Chiens dangereux: certains propriétaires critiquent l’application de la loi

ANIMAUX. Un couple de Saint-Anselme juge sévèrement l’Escouade Canine MRC, responsable de l’application de la réglementation sur l’encadrement des chiens dans la plupart des localités de la région.

Guillaume Fortin et sa conjointe Laurie Pelletier reprochent à Simon Bédard, responsable de l’Escouade, ses façons de faire dans la mission qui lui a été confiée par les municipalités, parlant de menaces envers les animaux et d’amendes excessives.

Les premiers événements remontent à septembre dernier, alors que l’un des chiens de Mme Pelletier a infligé une morsure au visage de l’un des enfants de M. Fortin. Or, la mère de l’enfant et ancienne conjointe de M. Fortin, a porté plainte à la suite de l’événement et l’Escouade Canine a été prévenue.

La loi, entrée en vigueur le 3 mars 2020 dans toute la province, stipule qu’une morsure infligée par un chien potentiellement dangereux doit être signalée. Ce sont les municipalités qui ont la responsabilité d’appliquer la réglementation et celles-ci ont confié ce mandat à L’Escouade Canine MRC.

« Lorsque l’événement s’est produit, j’étais à l’extérieur, chez le dentiste, et ma conjointe dehors avec mon plus jeune. Il a voulu se rendre à la salle de bain en courant. Lorsqu’elle est entrée, l’événement était déjà survenu. On ne connait pas les circonstances, mais possiblement que le chien a été surpris de voir l’enfant courir et a mal réagi », explique M. Fortin.

L’animal en cause, Roxy, est une chienne de type Pitbull d’environ 25 kilos. « Depuis les événements, un rapport de vétérinaire a été produit et indique, après évaluation, que le chien n’est pas dangereux. La morsure n’a pas nécessité d’hospitalisation. On a voulu montrer que nous étions de bonne foi. On assume ce qui s’est produit. Ça fait trois ans que l’on cohabite, moi, ma conjointe, les enfants et les chiens. C’est le premier événement du genre qui se produit », se défend Guillaume Fortin.

« L’événement s’est produit le 13 septembre et j’ai reçu une communication le 28 septembre. Je m’attendais à un appel, je connais le processus, mais pas à me faire menacer de la sorte », ajoute Mme Pelletier.

« J’avais déjà recruté un éducateur canin pour recevoir quelques conseils sur la cohabitation avec les animaux et l’ensemble de la famille et le rendez-vous était prévu pour la semaine suivante. Ma conjointe n’a même pas eu le temps de comprendre la raison de l’appel qu’on lui disait que notre chien était déclaré dangereux et qu’il viendrait le saisir et l’euthanasier. On a essayé d’expliquer l’ensemble de la situation », ajoute M. Fortin qui qualifie l’attitude de l’Escouade d’un peu cavalière.

« Il n’y a pas de barèmes et la réglementation laisse trop de zones grises. La loi est plus sévère depuis quelques mois, mais il y a encore des zones grises. »

Euthanasier son animal

Longtemps résidente de Lac-Etchemin mais récemment déménagée dans Portneuf, Michelle Carter a elle aussi eu à composer avec une morsure faite par l’un de ses chiens. L’Escouade Canine a, là aussi, dû s’impliquer dans le dossier. « Une personne marchait devant la maison et il est allé la rejoindre. Il a mordu, mais elle n’a pas perforé la peau. Je n’excuse pas le geste de mon chien, mais le MAPAQ m’a dit que mon chien avait tout ce qu’il fallait comme vaccin. Mon vétérinaire s’en occupe très bien », raconte-t-elle.

« Il m’a menacé de faire tuer mes chiens, dont un en raison d’événements qui sont survenus dans le passé. Il ne les a jamais vus. J’ai reçu l’appel une dizaine de jours après l’événement. Si mes chiens avaient été si dangereux, il m’aurait appelé avant sûrement. J’aurais aimé qu’il me suggère qu’on s’assoit ensemble pour que je sois moins sur la défensive et stressée. Je me suis battue pour garder mon chien, mais j’ai dû le faire tuer », déplore-t-elle en avouant toutefois que l’animal n’en était pas à ses premiers écarts de conduite.

Incidents et émotions

Simon Bédard de l’Escouade Canine MRC dit avoir bon souvenir des deux dossiers en question et se défend d’avoir outrepassé ses droits. « Je n’ai fait que répondre à une plainte. J’ai eu des conversations avec M. Fortin et ce que je lui ai dit, c’est uniquement la lecture de la loi sur les chiens dangereux et ce que la municipalité pouvait exiger. Il dit que j’ai menacé de tuer son chien, ce n’est pas ça du tout. C’est la municipalité qui peut demander l’euthanasie d’un animal après une évaluation. Les conversations que j’ai eues avec Mme Carter sont du même genre. Je n’ai fait que lui expliquer la loi sur les chiens dangereux et ce que cela implique. Il y a une différence entre menacer quelqu’un et lui lire un règlement. »

Il estime avoir tout simplement joué son rôle. « Nous sommes des officiers municipaux mandatés pour faire respecter la loi provinciale et les règlements municipaux. Il y a une différence entre outrepasser ses droits et lire un règlement puis l’appliquer à la lettre. Il y a aussi une différence entre harceler et répéter un règlement à quelqu’un qui n’écoute pas. »

Simon Bédard convient que les personnes avec qui il doit composer peuvent réagir de différentes façons. « Un cas de morsure chez un chien, c’est triste. Ce sont des dossiers émotifs. Pour certains, c’est comme leur enfant. Il y a possiblement une incompréhension de la loi. Le gouvernement a lâché ça dans la cour des municipalités qui ont dû réagir. Il y a eu trop peu de publicité sur le sujet et la loi est assez sévère. »

Il estime qu’appliquer la loi est somme toute assez simple, malgré tout. « Il y a des cas particuliers dans chaque municipalité et je les connais par cœur. La personne, propriétaire d’un chien qui a mordu, a le choix de faire évaluer son chien, de le céder ou de le faire euthanasier. Il y a 91 règlements différents et je les connais à la lettre. »

« Il y a des gens qui pensent que l’on veut tuer tous les animaux. On en recueille tellement qu’on ne sait plus où les mettre. Nous sommes en train d’ouvrir le plus gros refuge en Chaudière-Appalaches à Beauceville, justement parce qu’on manque de place. À celui de Saint-Séverin, nous avons à l’heure actuelle 204 chats, 42 chiens, trois cochons-dingues, six lapins et un furet. Nous sommes débordés », explique M. Bédard.

Sur certaines critiques voulant que l’Escouade néglige peut-être certaines espèces, notamment les chats, M. Dufour se défend là aussi en disant que la demande est grande. « Concernant les chats errants, nous en avons sauvé près de 1 500 cette année. Le fait que le refuge soit à mon domicile déplait peut-être à certaines personnes. C’est pourquoi nous allons tout centraliser à Beauceville, avec un nouveau refuge avec beaucoup d’espace et d’emplacements. On y investit près de 700 000 $ », explique-t-il en conclusion.

Rappelons que l’Escouade Canine dessert huit MRC de la région, soit Beauce-Sartigan, Bellechasse, La Nouvelle-Beauce, Robert-Cliche, Les Etchemins et la MRC du Granit. Elle compte 26 employés, dont 4 vétérinaires à temps pleins dans le refuge situé à Saint-Séverin. Ses bureaux administratifs sont situés à Frampton.