Fermeture d’une résidence en santé mentale à Lac-Etchemin

SANTÉ. Le CISSS Chaudière-Appalaches choisit de fermer une ressource en santé mentale dans Les Etchemins, soit la résidence l’Intemporelle, située à proximité du Sanatorium Bégin de Lac-Etchemin. La clientèle serait tout simplement relocalisée à Saint-Georges.

L’Intemporelle est une résidence à assistance continue (RAC) qui accueillait six résidents avant la fermeture de l’été dernier et plus d’une douzaine de personnes y occupaient un emploi. L’autre résidence, située dans le bâtiment voisin, accueille une douzaine de personnes. La clientèle sera relocalisée et le CISSS cherche une autre vocation pour cet endroit, possiblement davantage dirigée vers la santé mentale, mais pour les personnes âgées uniquement. Sa fermeture est prévue en avril.

Au CISSS Chaudière-Appalaches, on précise que cette fermeture s’inscrit dans une orientation d’adapter en continu l’offre de service faite aux usagers et en cohérence avec le nouveau plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026. « Après analyse et observations, nous en sommes arrivés à la conclusion que les usagers qui y étaient hébergés n’avaient plus besoin de l’intensité de services offert par une résidence à assistance continue en santé mentale, mais bien plutôt d’une ressource intermédiaire, d’une ressource de type familial ou d’un appartement supervisé qui offrent un milieu de vie plus familial en lien pour le rétablissement des personnes », explique Mireille Gaudreau, relationniste au CISSS.

« La mission des deux autres RAC des secteurs Beauce-Etchemins a aussi été recentrée alors que la RAC L’Horizon de Lac-Etchemin accueille maintenant les usagers plus âgés et vieillissants qui ont des besoins de plus en plus grands de services en santé mentale de maintien de leur réadaptation. L’expertise se bonifie à Lac-Etchemin à cet égard », joute-t-elle.

La résidence avait été fermée temporairement l’été dernier, pour permettre au personnel de prendre des vacances. Le Syndicat des professionnelles en soins de Chaudière-Appalaches craignait déjà, à ce moment, une éventuelle fermeture permanente. « On nous avait pourtant dit que ce serait temporaire, mais c’était le cas. Nous avions rassuré nos membres à ce moment-là, mais nous n’avions pas eu l’heure juste. Il faut s’attendre à d’autres gestes du genre dans le futur. Il ne va rester qu’une RAC à Lac-Etchemin et elle va fermer éventuellement c’est sûr », anticipe Isabelle Bégin, déléguée régionale au syndicat.

Ça ne passe pas

Le maire de Lac-Etchemin et préfet de la MRC des Etchemins, Camil Turmel, n’accepte pas cette décision qu’il associe à une autre perte de services sur le territoire. Il a d’ailleurs transmis ces doléances à la direction du CISSS lors d’une rencontre il y a quelques jours. « La décision a été prise en janvier, annoncée en février, pour être effective le 22 avril. On essaie de nous passer ça en douce et il n’est pas question qu’on laisse aller les choses. C’est clair dans ma tête. On perd des emplois au profit de l’extérieur depuis des années. Nous avons un service en santé mentale à l’heure actuelle avec des services stimulants à proximité. Le CISSS désire réorienter le bâtiment davantage vers la gérontologie. Ce n’est que du camouflage, car il y en a déjà au centre de santé. »

Ce qui le désole davantage, c’est la perte de l’expertise régionale en santé mentale qui existait dans Les Etchemins à l’époque du Sanatorium Bégin et qui a disparu avec la désinstitutionnalisation. « Il y a des services régionaux partout en Chaudière-Appalaches, que ce soit l’orthophonie à Beauceville, la réadaptation à Beauceville ou Charny et d’autres ailleurs. Le milieu de Lac-Etchemin est sécuritaire pour ces gens-là et c’est pourquoi nous avions été choisis à l’époque. Le milieu de la ville n’est pas idéal pour ces clientèles, si tu veux les éloigner de différentes tentations comme la drogue ou autres. »

Président du syndicat des professionnels en soins, Laurier Ouellet y voit lui aussi une perte pour la région des Etchemins. « C’était important aux Etchemins avant ça. Ils disent que c’est par manque de personnel, mais ce sont des coupures de postes. Les gens qui demeurent dans Les Etchemins devront changer de régions pour avoir accès à un emploi », observe.

Ce dernier estime que le CISSS utilise la Covid pour fermer des organismes et abolir des postes. « C’est le début d’une chaîne de supplantation. Des gestionnaires veulent montrer qu’ils sont bons pour équilibrer leur budget en diminuant les services. Ce sont des ressources spécialisées qui vont possiblement devoir travailler ailleurs, ou encore œuvrer dans un secteur d’activité différent. Il risque d’y avoir des pertes d’emplois. Ça n’implique aussi jamais uniquement que les personnes visées, il y a un effet domino ailleurs ensuite », déplore-t-il.

À ce sujet, le CISSS Chaudière-Appalaches réfute les possibilités de pertes d’emploi à la suite de cette décision et parle, au contraire, d’un enjeu de recrutement. « Dans les dernières années, plusieurs postes (7 dans les derniers mois), n’étaient pas comblés. Au total, même si nous avons aboli 15 postes pour lesquels les personnes pourront être replacées notamment au CHSLD de Lac-Etchemin, les besoins en main-d’œuvre étant grands, 7 nouveaux postes ont été créés à l’autre RAC de Lac-Etchemin, L’Horizon. Au net, il n’y a aucune perte d’emploi », insiste Mireille Gaudreau.

Camil Turmel entend mettre de la pression et utiliser tous les canaux disponibles pour le faire, surtout qu’il craint également la perte du service de pharmacie au Centre de santé. « Il devait s’ouvrir un poste aux Etchemins et il a été plutôt ouvert à Saint-Georges. Sur le plancher, on nous le dit que c’est une question de temps avant que ça parte, un peu comme le robot acquis il y a deux ans à grands coûts. Ça aussi, on veut le fermer, selon ce que j’entends. Quand est-ce que ça va arrêter ? », se demande-t-il.