MRC de Bellechasse: des anciens dénoncent un climat malsain
Les nombreux départs au sein du personnel de la MRC de Bellechasse, au cours des derniers mois, amènent la MRC à procéder à une analyse de sa structure organisationnelle. Une firme a d’ailleurs été mandatée à cet effet au cours des dernières semaines.
La MRC de Bellechasse avait annoncé, en mai dernier, son intention de procéder à cette analyse, ajoutant que la contribution et la participation active de la direction et de l’ensemble du personnel étaient nécessaires. Dans une résolution adoptée à sa séance publique de juillet, le conseil des maires de la MRC réitérait son soutien à la direction générale dans les démarches entreprises dans le cadre de la mise en place du plan d’action.
« On sentait qu’il était important de confirmer à la direction que nous étions derrière eux. Nous avons eu une étude il y a cinq ans et avions reçu des recommandations. Nous avions mis en œuvre un plan d’action à ce moment-là et souhaitons le remettre à jour pour s’assurer que ça convient. Nous allons valider si c’est le cas. Il n’y a pas d’échéance », illustrait le préfet de la MRC, Yvon Dumont, lors de la séance publique de juillet.
Le journal avait d’ailleurs fait état d’une série de démissions à la MRC en avril 2019. La direction avait alors évoqué l’attractivité des grands centres et la forte compétition pour expliquer les difficultés de recrutement des régions rurales en général, un phénomène qui ne semble pas unique à la MRC de Bellechasse.
Des anciens aux aguets
La présence d’anciens employés de la MRC aux récentes séances publiques en a toutefois fait sourciller plus d’un et illustre un certain malaise au sein de l’entité. Près d’une dizaine d’entre eux se sont récemment réunis, à l’invitation du journal, et ont étalé leur point de vue. Un climat chancelant et malsain serait au cœur de plusieurs des départs, selon eux. Leur identité sera préservée à leur demande et le masculin utilisé pour alléger le texte.
Un premier ancien employé, salarié à la MRC pendant plus de 20 ans, raconte être parti de son propre chef après avoir été témoin de ce climat malsain. « Un responsable ne m’aimait pas et je l’ai vu s’en prendre à quelqu’un dans son dos. J’ai levé la main pour lui dire de ne pas agir de cette façon et il a tout de même continué. Je ne pouvais pas aller voir plus haut pour des raisons personnelles. »
Les anciens employés citent des dépenses mirobolantes pour des choses qui auraient dû être plus abordables et des choix douteux dans certains domaines. « La MRC dépense de l’argent et on ne peut faire aucune suggestion. J’ai essayé quelques fois et non seulement ça n’a pas été retenu, mais on m’a clairement démontré que ça leur déplaisait. »
Un autre ancien employé, sur place une douzaine d’années avant de démissionner, confirme ses propos. « On nous a clairement dit dans des réunions qu’ils ne voulaient pas notre opinion. On ne pouvait plus dire ce que l’on pensait et suggérer des façons différentes de travailler. On a scindé notre équipe et affecté des gens ailleurs. On m’a mise sur une blacklist, comme on l’a fait avec d’autres. L’ambiance était dégueulasse. »
Sur le climat au sein du personnel, cette personne ajoute que des clans se sont éventuellement formés à l’interne. « Des gens ont été embauchés sans entrevue, d’autres obtenu des conditions supplémentaires auxquelles ils n’avaient pas nécessairement droit. Tout ça faisait que la plupart marchaient sur des œufs et se surveillaient constamment. »
Un ancien gestionnaire de service à la MRC dit avoir quitté avec le sentiment que sa relève serait assurée, ce qui s’est compliqué ensuite. « J’ai senti qu’il y avait eu de la manipulation pour nommer une personne plutôt qu’une autre. À peine quelques mois plus tard, près d’une demi-douzaine de personnes avaient quitté la MRC. Je pensais que l’hémorragie était finie, mais ce n’était pas le cas. »
Sur les départs récents à la MRC, le préfet Yvon Dumont évoque de nouveau la compétition existante dans le monde municipal et la fonction publique. « Des gens ont trouvé des emplois ailleurs et sont allés chercher des avantages différents. »
Chez les anciens employés, tous s’entendent pour dire qu’ils avaient du plaisir à œuvrer à la MRC. « C’était le dénominateur commun. C’était plaisant et c’est la mort dans l’âme que plusieurs ont quitté. D’ailleurs, plusieurs reviendraient s’il y avait des changements », confie l’un de nos intervenants.
Pour un autre, l’analyse actuellement en cours pourrait offrir des pistes de solutions aux élus, si elle se fait sur plusieurs tableaux.
« Les élus doivent ressentir la pression d’engager la firme et s’assurer qu’elle fasse un travail complet, autant auprès des personnes qui ont quitté que tout le reste. Ils n’ont qu’une version des événements et prendre une décision, quand tu n’as qu’une version, devient difficile », résume-t-il.