Ados urbains et ruraux : deux réalités différentes

ADOLESCENCE. La réalité des adolescents en milieu rural diffère-t-elle de celle des autres vivant en milieu urbain, en 2014 ? À en croire plusieurs intervenants de Bellechasse-Etchemins, la réponse est plus qu’évidente…

Une étude de TC Media, visant à brosser le portrait de l’adolescent-type québécois masculin, a fait réagir plusieurs des intervenants interrogés. Dans son étude, la journaliste Stéphanie MacFarlane présente Samuel, l’adolescent-type de 16 ans qui possède un téléphone intelligent, conduit sa voiture et travaille, mais présente divers comportements à risques : il boit de l’alcool, fume du pot, s’alimente mal et commet des crimes.

S’il est une chose sur laquelle tous nos intervenants s’entendent, c’est l’omniprésence des communications par cellulaire, textos et médias sociaux chez nos adolescents. Une situation qui se retrouve autant chez les jeunes urbains et ruraux.

Coordonnateur à la Maison des jeunes l’Olivier des Etchemins, Guillaume Rodrigue, confirme que les jeunes qui fréquentent le local de Saint-Prosper, où il est basé, « sont presque toujours sur leur IPod, leur tablette ou leur cellulaire. C’est toutefois plus prononcé chez les filles que les garçons. Ça mine parfois l’ambiance qui règne chez nous », déplore-t-il. « Les jeunes se servent plus facilement des émoticônes que des vrais mots pour exprimer leurs opinions et leurs états d’âme », poursuit-il.

Comportements à risques

Les résultats de l’étude TC Medias décrit également Samuel comme un jeune qui présente divers comportements à risques (alcool et drogues), s’alimente mal et commet des crimes. Comme 49 % des adolescents québécois, il a déjà eu des relations sexuelles et n’a peut-être pas utilisé de condoms lors de sa dernière relation, comme 30 % des gars de son âge.

« Des jeunes qui ont de tels comportements à risques, on en retrouve pas mal plus en ville qu’ici. Nos ados sont beaucoup plus tranquilles et les cas à problèmes sont loin de représenter la majorité », note Mathieu Gaudette, organisateur communautaire au CSSS des Etchemins.

M. Gaudette rappelle qu’un adolescents est, à la base, une personne en recherche d’identité et doit faire ses propres expériences afin de découvrir ce qu’il aime ou n’aime pas, mais aussi le type de personne qu’il souhaite devenir ou ne pas être dans le futur.

Travailleur de rue au Carrefour jeunesse-emploi de Bellechasse depuis une quinzaine d’années, Jérôme Baillargeon abonde dans le même sens, ajoutant qu’il est très difficile, voire dangereux d’établir un portrait fidèle de l’adolescent-type. « Il faut que les jeunes fassent leurs propres expérience. Si 50 % plus un des jeunes adoptent un comportement à risque quelconque au moins une fois dans leur vie, est-ce que cela fait d’eux des êtres inconséquents ? »

À l’image négative qui est souvent apposée aux jeunes de la région, comme ailleurs au Québec, Guillaume Rodrigue, Mathieu Gaudette et Jérôme Baillargeon prônent plutôt l’image des jeunes qui s’impliquent dans les sports, la vie culturelle et différents organismes, que ce soit en milieu scolaire ou dans leurs communautés respectives.

« Les jeunes sont fiers de leurs équipes, de leur entourage. C’est une implication qui est mésestimée, dont on ne fait pas assez état. On parle du 50 % qui consomment, mais on ne parle pas assez de l’autre 50 % qui ne consomment pas et qui ne se retrouvent pas dans cela », affirme Mathieu Gaudette.

Le milieu scolaire réagit

Directeur de l’école des Appalaches de Sainte-Justine, David Dumas croit également que le portrait de l’adolescent-type (Samuel), surtout en ce qui a trait aux comportements à risques, est loin de refléter la situation actuelle des jeunes de notre région.

« Cela me semble plus un type de comportement que l’on voit dans les centres urbains. Nous travaillons fort pour sensibiliser nos jeunes à l’importance de bien se nourrir et les prévenir contre les effets négatifs entourant la consommation d’alcool et drogues, ainsi qu’une surutilisation des médias sociaux. Nos jeunes ont beaucoup évolué au fil des ans », clame-t-il.

Citant des données émanant du ministère de l’Éducation, M. Dumas mentionne que seulement 5,7 % des adolescents auraient des comportements à risques, que ce soit au niveau de la consommation d’alcool ou de drogues ou autres. Quant à une donnée voulant que les jeunes fréquentant les écoles secondaires sortent trois fois par semaine en moyenne du milieu scolaire à la recherche de malbouffe, il ne croit pas que ce soit aussi fréquent qu’on le pense.

« Je me demande toutefois si nous ne sommes pas un peu trop restrictifs à ce niveau dans le milieu scolaire. Il est important pour les jeunes de bien s’alimenter, mais on a peut-être pris un virage trop rapide et radical. »

Sa collègue Marie-Andrée Gilbert de l’école secondaire Saint-Anselme est aussi d’avis que le portrait de Samuel ne reflète pas la réalité des jeunes de Bellechasse. « Certains de nos jeunes adoptent des comportements à risques, certes, mais pas nécessairement une combinaison de ceux-ci. Et surtout, ils ne sont qu’une minorité », dit-elle.

Mme Gilbert confirme elle aussi que les jeunes de la région sont très sportifs et s’impliquent à fond dans les équipes sportives de leur école, que ce soit à Saint-Anselme ou ailleurs. « Dans un sondage mené à la fin de l’année scolaire, 50 % de nos jeunes ont répondu que le sport était leur priorité. Ils ont un fort sentiment d’appartenance envers leurs équipes. »