École des Appalaches : lutter contre le vapotage

-SAINTE-JUSTINE. L’école des Appalaches de Sainte-Justine, comme l’ensemble des établissements scolaires du Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemins, a adhéré au plan « Génération sans fumée », programme provincial visant à contrer les effets négatifs du tabagisme et, plus récemment, du vapotage.

Depuis l’an dernier, un comité formé d’intervenants de l’école et d’une représentante de la Sûreté du Québec travaille à la mise en place d’un programme d’activités et d’outils de sensibilisation, de concert avec le Conseil québécois sur le tabagisme et la santé (CQTS).

« L’an dernier, le CQTS nous a approchés pour que l’on devienne une école dans fumée dans le cadre de ce programme qui fait la promotion des saines habitudes de vie. -Celui-ci s’adresse autant aux élèves qu’au personnel et aux visiteurs qui s’arrêtent à l’école », souligne Daphnée Sévigny, intervenante en toxicomanie à l’école des Appalaches.

Mme Sévigny et le directeur adjoint Maxime Lessard mentionnent que si la question du tabagisme est moins présente chez la clientèle scolaire de Sainte-Justine, il en va autrement pour le vapotage qui est en nette progression.

« La problématique des cigarettes électroniques est de plus en plus présente chez les jeunes et Sainte-Justine ne fait pas exception. Nous essayons, par le biais d’activités de prévention et de sensibilisation le midi, ainsi que tout au long de l’année, d’outiller les élèves, les enseignants et surtout les parents pour qu’ils soient au courant des effets néfastes du vapotage », indique Mme Sévigny qui ajoute qu’un plan d’action a été mis en place et qu’un sondage mené l’an dernier avait également démontré l’ignorance des jeunes face aux dangers du vapotage.

« Ils ne savent pas vraiment ce qu’on retrouve dans les cigarettes électroniques. Ils essaient cela parce qu’ils trouvent cela cool. C’est vraiment la curiosité qui les amène à embarquer dans ce mouvement. Ils pensent que c’est moins néfaste pour la santé que le tabac, alors que ce n’est pas le cas », précise-t-elle en rappelant qu’il est possible de développer une dépendance aux cigarettes électroniques du fait que celles-ci contiennent, elles aussi, une forte concentration en nicotine.

Des données étonnantes

L’an dernier, un sondage réalisé à l’intérieur de l’école a démontré que 3 % des élèves de secondaire 1, 13 % des secondaire 2, 17 % des secondaire 3, 24 % des secondaire 4 et 30 % des secondaire 5 avaient essayé le vapotage ou s’identifiaient comme des vapoteurs.

« Nous sommes tout de même en bas de la moyenne provinciale, ce qui est rassurant malgré tout », indique M. Lessard qui rappelle que l’an dernier, avec la pandémie, « on a assisté à des augmentations de consommation par le fait qu’il y avait plus ou moins d’activités dans les murs de l’école et que les jeunes sortaient régulièrement à l’extérieur. »

Comme les jeunes et le personnel doivent fumer ou vapoter à l’extérieur des limites du terrain de l’école, sous peine d’amendes, Mme Sévigny et M. Lessard soulignent que tous les efforts sont consentis afin de garder les élèves le plus loin possible de ce « coin fumeurs », pour qu’ils n’essaient pas cela et n’y prennent pas goût par la suite.

« Quand on voit des élèves qui reviennent le visage blême ou qui ne se sentent pas bien, ça nous incite à les prendre à part et leur poser des questions pour comprendre ce changement de physionomie. Est-ce qu’ils ont vapoté ou changé les produits de vapotage ? De plus en plus, la réponse est oui. On a l’impression que les jeunes ne prennent pas conscience des dangers derrière cela », insiste M. Lessard.

Daphnée Sévigny ajoute que l’école travaille aussi de concert avec la Maison des jeunes l’Olivier des Etchemins qui est très présente à l’extérieur de l’école. Elle souligne que les intervenants de l’organisme vont eux aussi fréquenter les coins fumeurs pour voir les jeunes et les sensibiliser aux dommages causés par le vapotage.

Les deux intervenants ajoutent qu’il y a plus gars que de filles qui vapotent. Les jeunes qui ont répondu au sondage mené l’an dernier ont indiqué que la cigarette électronique était plus attrayante que la cigarette conventionnelle et qu’il était facile de s’en procurer, autant auprès des proches que des amis. Le fait qu’il n’y a pas ou peu d’odeur ou de senteur, comme la cigarette, est un autre élément attrayant.

