École secondaire Saint-Charles: une classe pas comme les autres
ÉDUCATION. Une classe CFA (classe de formation à l’autonomie) de l’école secondaire de Saint-Charles, qui est composée d’élèves de 13 à 21 ans ayant au moins une déficience intellectuelle, reçoit de plus en plus d’appuis dans ses initiatives.
Cette année, ce sont huit jeunes, comparativement à 14 il y a deux ans, qui occupent le local de l’école qui leur est dédié. « C’est très variable. Cette année, nous en avons huit qui, pour plusieurs, doivent composer avec au moins une autre particularité, soit TSA, trisomie, problématique de santé mentale ou tout autre syndrome, ce qui les amène à avoir des besoins particuliers. En ayant un plus petit nombre d’élèves cette année, ça nous permet de démarrer des projets particuliers et de travailler en sous-groupes », explique Mélanie Grégoire, l’une des enseignantes de la classe.
Cette dernière, en compagnie de ses collègues, cherche constamment à trouver des stratégies pour développer l’autonomie des jeunes adultes ayant de grands besoins particuliers. Il y a quatre ans, la classe avait reçu une première aide de la Fondation Tanguay pour du mobilier et l’aménagement d’une première salle autonome. Il y a trois ans, une deuxième demande avait été acceptée par la Fondation pour rénover le local de la cuisine et acquérir des électroménagers.
« Nous avions alors pu avoir accès à six plaques de cuisson, quatre fours encastrés, des hottes de cheminée et quelques rénovations. La Fondation Desjardins avait aussi aidé, tout comme le Centre de services scolaire pour remettre la plomberie, l’électricité et la ventilation à jour », explique Mme Grégoire.
Cette année, la demande visait particulièrement l’acquisition d’un frigo et de laveuses et sécheuses pour permettre à ces élèves de développer davantage d’autonomie. Ce sont ainsi près de 25 000 $ en dons qui ont été versés par la Fondation Tanguay depuis quatre ans, uniquement pour cette classe, une fierté pour l’enseignante. « Ils peuvent apprendre ce genre de choses à l’école pour ensuite amener cette compétence à la maison et dans leur vie adulte. Notre but est de peut-être leur permettre, un jour, d’être en appartement supervisé, de préparer des repas simples, faire leur ménage, le lavage et ensuite d’être de bons citoyens. »
Se comporter en société
Pour Mme Grégoire, cet aspect peut devenir tellement large qu’elle et son équipe ne laissent rien au hasard. « On fait beaucoup de sorties avec la classe pour leur permettre de développer des comportements acceptables en société. Comment on se comporte dans un transport collectif, un transport scolaire, au restaurant, à un spectacle. On veut les rendre autonomes dans toutes les sphères de la vie au quotidien. »
Elle ajoute que la variété de sorties possibles peut être grande, car ce ne sont pas tous les enfants qui sortent avec leur milieu familial. Plusieurs activités se font également en commun avec le reste de l’école secondaire. « La journée d’intégration, nous étions là, tout comme lors du cross-country. Ils sont vraiment intégrés dans l’école, que ce soit lors des activités de l’Halloween ou de Noël. On veut créer un momentum chez nos jeunes et monter ce qu’ils peuvent créer. On pense qu’on réussit à les revaloriser également. Nos jeunes aiment venir à l’école et sont à l’aise d’y circuler et d’entrer en contact avec les autres. Nos jeunes dînent avec les autres un midi par semaine, ils sont visibles dans l’école et côtoient les autres élèves. »
Il arrive même que ses élèves contribuent aux activités organisées par l’ensemble de l’école. « L’an dernier, nous avons cuisiné des galettes pour celles et ceux qui sont venus visiter l’école. Ça fait partie de la valorisation qu’ils peuvent recevoir et de l’intégration qu’on souhaite qu’ils vivent. »
Des entreprises ont d’ailleurs déjà commencé à confier des mandats aux élèves pour différentes tâches simples à réaliser, indique Mélanie Grégoire. « Il y a Délices Quotidiens à Saint-Anselme qui nous fait ensacher leurs ustensiles et plier leurs serviettes. On fait aussi certaines petites tâches culinaires pour l’entreprise L’envers du pot, qui est la propriété de la maman d’une ancienne élève. Ce sont des petites tâches en sous-traitance qui mèneront peut-être à des intégrations dans ces milieux pour y travailler. »
Le principe de l’autodétermination est très présent dans l’école. La façon de l’amener a toutefois changé depuis quelques années. « Avant, nous étions au-devant de l’élève tandis que maintenant, on laisse l’élève aller en espérant qu’il prenne des initiatives et apprenne à faire des choix. On essaie de moins les materner pour qu’ils accèdent au marché du travail plus rapidement et soient davantage autonomes, moins dépendants de l’adulte. »
La classe se prépare d’ailleurs pour son traditionnel marathon « Ensemble pour la différence » organisé à l’école annuellement. Celui-ci aura lieu au printemps 2024.