Des producteurs pourraient contester leur nouveau contrat
ACÉRICULTURE. Des producteurs de sirop d’érable de la région, œuvrant de l’autre côté de la frontière, envisagent de contester le contrat de location qui leur permet d’exploiter leur érablière en territoire américain.
L’histoire a été récemment mise au jour par quelques médias américains, dont le journaliste Michael Shepherd du Bangor Daily News qui s’est rendu sur place, dans l’État du Maine, afin de prendre le pouls de certains producteurs.
Le nouveau bail des exploitants fait grimper de 63 cents, à 1,25 $, le coût à l’entaille qu’ils doivent verser au propriétaire des terres en question, Paul Fortin. Ce dernier et ses partenaires sont toutefois en voie d’obtenir, du gouvernement américain, un montant substantiel de près de 6 M$ dont l’objectif vise la conservation de la forêt plutôt que la coupe des arbres, une donnée importante dans le dossier. Le fait que l’État du Maine souhaite préserver l’endroit pour conserver sa position dans l’industrie acéricole américaine fait aussi partie de l’équation.
Le territoire en question, le Big Six, est surtout accessible via le poste frontalier de Sainte-Aurélie et comprend environ 350 000 érables. Le quart de la production de sirop d’érable de l’État du Maine provient de ce secteur. Il permet à une quarantaine de producteurs, presque tous de Chaudière-Appalaches, de gagner leur vie et cela, depuis quelques générations dans certains cas.
Ces acériculteurs québécois se sont regroupés il y a quelques années sous une coopérative, la Coop des producteurs de sucre américain de Dorchester et résident à Sainte-Justine, Sainte-Aurélie, Saint-Zacharie, Saint-Joseph et Saint-Prosper, en majorité.
Pas le choix
Si plusieurs acceptent le contrat avec ses nouvelles réalités, Benoit Giroux de Saint-Prosper, qui exploite 83 000 entailles de l’autre côté de la frontière, jongle avec la possibilité de contester l’entente, prétextant l’avoir signé sous certaines pressions et en raison des nombreux investissements effectués au cours des dernières années. «Ils nous menaçaient depuis deux ans de nous jeter dehors et de nous empêcher d’avoir accès à la frontière si nous n’avions pas de contrat. C’est passé du simple au double et je pense que ça n’a pas d’allure une augmentation comme celle-là.»
M. Giroux estime par ailleurs que l’entente, signée en janvier dernier, l’empêchera d’investir davantage dans son érablière et freinera son développement. «Nous sommes tous des producteurs d’un certain âge. À 57 ans, je suis parmi les plus jeunes. Nous pouvons tous bien vivre de ça, sauf qu’il faudra céder notre place à un moment donné. Chaque année, tu te dois d’investir beaucoup et les nouveaux tarifs vont nous empêcher de vendre ou de nous associer à une relève.»
La production des acériculteurs québécois en sol américain est surtout acheminée à des distributeurs du New Hampshire et du Vermont, puis vendue partout aux États-Unis.