École Petite-Abeille: le projet d’acquisition mis sur pause

SAINT-CYPRIEN. Le projet d’acquisition de l’école Petite-Abeille par la municipalité de Saint-Cyprien, ainsi que sa transformation en centre multifonctionnel, est mis sur la glace, du moins pour le moment.

Le directeur général du Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin, Fabien Giguère, confirme qu’il avait reçu une résolution du conseil municipal informant le CSSBE de sa volonté de ne pas l’acheter, du moins pour le moment.

« La municipalité nous avait fait part de sa volonté d’en prendre possession et avait adopté une résolution en ce sens il y a deux ans. On a entrepris les démarches avec le ministère, car nous étions prêts à la céder pour un dollar. Tout semblait bien se dérouler jusqu’à récemment, alors que nous avons reçu une nouvelle résolution de la municipalité nous signifiant que le conseil n’était plus intéressé et avait donc décidé de ne pas poursuivre ses démarches en ce sens », a indiqué le dirigeant scolaire lors d’un récent entretien avec le journal.

M. Giguère rappelle que le CSSBE voulait se départir de l’école, fermée depuis juin 2021, car il n’en avait plus besoin. Comme elle appartient officiellement au ministère de l’Éducation, il fallait obtenir son autorisation avant de s’en départir, ce qui avait été fait. Le seul accroc qui empêche sa vente ou sa cessation, du moins pour le moment, est une clause empêchant la tenue d’activités autres qu’académiques dans les murs du bâtiment.

Si le terrain sur lequel est située l’école appartient au CSSBE, contrairement à la rumeur voulant qu’il appartienne à la Fabrique locale ou à la paroisse Sainte-Katéri, cette dernière ainsi que le Diocèse de Québec ont leur mot à dire dans la levée de cette clause, nous apprenaient M. Giguère et le maire de Saint-Cyprien, Réjean Bédard.

M. Giguère rappelle que le cas de Saint-Cyprien n’est pas unique au Québec puisqu’en bien des endroits, les écoles primaires (surtout) ont été construites sur des terres appartenant aux fabriques qui acceptaient de les céder aux commissions scolaires avec une clause écrite disant qu’en cas de vente dans le futur, les futurs bâtiments devaient conserver leur volet éducatif.

« Lorsqu’on en a parlé au ministère, on s’est aperçu que cette clause était présente à Saint-Cyprien et nous avons demandé au Diocèse et au ministère de l’enlever », poursuit-il en ajoutant que si cela s’est fait sans problèmes par le passé ailleurs au Québec, il y a des endroits où c’est plus long ou difficile, comme à Saint-Cyprien.

« Je ne sais pas ce qui s’est passé entre la fabrique locale et la municipalité, cela ne m’appartient pas. Est-ce que la fabrique demande une compensation financière, je ne sais pas. Est-ce que le ministère nous donnera le mandat de vendre la bâtisse à quelqu’un ou ira-t-il lui-même au Diocèse pour faire enlever cette clause ? Ce n’est pas de mon ressort », a-t-il précisé en ajoutant que l’actuelle utilisation des locaux de l’école Petite-Abeille, qui accueille des groupes de francisation, n’est pas incompatible avec les projets de la municipalité de Saint-Cyprien.

« Même si on l’avait cédée à la municipalité, on leur avait demandé de nous réserver certains locaux pour une période de deux à trois ans. S’ils changent d’idée et décident de la reprendre, nous sommes ouverts aux discussions. »

Réactions du maire

Invité à commenter la situation, le maire Réjean Bédard confirme que le terrain appartient au CSSBE, celui-ci ayant d’abord été cédé par un citoyen de la localité à la Fabrique qui l’avait ensuite remis à la commission scolaire de l’époque.

« On a dit à la commission scolaire de régler ce dossier et qu’après on s’assoirait avec eux. On ne dit pas qu’on ne la veut pas, on veut juste qu’il n’y ait plus de problèmes de cet ordre quand on la prendra à notre charge. Ce n’est pas une question de prix », indique le maire qui ajoute que la municipalité de Saint-Cyprien avait retourné à la MRC des Etchemins une subvention d’un peu plus de 12 900 $, accordée dans le cadre du plan de relance, pour son projet de transformation de l’école en centre multifonctionnel.

Monnayer la clause ?

Le maire Bédard dit avoir le sentiment que la fabrique locale (Chœur de Saint-Cyprien) cherchait à moyenner la levée de la clause qui bloque la vente de l’école à la Municipalité. « C’est du moins le sentiment que l’on a », indique-t-il en mentionnant que lors d’une rencontre tenue avant la période des Fêtes, un représentant du Chœur de Saint-Cyprien avait demandé une somme de 5 000 $ par année pendant cinq ans à la municipalité pour l’entretien de l’église, ce qui aurait été refusé par le conseil.

« On a refusé, car l’église n’est pas un bien municipal et il y a déjà la CVA qui est en place. Les gens donnent comme ils le veulent et je me verrais mal de prendre les taxes de la personne qui n’a pas voulu donner à la CVA pour transférer cet argent à la Fabrique par la suite. C’est une question de principe », indique le maire en ajoutant que la municipalité donne déjà la fabrique locale et que dans ce cas-ci comme pour d’autres organismes, les contributions du même ordre et ne doivent pas dépasser un certain seuil.

Le Chœur de Saint-Cyprien réplique

Invité à commenter la situation, le président du Chœur de Saint-Cyprien, Ghislain Bernard, confirme l’existence d’un document notarié voulant que si le CSSBE devait se départir de l’école primaire, le terrain reviendrait normalement à la paroisse religieuse.

« Comme notre municipalité ne nous aide pas beaucoup pour notre église, on leur a proposé d’acheter le terrain qui est évalué à 18 000 $, selon une évaluation du Diocèse. Si tel était le cas, on va leur donner une main levée sur le terrain sans problème et de façon automatique », a-t-il indiqué en déplorant la décision de la municipalité de ne pas acheter le terrain, remettant le dossier dans les mains du CSSBE qui aurait lui aussi refusé la proposition.

« Comme ils ne voulaient pas acheter le terrain, on leur a suggéré de nous remettre 5 000 $ par année pendant cinq ans, afin de nous aider, tout en les invitant à nous déposer une contre-proposition, mais on n’a eu aucun suivi depuis ce temps. Nous sommes ouverts à la discussion et s’ils avaient offert un montant moindre, ne serait-ce que 2 000 $ par année pendant 5 ans, on l’aurait certainement accepté », poursuit-il en ajoutant que l’organisme qu’il préside cherchait seulement un soutien financier permettant d’assumer une partie de ses frais fixes.