École de La Marelle : jardiner et popoter en anglais

ENTREPRENEURIAT. Après le succès du Big Six Workshop, petite entreprise spécialisée dans la fabrication et la vente d’attaches (colliers) pour masques l’an dernier, un nouveau projet entrepreneurial original a vu le jour au début de la présente année scolaire à l’école de La Marelle, à Beaumont.

Ce projet intitulé La popote du Big 6 – De la tour au bedon, réunit les élèves du programme intensif d’anglais de 6e année de l’école primaire. En cours depuis septembre, celui-ci se déroule sous la supervision des enseignantes Marie-Ève Couture et Catherine Lafrance, celles-là mêmes qui avaient piloté le projet du Big 6 l’an dernier.

En juin dernier, Mme Couture a déposé une demande d’aide financière auprès du Garden Plant Program de la Whole Kids Foundation, fondation basée au Texas qui finance des projets incitant les enfants à adopter de saines habitudes alimentaires. Celle-ci offrait des bourses allant jusqu’à 3 000 $ US (3 800 $ canadiens) aux écoles qui voulaient implanter des jardins en leurs murs.

« On a déposé un projet expliquant notre volonté d’utiliser des tours aéroponiques et le type de légumes qu’on y ferait pousser », explique Marie-Ève Couture qui ajoute que l’ancienne animatrice de télé Josée Turmel avait partagé, sur sa page Facebook, l’existence de cette bourse. Sur 2 000 demandes en provenance du Canada et des États-Unis, 600 ont été acceptées, dont quatre au Québec (incluant celle de l’école La Marelle).

« Avec la bourse de 3 000 $ US, on a acheté deux tours qui sont fabriqués en Ontario », indique l’enseignante qui précise qu’avec le système de tour aéroponique, les racines sont dans les airs et une pompe amène l’eau dans la tour, faisant tomber celle-ci sur les racines à raison d’une fois l’heure.

« Dans ces tours, qui sont à l’intérieur à longueur d’année, tu peux faire pousser n’importe quoi à l’exception des légumes racines. On peut produire des tomates, des concombres, des fraises, du melon d’eau et autres. En un mois, on part de la graine et on peut obtenir une pomme de salade que l’on peut couper et consommer », précise-t-elle.

Mme Couture souligne que la réponse est entrée en août et que dès l’arrivée des élèves en classe, elle les a invités à trouver un projet en lien avec l’utilisation de ces tours. « Les jeunes ont proposé plein de choses. On a parlé de la pandémie et de ce que cela a amené. Conscients de la hausse importante des factures d’épicerie, certains ont suggéré de faire pousser des légumes et d’en redonner à ceux qui en avaient besoin. Comme c’est parfois difficile de conserver longtemps la fraîcheur de certains légumes, d’autres ont suggéré de les transformer en smoothies ou en soupes et de là, on a créé La Popote du Big Six », poursuit l’enseignante qui ajoute que les légumes produits jusqu’ici (ou achetés) sont transformés en potages et vendus, principalement à l’école, mais aussi lors d’activités comme le récent Marché de Noël de Saint-Charles.

Les tours aéroponiques de l’école de La Marelle sont très productive et nécessitent peu d’entretien de la part des élèves.

Travailler en anglais

Comme l’an dernier, les activités de la petite entreprise se déroulent toujours dans le cadre du cours d’anglais intensif. « Les jeunes sont impliqués dans toutes les étapes et ils sont fiers de cela. Tout se fait en anglais et les enfants sont emballés par celui-ci. On continue aussi à fabriquer des attaches en parallèle, car il y a toujours de la demande », mentionne-t-elle en ajoutant que le groupe actuel poursuivra ses activités jusqu’à la fin du mois de janvier et qu’une nouvelle cohorte prendra la relève, par la suite.

Une tour a été installée dans la classe de Mme Couture et l’autre dans le bureau de la directrice de l’école. L’achat d’une troisième tour est envisagé et pour les aider à transformer les légumes produits sur place, les élèves et leur enseignante ont aussi déposé une demande d’aide financière auprès de la Fondation Desjardins qui leur a remis 4 000 $.

De plus, la Fondation Maurice-Tanguay a financé l’achat d’un congélateur vertical d’une valeur approximative de 1 000 $, ce qui permet de conserver les légumes arrangés avant leur transformation en soupes et potages.

Soulignons que les élèves de Mme Couture ont acquis quatre mélangeurs de type Ninja IQ qui cuisent les légumes et transforment ceux-ci en purée en même temps, ce qui permet d’obtenir huit pots de soupe en 30 minutes et 50 dans une journée.

Des partenariats

L’enseignante souligne qu’elle et ses élèves ont approché les Frigos Pleins de Bellechasse qui n’étaient pas en mesure de recevoir leur production pour le moment, du fait qu’ils n’avaient pas de frigos communautaires. Ceux-ci se sont tournés vers le Filon, basé à Lévis, qui détiennent de tels frigos et avec qui une entente a été conclue. « Ils nous ont donné beaucoup de légumes au cours de l’automne que nous avons transformé en potage puis redonné à l’organisme, ainsi qu’à des familles de Beaumont », précise l’enseignante qui ajoute que depuis le début de la présente année scolaire, les jeunes ont vendu une centaine de pots et que l’argent ainsi amassé permettra d’acheter d’autres légumes au cours de l’hiver, pour faire des potages qui seront remis au Filon, notamment.

Les élèves achètent ou reçoivent une grande variété de légumes qu’ils peuvent ensuite transformer.

Ceci bien sûr une fois que les élèves retournaient en classe (le 17 janvier), précise Mme Couture qui ne désespère pas de pouvoir fournir les Frigos Pleins plus tard en 2022, l’organisme étant selon elle en démarche pour acheter un frigo communautaire.

« On pourrait donner des légumes frais aux Frigos, mais notre production n’est pas assez importante », poursuit l’enseignante qui indique qu’actuellement, une tour est consacrée à la production de salades et de fines herbes et la deuxième à la production de « légumes-lunch » comme les tomates, tomates-cerises, concombres et piments.

Mentionnons qu’après avoir reçu le soutien de la Fondation Desjardins et de la Fondation Maurice-Tanguay, les élèves du Big 6 entendent déposer leur projet au concours OSEntreprendre, auprès duquel l’école de La Marelle a remporté un premier prix provincial l’an dernier.