Diego Ordoñez: le cheminement d’un jeune prodige
SAINTE-JUSTINE. Lors de la remise des méritas scolaires en juin dernier à l’école des Appalaches de Sainte-Justine, un nom retenait l’attention de plusieurs : Diego Ordoñez.
Arrivé en septembre 2022, le jeune Colombien de 16 ans amorçait alors son 4e secondaire. S’il ne parlait pas un mot de français au départ, il a rapidement su faire son chemin, apprenant les rudiments de la langue de Molière en quatre mois et obtenant des résultats scolaires bien au-delà de la moyenne, par la suite, dans le programme régulier.
C’est sous la férule de l’enseignante Sophie René, responsable de la francisation, que Diego a amorcé son parcours scolaire à Sainte-Justine. Cours réguliers le matin et cours de francisation en après-midi meublaient ses journées.
« Je pratiquais les principes de francisation dans mes cours réguliers au départ, car je ne comprenais rien. J’étais motivé à apprendre le français le plus rapidement possible et c’est ce que j’ai fait. Mon père me rappelait que je devais le faire pour suivre mes cours réguliers », indique le jeune homme qui continuait son étude du français à la maison, en soirée.
« Dès janvier, il avait atteint le niveau requis pour intégrer le problème régulier à 100 pour cent, ce qui est très bien, car la plupart prennent une année complète pour atteindre ce niveau », soutient Mme René en ajoutant que son intégration a été facilitée après son entrée dans l’équipe de basketball de l’école, sport qu’il pratiquait en Colombie.
« On ne pensait pas qu’il allait réussir comme il l’a fait. On s’est dit qu’on irait chercher le plus de crédits possible en vue de l’obtention de son DES, mais il a surpassé toutes les attentes, recevant notamment le méritas de la meilleure amélioration académique remis par la députée », poursuit Mme René.
Cette dernière précise que dans son groupe de secondaire 4, Diego est l’élève ayant obtenu la meilleure note en histoire (98 %), « ce qui est exceptionnel en sachant que l’examen de fin d’année était difficile et que 20 élèves l’ont échoué. »
Il a suivi le cours régulier de mathématiques en secondaire 4 et vers la fin de l’année, son enseignant a proposé de lui faire passer le programme de mathématiques fortes, sachant qu’il souhaitait devenir ingénieur mécanique. « Il avait des 100 % tout le temps au régulier et à trois semaines de la fin de l’année scolaire, il a commencé à suivre le programme de maths fortes lors des périodes de récupération. On lui a fait passer les tests et il a eu 100 pour cent également », poursuit-elle en ajoutant qu’il avait aussi eu la meilleure note de son groupe en français, en plus d’exceller en arts plastiques et au basketball.
Jeune homme modeste
S’il reconnaît ses faits d’armes scolaires, Diego Ordoñez fait preuve de modestie, ajoutant que ces résultats le réjouissaient, mais qu’il ne cherchait pas à s’en vanter devant ses proches et amis. Qu’à cela ne tienne, outre le français, il a dû également se lancer dans l’apprentissage de l’anglais, matière qu’il ne connaissait que peu avant son arrivée ici.
« J’ai commencé à zéro là aussi », rappelle le jeune homme qui entrevoit la prochaine année scolaire, sa dernière déjà à -Sainte-Justine, avec beaucoup de positivisme. « Ce que je souhaite, c’est de réussir tous mes cours et d’obtenir les meilleures notes possible. Je veux faire de mon mieux pour ensuite aller au Cégep, puis à l’université », affirme-t-il.
Pour leur fils
Si la famille est arrivée à Sainte-Justine à la fin de l’été 2022, il ne s’agissait pas du premier séjour du père de Diego, Milton, qui avait été recruté par Rotobec en 2018 et avait passé deux ans et demi dans la région avant de retourner dans son pays, n’ayant pu alors obtenir de visa pour son épouse et son fils.
« Quand Rotobec m’a demandé si je souhaitais revenir, je leur ai répondu que ce serait à la condition que ma famille puisse m’accompagner. Nous avons obtenu nos visas et nous sommes ici. Ce sont des sacrifices pour nous, mais on le fait pour notre fils, pour qu’il ait un meilleur avenir », indique M. Ordoñez lors de l’entretien. Lui et son épouse Ysabel suivent eux aussi des cours de francisation, à Saint-Cyprien, à travers leurs emplois respectifs.
S’ils entendent un jour (possiblement à la retraite) retourner dans leur pays, Milton et Ysabel savent que ce ne sera pas nécessairement le cas pour leur fils unique. « Je suis heureux de voir mon fils s’intégrer. Je n’ai pas peur qu’il perde sa culture, on est venus ici pour lui, car c’est plus tranquille et sécuritaire que dans notre pays », indique le chef de la famille qui poursuivra ses démarches afin de solidifier leur présence en terre québécoise avec l’obtention de leur résidence permanente et qui sait, peut-être, de leur citoyenneté canadienne d’ici quelques années.