Côtoyer le pape François: une expérience unique pour Pierre-Paul Deblois

RELIGION. La visite historique du pape François 1er au Canada dans la dernière semaine de juillet, les excuses de ce dernier au nom de l’église catholique dans le dossier des pensionnats autochtones et la messe qu’il a célébrée en la Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, le 28 juillet, resteront gravées dans la mémoire de plusieurs.

Il en sera de même pour la communauté chrétienne de Bellechasse-Etchemins et de son seul diacre, Pierre-Paul Deblois de Sainte-Claire, qui a eu l’honneur de côtoyer de très près le Saint-Père lors de la cérémonie religieuse, étant même assis à ses côtés tout au long de celle-ci.

À la demande du Saint-Père qui avait demandé que des diacres du diocèse puissent le seconder lors de la messe du 28 juillet, le Cardinal Gérald-Cyprien Lacroix a invité quatre d’entre eux, dont M. Deblois qu’il avait lui-même ordonné diacre le 9 novembre 2014.

Responsable de la formation des diacres diocésains depuis quatre ans, M. Deblois a donc reçu cet appel inattendu qui lui a permis de vivre une expérience hors de l’ordinaire, dont il se souviendra le reste de ses jours.

« C’est une expérience de vie à la fois matérielle et spirituelle, particulièrement pour le croyant catholique et le diacre que je suis. D’être assis à côté de celui qui représente notre foi dans le monde, ce n’est pas banal », racontait-il au lendemain de cette messe historique.

Ainsi, parmi les quatre diacres choisis, M. Deblois et son collègue Guy Boily de Saint-Jean-Chrysostome ont été choisis pour accompagner le pape durant la messe ainsi que pour la procession d’entrée et de sortie. Ils ont été assis à ses côtés tout au long de la cérémonie, jouant ainsi le rôle « d’anges gardiens », comme leur soulignait le cérémoniaire du pape peu avant la cérémonie.

Montrer patte blanche

Une fois qu’ils ont appris qu’ils avaient été choisis pour accompagner le pape durant la cérémonie du 28 juillet, les quatre diacres devaient se plier à une panoplie de mesures de sécurité.

« Il fallait d’abord demander notre accréditation auprès de la GRC, ce qu’on a eu à la dernière minute, ainsi que notre carte d’accès pour entrer dans la sacristie où se trouvait le pape », mentionne-t-il en ajoutant que les journées de mercredi et de jeudi (27 et 28 juillet) avaient été à la fois longues et remplies d’émotions.

« Mercredi, il fallait arriver au Centre Vidéotron à 7 h le matin pour ensuite se rendre à la basilique à bord d’une navette. On a attendu 12 heures pour pratiquer une heure en tout. Cela a été l’occasion de rencontrer tous les cérémoniaires, autant ceux du diocèse ainsi que ceux venant de Rome », souligne-t-il en ajoutant que lui et ses collègues ont quitté la basilique à 19 h 30. Une heure plus tard, il était à sa chambre d’hôtel pour une courte nuit de sommeil de quatre heures.

« Il fallait être au Centre Vidéotron à 3 h du matin jeudi, ce qui m’a forcé à me lever à 1 h 45. Il y avait des milliers de gens qui arrivaient en même temps et une fois la sécurité passée, on nous remettait une autre carte d’accès nous donnant le droit d’être dans la basilique. Avec notre accréditation fédérale, cela nous permettait également d’avoir accès au pape », poursuit-il en ajoutant qu’une fois sur place, ils ont attendu six heures de plus, avant l’arrivée du Saint-Père.

Après une pratique de 30 minutes, tous étaient invités à revêtir leurs habits liturgiques. « On a attendu le pape et à son arrivée, on s’est mis en rangée pour l’accueillir. Ensuite, c’était la préparation finale pour la célébration », poursuit M. Deblois qui ajoute qu’à son arrivée, le Saint-Père les a salués personnellement, tour à tour, leur serrant la main et leur remettant un chapelet qu’il avait béni, au préalable.

Puis la messe est arrivée. « Jamais dans 100 ans je n’aurais pensé vivre cela. C’est un grand moment et juste le fait d’être assis à côté du pape, c’était unique. Même si on n’avait rien de spécial à faire. Guy et moi, on se sentait privilégiés de vivre cela », ajoute M. Deblois.

Homme humble

Pierre-Paul Deblois souligne que ce contact étroit avec le pape lui a permis de découvrir un homme rempli d’une grande humilité, mais souffrant. « Faire un voyage comme -celui-là pour un homme de 85 ans, c’est quelque chose et ce qui m’a impressionné le plus c’est à la fin, quand il a demandé qu’on l’apporte devant la foule. Nous et ses gardes du corps sommes restés derrière et il était seul avec les gens, sans protection. Une mère amérindienne lui a apporté son enfant handicapé, c’était un moment très émouvant », précise-t-il en ajoutant avoir été impressionné par tout le cérémonial entourant la présence des autochtones pour qui cette visite était importante.

« Tout cela a été un baume pour plusieurs d’entre eux, mais possiblement pas pour tous, car la blessure est tellement profonde que rien ne réparera le tort causé. Que le pape François ait fait ce pèlerinage de pénitence juste pour eux, c’était spécial ça aussi. »

Fierté pour sa région

Pierre-Paul Deblois se dit heureux de cette expérience qui aura été positive pour lui, mais également pour l’ensemble de la communauté de Bellechasse-Etchemins. « Comme je suis le premier et encore le seul diacre en Bellechasse-Etchemins, tout cela avait un sens particulier pour moi, car j’avais aussi le sentiment que je représentais les gens de ma région. Si j’ai eu accès à tout cela, c’est certain que c’est parce que j’ai été ordonné diacre et que le cardinal a reconnu que j’étais utile comme responsable de la formation des diacres. C’est aussi au nom de la foi que je suis là et cette dernière m’a été transmise par ma communauté, par les gens de Bellechasse-Etchemins », mentionne-t-il en terminant.