commencent à faire du délestage et que des chirurgies électives seront déplacées au cours des prochains jours.

Soulignons que parmi les 15 cas de COVID hospitalisés en Chaudière-Appalaches au 23 décembre, six l’étaient à l’hôpital de Saint-Georges (aucun en soins intensifs), trois à Thetford Mines (un en soins intensifs), quatre à Lévis (deux en soins intensifs) et deux à l’hôpital de Montmagny.