Bien outiller les parents

Daphnée Sévigny mentionne que de l’information sur le vapotage, ainsi que sur les dépendances en général, est acheminée aux parents par le biais des réseaux sociaux ou par courriel. Elle rappelle également que plusieurs organisations comme le CQTS, Smart.ca. jarrete.ca, 1-866-JARRETE et autres peuvent aussi aider les parents qui, bien souvent, sont surpris d’apprendre que leurs enfants vapotent, ou les informer sur les effets néfastes de cette pratique qui sont souvent minimisés. « Les premières expériences, ça peut se vivre dans des partys, mais peut aussi arriver à l’école », concluent Mme Sévigny et M. Lessard.

Rappelons que le comité qui travaille à l’implantation du programme Génération sans fumée à l’école des Appalaches est composé du directeur adjoint Maxime Lessard, de Daphnée Sévigny, intervenante en toxicomanie, d’Isabelle Audet, technicienne en réadaptation, ainsi que d’Annick Vallières et de la policière Marie-Claude Rivard.

Le vapotage est une préoccupation grandissante tant dans les écoles de Bellechasse que des Etchemins.

Des inquiétudes dans Bellechasse également

Conseillère en communications au Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud, Isabelle L’Arrivée Lavoie souligne que contrairement au CSS Beauce-Etchemin, le programme Génération sans fumée était peu présent dans les écoles secondaires de Bellechasse pour le moment, mais que celui-ci était en voie d’implantation dans certains établissements de la région.

Mme L’Arrivée-Lavoie mentionne que le programme est déjà implanté à l’école secondaire Saint-Paul et qu’il est en voie d’implantation à l’école secondaire Louis-Jacques-Casault de Montmagny, ainsi qu’à l’école secondaire de Saint-Damien. Il y aurait aussi de l’intérêt du côté de l’école secondaire Saint-Anselme, indique-t-elle dans un récent échange de courriel.

Lors de la conférence de presse virtuelle visant à présenter le programme de lutte aux dépendances qui a été implanté dans les établissements scolaires de niveau secondaire de Bellechasse, Nadine Demers, qui est intervenante à l’école secondaire de Saint-Anselme, n’a pas caché ses inquiétudes vis-à-vis le phénomène du vapotage, ajoutant que le phénomène est très présent dans l’établissement.

« Nous avons plusieurs inquiétudes à ce sujet et il y a beaucoup d’élèves qui vapotent. Avant que le vapotage n’arrive ici, on avait moins de 10 élèves qui fumaient la cigarette, selon nos données. Le phénomène a pris toute la place et les chiffres ont gonflé d’une façon exponentielle. C’est inquiétant », indiquait-elle.

Selon Charlotte Poirier, intervenante en prévention des dépendances, la problématique est similaire à Saint-Charles où le phénomène serait très populaire, notamment auprès des élèves de secondaire 1, déplore-t-elle. « Au début de l’année, ils étaient timides et maintenant, il y en a beaucoup qui sont accrocs à cela. Dernièrement, il semblerait que les niveaux de nicotine ont diminué en raison de la réglementation, alors on espère que cela aura un effet positif sur la réduction du nombre d’utilisateurs, même si on peut s’en procurer sur le marché noir », précise l’intervenante.

Sabrina Ouellet de l’école Dina-Bélanger de Saint-Michel ajoute que le phénomène est également présent au sein de l’établissement privé et que des efforts seront menés afin de réduire l’utilisation des vapoteuses qui, a-t-elle précisé, sont en vogue dans les salles de bain et même les casiers.

Directrice générale d’Action jeunesse Côte-Sud, Marjorie Asselin a invité les intervenants à implanter, dans leurs établissements respectifs, le programme Génération sans fumée qui offre, a-t-elle rappelé, un plan en cinq étapes permettant entre autres de dresser un portrait du niveau de vapotage présent dans chaque école et de mettre en place une stratégie ainsi qu’un plan d’action.

Mme Asselin a ajouté qu’il était important pour les intervenants et partenaires impliqués dans la lutte au tabagisme et au vapotage de se parler et d’échanger des trucs, puis d’élaborer un plan d’action ou bonifier celui déjà en fonction, d’autant plus que l’on assiste actuellement, selon elle, à un transfert de la cigarette vers la vapoteuse chez les jeunes.

Agente de promotion des saines habitudes de vie à la MRC de Bellechasse, Maude Perron-Descaux souligne qu’au niveau du vapotage chez les jeunes, le centre d’abandon du tabac peut aussi accompagner les jeunes, au besoin.

Si on assiste à une recrudescence du phénomène du vapotage chez les jeunes, les intervenants se sont aussi dits inquiets d’un éventuel retour des jeunes vapoteurs vers la cigarette, dans le futur.