Des résidents de Beaumont contre un projet de classement patrimonial
MUNICIPAL. Près de 70 résidents d’un nouveau quartier résidentiel de Beaumont demandent à la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, d’annuler son avis d’intention de procéder au classement des vestiges de l’ancien Fort de Beaumont.
La ministre avait annoncé ses couleurs en février dernier, jugeant que l’endroit est l’un des rares sites militaires exclusivement associés à la Première Guerre mondiale à se trouver en sol québécois. Dans l’état actuel des choses, un dépôt à munitions et une base de canon se trouvant du côté nord-ouest seront préservés et mis en valeur, alors que la base de canon du côté sud sera démolie.
Dans une pétition adressée au Conseil du patrimoine culturel du Québec, les résidents se disent d’accord avec le classement de l’abri à munition présent sur les lieux, mais contre le classement et la préservation des bases de canons, jugeant leur valeur patrimoniale faible.
Ils ajoutent qu’en raison de l’état de dégradation du ciment, des travaux importants et coûteux devront être réalisés afin de la sécuriser et qu’il sera difficile d’intégrer le tout au cœur d’un développement résidentiel.
Dans le libellé de la pétition, les vestiges en ciment sont décrits comme « une cicatrice dans un quartier résidentiel » et qu’ils « posent un problème d’intégration architecturale et un enjeu d’acceptabilité sociale. »
Promoteur du Domaine St-Laurent, un projet de développement résidentiel déjà en cours, Simon Breton estime que le secteur pourrait accueillir une centaine de résidences dans quelques années et que la municipalité a tout en main afin de demander à la ministre de ne pas donner suite à son intention de procéder au classement « de cette masse de béton effritée abandonnée en plein champ depuis plus de cent ans. »
Il croyait pourtant avoir une entente avec la municipalité sur le sujet, sauf que l’intervention de divers groupes est venue changer la donne. « La municipalité devrait être cohérente avec l’entente qu’elle a prise avec nous. Ce qui me choque le plus, c’est de passer pour un mauvais citoyen corporatif insensible à l’importance de la mise en valeur du patrimoine. Pourtant, comme entrepreneur, j’ai construit plus d’une centaine de maisons de grande qualité à Beaumont, j’ai eu à restaurer de nombreuses maisons patrimoniales, j’ai même été pendant deux termes marguiller pour l’église Saint-Étienne qui est la plus vieille église de paroisse du Québec encore existante. Là on parle de patrimoine. Pas une base de canon de 1914 qui n’aura jamais servi et dont le ciment pourri tombe en poussière et représente un risque pour la sécurité des enfants. »
Il estime d’ailleurs subir un important préjudice financier et de gros dommages à l’heure actuelle. « Avec ma conjointe Henriette, on a tout investi dans notre développement domiciliaire d’une valeur de 70 millions quand il aura été complété. Ce développement rapportera des taxes appréciables à la municipalité. Mais pour ça, il faut nous le laisser construire, pas nous mettre des bâtons dans les roues comme présentement. »
De son côté, le maire de la municipalité de Beaumont, David Christopher, préfère attendre avant de commenter, puisque le dossier doit encore faire l’objet de discussions et qu’une position pourrait être communiquée lors de la prochaine séance publique du conseil municipal.