Resto Entre Deux Montagnes: innover et diversifier

DOSSIER. Après la fermeture du magasin général de Saint-Nazaire le 31 août, le Restaurant Entre Deux Montagnes décidait d’ouvrir un comptoir de vente de produits alimentaires à l’intention de la population locale.

Sur place, les personnes qui le souhaitent peuvent acheter du lait, du fromage des fruits et légumes, de la liqueur, du vin et divers produits non périssables.

Quelques années plus tard, le propriétaire Michel Fillion trace un bilan positif de l’expérience, même si les ventes sont moins importantes qu’estimées. «J’en vends un peu, mais je peux dire que j’ai des clients fidèles. Ce n’est pas facile pour personne et on n’a qu’à regarder Saint-Philémon, par exemple, où il n’y a plus d’épicerie. Les gens vont beaucoup à l’extérieur, mais je pense qu’ils pourraient acheter davantage localement, et ce, souvent pour le même prix. Tu peux acheter dans ton village si tu veux le garder en vie. Sinon, plus ça ira, il y aura des commerces de proximité qui fermeront», déplore-t-il.

«Les gens vont acheter en ville, mais les gens de la ville ne viennent pas nous encourager. Quand je peux, j’encourage les commerces du secteur, car c’est important pour moi qu’ils continuent à opérer dans la région et desservir notre monde», affirme M. Fillion qui ajoute que les ventes par internet font également mal aux commerces de proximité.

«Quand tu n’auras plus de magasin dans ton village, qu’est que tu vas faire ? Rouler 30 minutes pour acheter une pinte de lait ? C’est malheureusement vers cela qu’on s’en va. Ça ne peut pas être parfait, on le sait. Nos petites épiceries ne peuvent pas garder les mêmes inventaires qu’à Lévis, par exemple.»

Diversifier les activités

En tant que restaurateur, M. Fillion estime que certaines journées sont plus tranquilles que d’autres. C’est notamment le cas les mercredis et les jeudis. «À Saint-Nazaire, nous n’avons pas de grosses entreprises ou de gros employeurs comme ailleurs. J’ai du monde le week-end, mais la semaine, les gens ont moins le temps, ils travaillent à l’extérieur et ils ne prennent pas toujours le temps de monter la côte. J’ai beaucoup de gens de la place qui m’appuient et viennent manger ici, mais la clientèle extérieure nous permet de survivre.»

La diversification des activités demeure donc une planche de salut pour des commerces comme celui de M. Fillion. Ce dernier offre d’ailleurs, depuis quelques années un service de traiteur qui prend peu sa place non seulement à Saint-Nazaire, mais également à l’extérieur.

«J’en fais un peu à l’extérieur, ça s’améliore d’année en année, mais ce n’est pas assez à mon goût. Plusieurs personnes se montrent intéressées, mais en bout de ligne elles souhaitent encourager les entreprises de leurs milieux respectifs, ce que je comprends. Je n’ai toutefois pas le choix d’aller à l’extérieur pour continuer à vivre, car il n’y a pas assez de population ici.»

M. Fillion indique que son restaurant et le service de traiteur lui permettent d’assurer une meilleure rotation des aliments en inventaire sur place et de réduire sensiblement les rejets potentiels.

Outre les produits d’épicerie, M. Fillion vend une cinquantaine de pains maison chaque semaine. Il fabrique également divers pâtés qui connaissent beaucoup de succès auprès de la population. Depuis l’an dernier, il vend également des poches de sel adoucisseur, produit utilisé dans les puits. «Comme on n’a que des puits à Saint-Nazaire, c’est un produit de nécessité. J’ai vendu 75 poches l’an dernier contre 166 cette année. Et je livre à domicile. Il y a toujours moyen de faire des affaires, ça dépend de ce que tu veux faire.»