Ambulances dans le secteur L’Islet-Sud: le CISSS fait marche arrière, pour le moment

SANTÉ. Le CISSS de Chaudière-Appalaches a pris la décision de mettre sur pause son projet de transformation de l’horaire de faction à un horaire à l’heure pour le service ambulancier du secteur de Montmagny-Sud et Saint-Magloire.

Cette décision aurait entraîné, rappelons-le, la fermeture du service ambulancier de nuit à la centrale de Saint-Fabien à compter du 31 mars, les localités concernées devant, entre 18 h et 6 le matin, être desservies par les services ambulanciers d’Armagh, Sainte-Justine et Saint-Pamphile.

Dans un communiqué émis le vendredi 27 janvier, le CISSS souligne qu’après avoir mené différents échanges avec ses partenaires, les élus municipaux de la MRC de Montmagny et plusieurs autres de la MRC des Etchemins au cours des jours précédents, tous avaient convenu de prendre un pas de côté et de ne pas précipiter le déploiement pour ces secteurs.

« Cette conduite (nous) permettra d’expliquer encore davantage le projet aux élus des municipalités concernées et également à leurs citoyens respectifs », indique le CISSS qui se dit convaincu, toutefois que les changements annoncés par la conversion des horaires à faction en horaires à l’heure seront bénéfiques à terme pour la population.

« Nous sommes toutefois conscients que des informations véhiculées sur la place publique concernant ce changement génèrent de l’anxiété auprès de la population, notamment auprès des citoyens les plus vulnérables. Dans ce contexte, le CISSS souhaite rassurer la population qu’il n’entend pas imposer ce changement sans que les bénéfices de celui-ci, pour la population, soient bien compris et qu’ils suscitent l’adhésion de ses partenaires municipaux », indique-t-on également.

On ajoute que des discussions se poursuivront, au cours des prochaines semaines, avec les élus concernés et que de l’information supplémentaire sera acheminée auprès des citoyens de ces secteurs.

Rappelons que la zone ambulancière 322, concernée par la modification des horaires des services ambulanciers qui n’avaient toujours pas été convertis en 2022-2023, est celle de Saint-Fabien-de-Panet qui couvre, outre cette municipalité, les localités de Lac-Frontière, Saint-Just-de-Bretenières, Saint-Paul-de-Montminy, Sainte-Apolline-de-Patton et Sainte-Lucie-de-Beauregard et Saint-Magloire.

Daniel Thibault satisfait

Invité à commenter ce revirement de situation, le maire de Saint-Magloire, Daniel Thibault, s’est dit satisfait de cette décision du CISSS, étant toutefois conscient que celle-ci n’est que temporaire, du moins à ses yeux.

« C’est certain que le CISSS a réagi devant la pression populaire et en voyant la grogne que ça causait dans la population. Je ne suis pas mécontent de cette décision pour le moment, mais on sait, après discussion avec eux, que leur plan est intéressant, car on parle d’utilisation maximale de la ressource, tant humaine que matérielle, et on ne peut pas être contre cela », mentionne-t-il.

« Plusieurs services ambulanciers ont été transformés en système 24/7 à l’heure, mais ici on parle de 12 heures au lieu de 24. On nous a dit que ce serait juste une question de volume d’appel qui est beaucoup plus bas la nuit », poursuit-il en se disant également conscient qu’il semble y avoir un fossé entre les données du CISSS et ceux d’Ambulances L’Islet-Sud.

« Je crois que la population sera satisfaite pour le moment, mais ça sera éventuellement ramené sur le tapis. »

Réaction des ambulanciers

Rejoint en début d’après-midi vendredi, le superviseur chez Ambulances L’Islet-Sud, Mario Robitaille, a souligné qu’il n’avait pas été mis au courant de cette décision par le CISSS et que c’était par le biais des médias qu’il avait d’abord été informé de ce revirement de situation.

« Méchante punition pour avoir osé parler », furent ses premiers commentaires, par courriel. « Ils ont décidé de repousser l’entrée en vigueur de la mesure (horaires à l’heure 12 heures par jour) et j’ai bien hâte de voir ce que se passera », a-t-il ensuite ajouté dans un entretien téléphonique.

M. Robitaille dit avoir eu un entretien avec les responsables du CISSS le 24 janvier dernier, ajoutant que les deux parties ne s’entendaient pas sur un point en particulier, soit le nombre d’appels de nuit qui permettraient peut-être de justifier l’ajout d’une ambulance avec un horaire à l’heure, de nuit.

« Ils m’ont dit que j’avais induit les gens en erreur en disant que le tiers de nos appels avaient lieu la nuit. Sur 435 appels l’an dernier, on en a eu 181 de nuit, soit en entre 18 h et 8 heures du matin, soit les heures à laquelle il n’y aurait plus de services ambulanciers à Saint-Fabien à compter du 31 mars avec le nouveau système d’horaire à l’heure de jour. Pour eux, c’est de minuit à 8 h le matin et ils parlent de 18 % d’appels au lieu du tiers », a-t-il indiqué.

« J’ai ameuté la population et j’ai fait peur au monde, selon eux. Le but de mon intervention n’était pas de faire peur à la population, mais d’avertir les maires que le jour où l’ambulance allait tomber à un horaire à l’heure de 12 heures par jour, la centrale de Saint-Fabien serait fermée entre 18 h et 6 h. Comme les ambulances vont venir d’ailleurs, on appréhende des délais », ajoute-t-il.

M. Robitaille dit ne pas savoir ce qui les attend par la suite, à savoir si le CISSS maintiendra l’horaire de faction 24/7 ou s’il implantera l’horaire de jour 12/7 comme annoncé précédemment. « S’ils vont de l’avant l’horaire à l’heure 12/7, c’est certain qu’on va le prendre et on l’a dit au CISSS. C’est important pour nos employés, car le 7-14 ce n’est pas une vie pour eux. La rétention de personnel est difficile, les nouveaux ambulanciers ne veulent pas venir travailler dans ces conditions. »